Compétitivité : la France vise à regagner le marché du blé au Maroc
Dans le cadre du commerce mondial du blé, l’Afrique du Nord occupe une position majeure. La région est le principal consommateur de blé sur le continent, représentant 15 % des importations mondiales. Dans ce cadre et pour engranger davantage son marché dans la région, la France prévoit d’expédier 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers le Maroc et l’Algérie d’ici 2023/2024. Pendant ce temps le temps tente de protéger l’approvisionnement du marché local dans un contexte géopolitique perturbé.
Selon Alexandre Marie, chef analyste pour Agritel (Argus Media France), lors d’une conférence qui s’est tenue à Paris le 24 août dernier, la France prévoit d’expédier 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers le Maroc et l’Algérie d’ici 2023/2024, a rapporté l’agence Ecofin. Cette exportation vers le Maroc est particulièrement importante, car il représente l’un des marchés traditionnels les plus significatifs pour la France.
Dans ce contexte, le Maroc a récemment apporté des modifications à son système de restitution à l’exportation de blé, incitant ainsi les acteurs locaux à s’approvisionner auprès des pays de la région de la mer Noire. Cette décision a créé un défi supplémentaire pour les exportateurs français de blé.
M. Marie explique que pendant quelques mois, le blé français a perdu en compétitivité sur les marchés internationaux, notamment face à la Russie, avec des différences de prix pouvant atteindre 40 $/tonne en faveur de l’origine russe. Cependant, récemment, la situation a commencé à évoluer. Les prix français ont connu une amélioration, tandis que les prix russes ont augmenté en raison de retards de récolte, de tensions logistiques internes et d’une prime d’assurance de fret liée à l’insécurité maritime.
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Pour la France, il s’agit de regagner une position sur le marché marocain, alors qu’elle doit faire face à un excédent exportable important d’environ 17 millions de tonnes de blé, dans un contexte de baisse de la consommation intérieure et de ralentissement des ventes sur certains marchés européens.
Le gouvernement tente de protéger l’approvisionnement local
Selon les déclarations du ministre de l’Agriculture, de la pêche, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, la récolte agricole de 2022 a connu une production de plus de 850 000 quintaux de blé tendre. Dans le même temps, entre juin et la mi-août 2022, le Maroc a importé environ 22 millions de quintaux de céréales, dont 66% étaient du blé tendre. Le ministre a souligné que le gouvernement a pris des mesures pour sécuriser l’approvisionnement en céréales sur les marchés mondiaux.
Afin d’assurer la disponibilité des céréales sur le marché national, le Maroc a mis en place diverses mesures. Tout d’abord, il a constitué un stock de blé tendre couvrant les besoins des moulins industriels et un stock de blé dur suffisant pour répondre aux besoins nationaux pendant plus de deux mois, jusqu’à la fin de juin 2022. De plus, grâce à un système de subventions forfaitaires, le Maroc a pu importer plus de 48 millions de quintaux de blé tendre jusqu’en août 2022, dépassant ainsi les besoins mensuels des moulins industriels.
Le gouvernement a également pris des mesures volontaristes pour garantir la fluidité de l’approvisionnement du marché national. Parmi ces mesures, on compte la suppression des droits de douane sur les importations de céréales et légumineuses, l’adoption d’un mécanisme de régulation avec des subventions forfaitaires sur le blé tendre importé pour maintenir la stabilité du prix du pain à 1,20 dirhams, et un renforcement du stock national de blé tendre et de blé dur avec la prise en charge de la prime de stockage par l’État.
Afin de diversifier les sources d’approvisionnement, le Maroc a sécurisé les importations de céréales en provenance de neuf pays, notamment la France, l’Argentine et le Brésil. De plus, le gouvernement a pris des mesures supplémentaires pour garantir les besoins en orge et en aliments composés afin de protéger le cheptel national.