Compléments alimentaires : les officines alertent sur un projet de loi problématique
Bien que le ministère de la Santé ait soumis une première version du projet de loi sur les compléments alimentaires aux pharmaciens d’officine en novembre 2022 pour révision et suggestions, la législation actuelle est toujours en suspens. Les officines considèrent ce projet comme incomplet, car il se focalise exclusivement sur l’aspect production. Elles demandent donc une réglementation plus rigoureuse du réseau de distribution, jugé trop désorganisé.
Une ébauche élaborée par le ministère de la Santé et de la Protection sociale avait été proposée aux officines en novembre 2022 pour examen et amendements potentiels. Cependant, à ce jour, le projet de loi sur les compléments alimentaires est en stand-by.
Le projet semble être bloqué. Les pharmaciens le jugent incomplet, car il ne concerne que la fabrication. Ils appellent à une régulation du circuit de distribution, qui reste chaotique.
La consommation de ces produits a significativement augmenté, notamment pendant la pandémie de Covid-19, où l’usage de vitamine C et de zinc a doublé.
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Les officines signalent également une augmentation des ventes de compléments alimentaires via des canaux non régulés, tels qu’Internet, les réseaux sociaux, les commerces spécialisés et les grandes surfaces.
Des spécialistes soulignent que la consommation incontrôlée de compléments alimentaires peut perturber le métabolisme et causer des insuffisances rénales ou hépatiques, mettant en danger la vie des utilisateurs.
Les pharmaciens insistent sur la nécessité d’une meilleure sensibilisation des consommateurs aux risques et effets secondaires. Ils mettent en garde contre l’intervention de nombreux acteurs sur ce marché, qui représenterait plus de 30% du chiffre d’affaires des officines, estimé à 800 millions de dirhams.
Ils mentionnent une trentaine d’importateurs se disputant ce marché non régulé, avec la moitié des ventes réalisées par les pharmacies, tandis que la vente directe, le secteur informel, les magasins spécialisés et les grandes surfaces se partagent l’autre moitié.
Les pharmaciens demandent un monopole des pharmacies pour assurer une meilleure traçabilité et accessibilité des compléments alimentaires, et pour informer les consommateurs sur les risques potentiels.
En outre, ils soulignent que ces produits restent hors de portée pour certains, car ils ne sont pas remboursés par les caisses de prévoyance sociale. Malgré une régulation des prix par la concurrence, des mesures devraient être envisagées pour rendre ces produits plus accessibles.
Face à l’augmentation des prix et à la prolifération de produits non contrôlés via des circuits de distribution parallèles, les professionnels appellent à une révision urgente de ce projet de loi incomplet, tout en impliquant davantage les officines.