La communauté internationale désapprouve la décision de Washington sur le statut d’Al-Qods
La communauté internationale, à l’exception d’Israël, a sévèrement critiqué la décision annoncée mercredi par Washington de reconnaître « officiellement » Al-Qods comme capitale d’Israël et d’y transférer son ambassade.
Réagissant à cette décision, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé que « les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies ».
Le président américain Donald Trump a reconnu officiellement, mercredi, Al-Qods comme capitale d’Israel et déclaré vouloir y déplacer l’ambassade de son pays se trouvant actuellement à Tel Aviv.
Pour le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a déclaré dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza qu »on ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les Etats-Unis qu’en lançant une nouvelle intifada ».
Le projet de Trump ouvre « les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région », a pour sa part estimé Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas qui s’exprimait devant des journalistes dans la bande de Gaza, appelant les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les Etats-Unis et à expulser les ambassadeurs américains.
Exprimant « de profonds regrets » quant à la décision de Washington, l’Arabie Saoudite a également « mis en garde » dans un communiqué du Palais royal cité par les médias « contre les graves conséquences que peut avoir cette décision injustifiée et irresponsable ».
Selon le communiqué, Ryad espère « voir l’administration américaine revenir sur cette décision » qui « va à l’encontre des droits historiques des Palestiniens à Al Qods (…) et va compliquer le conflit entre Israël et les Palestinien ».
Pour l’Arabie Saoudite, il s’agit « d’un recul dans les efforts en faveur du processus de paix et d’une violation de la position américaine historiquement neutre sur Al-Qods ».
Quant au secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, il a souligné que Trump avait « détruit » la solution dite à deux Etats et a aussi « disqualifié les Etats-Unis de tout rôle dans un quelconque processus de paix ».
Rejoignant cette vague de dénonciation, la Tunisie a fait savoir via un communiqué de son ministère des Affaires étrangère que « le statut historique et réglementaire d’Al-Qods est menacé d’autant plus que cela contredit les résolutions des Nations Unies ainsi que les accords entre Palestiniens et Israéliens en la matière », notant que « cette décision risque de faire échouer le processus de paix et tous les efforts déployés pour reprendre le dialogue ».
L’Iran a également condamné, par voix de son ministère des Affaires étrangères, ce projet le qualifiant de « provocation » et de « décision insensée de la part des Etats-Unis (…) qui va provoquer une nouvelle Intifada et pousser à des comportements plus radicaux et à davantage de colère et de violence ».
La décision de Trump est une « violation claire des résolutions internationales », a fait savoir le ministère iranien dans un communiqué, insistant qu’Al-Qods était « une partie intégrante de la Palestine ».
Pour la Turquie, une telle décision met le monde, et spécialement la région, dans un cercle de feu ». « Ô Trump, que fais-tu ? Quelle est cette approche ? Les responsables politiques doivent œuvrer pour la réconciliation et non pas pour le chaos », a dit dans ce sens le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« La décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et le transfert de l’ambassade des Etats-Unis vers cette ville, constitue une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies », a déclaré le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammed Moumenié.
La présidence syrienne a, quant à elle, exprimé via sa page officielle Facebook que « l’avenir d’Al-Qods n’est pas déterminé par un Etat ou un président mais par son histoire, sa volonté et la détermination de ceux qui sont loyaux à la cause palestinienne ».
e son côté, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a affirmé que le statut d’Al-Qods ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, rappelant avoir toujours été « contre toute mesure unilatérale ».
« Il n’y a pas d’alternative à la solution de deux Etats » avec « Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine », a-t-il ajouté.
« L’Union européenne exprime sa sérieuse préoccupation à propos de l’annonce aujourd’hui du président des Etats-Unis Trump sur Jérusalem et les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix », a affirmé mercredi la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans un communiqué.
« C’est une décision unilatérale, comme je l’ai dit hier, je ne partage pas cette décision et je la désapprouve, car elle contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil sécurité des Nations unies », a déclaré le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Doha, ajoutant que « la France réitérera sa position au Conseil de sécurité », qui se réunit en urgence vendredi.
Paris défend « une solution à deux Etats, avec des frontières internationalement reconnues et ayant chacun Jérusalem pour capitale », solution qui doit être trouvée par une « négociation entre Israéliens et Palestiniens« , a-t-il rappelé.
Partageant la même position, la chancelière Angela Merkel, citée dans un tweet de son porte-parole Steffen Seibert, a déclaré que le gouvernement allemand « ne soutient pas cette position, car le statut de Jérusalem ne peut être négocié que dans le cadre d’une solution de deux Etats ».
La Première ministre britannique Theresa May a pour sa part affirmé dans un communiqué que le Royaume-Uni n’est « pas d’accord avec la décision américaine de transférer son ambassade à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem comme la capitale israélienne avant un accord final sur son statut » et que cette décision n’était « d’aucune aide » pour les perspectives de paix dans la région.
Le Canada, pourtant un allié traditionnel de Washington, a affirmé via son ministère des Affaires étrangères que « la question du statut de Jérusalem ne peut être résolue que dans le cadre d’un règlement général du conflit israélo-palestinien ».
Pour sa part, la Russie s’est dite « très inquiète » après la décision de Trump de reconnaître Al-Qods comme capitale d’Israël, appelant les parties prenantes au conflit israélo-palestinien à la « retenue » et au dialogue.
Craignant des conséquences funestes pour la région dans son ensemble, « Moscou est très inquiet de la décision qui a été annoncée à Washington« , a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Je suis extrêmement inquiète que la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël puisse contribuer à une instabilité accrue dans la région et à pousser les parties à quitter la table de négociations », a déclaré la ministre norvégienne des Affaires étrangères Ine Eriksen Søreide, dont le pays avait été l’hôte des négociations ayant débouché sur les accords d’Oslo.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a estimé que le statut d’Al-Qods est une question « compliquée et sensible » qui doit être résolue « par le dialogue », rappelant que la Chine « soutient fermement le processus de paix au Proche-Orient » ainsi que les résolutions des Nations unies s’y rapportant, « y compris le statut d’Al-Qods » et « un Etat indépendant de Palestine basé sur les frontières de 1967, ayant Jérusalem-Est pour capitale et jouissant de la pleine souveraineté ».
En Afrique, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a fait savoir dans un communiqué qu’il « regrette cette décision qui ne fera qu’accroître les tensions dans la région et au-delà et compliquer davantage la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien ».