« Communauté pan-atlantique » pour asseoir un multilatéralisme atlantique
Le panel, modéré par Paul Isbell, Professeur à l’Université Polytechnique Mohammed VI, discute de l’essence même des Dialogues Atlantiques, qui est de plonger dans les récits autour du Bassin Atlantique et d’explorer une dimension Nord-Sud dans le cadrage géopolitique de cette région.
Daniel Hamilton, Senior Fellow, School of Advanced International Studies, Johns Hopkins University, USA, nous rappelle la présence prépondérante du bassin atlantique en tant qu’espace géographique et géopolitique. Pour cet expert, « L’Atlantique est l’océan le plus fréquenté en termes de transport et de commerce (…) la région joue un rôle unique sur la planète car il est en train de devenir l’un des principaux réservoirs d’énergie du monde. » Omar Hilale, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, considérera pour sa part que « L’Atlantique est un espace maritime plein de défis et de contradictions. C’est un espace qui réunit 40 % des États membres des Nations unies qui représentent 1 milliard de la population mondiale et 43 % du PIB mondial ». L’Atlantique, poursuivra-t-il, réunit les États les plus riches et les plus pauvres, les États les plus stables et démocratiques, comme les États ayant des problèmes d’insécurité », « c’est un espace en construction », résumera-t-il. L’ambassadeur Hilale rappelle que « les efforts internationaux restent fragmentés, et les intérêts des pays ne convergent pas toujours. Nous devons trouver une convergence pour que cet espace ne devienne pas un espace de compétition. C’est un espace de synergie qu’il faut protéger. Il y a donc des dynamiques Nord-Sud mais aussi des dynamiques Est-Ouest. Il faut trouver des zones de convergence pour favoriser une véritable coopération multilatérale : énergie, développement durable, changement climatique, migration… »
Bien que le bassin Atlantique rassemble plusieurs pays, avec des caractéristiques différentes – parfois contradictoires – la plupart de ses pays sont confrontés aux mêmes problèmes. C’est pourquoi il est indispensable de renforcer la coopération dans la région. Pour Licínia Simão, coordinatrice générale du Centre atlantique « il est extrêmement important de construire de nouvelles connaissances précises et produites à travers l’Atlantique par des esprits partagés en différents points du bassin. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons construire une communauté de destin », insistera-t-elle.
Dans un autre ordre d’idées, Daniel Hamilton a mis l’accent sur les domaines spécifiques qui doivent être explorés, notamment en ce qui concerne la transition énergétique. De son point de vue, « L’Atlantique est également un centre d’innovation énergétique : c’est là que la transition énergétique sera innovée. Nous devons travailler à une alliance sur les énergies renouvelables dans l’Atlantique. »
Pour conclure, les trois panélistes ont souligné la nécessité de construire une communauté atlantique forte « un processus qui doit être mené par les voix de l’Atlantique Sud », selon Daniel Hamilton. De l’avis du représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, « l’une des questions qui pourrait aider à trouver des complémentarités serait de s’asseoir à la table pour discuter des moyens de travailler ensemble. L’intérêt des populations devrait être prioritaire car l’être humain devrait être au cœur de ces initiatives. Nous devons aller au-delà des initiatives sécuritaires, politiques et conjoncturelles », conclut l’ambassadeur Omar Hilale.