Composantes d’une feuille de route pour la mise en œuvre de l’Initiative Royale Atlantique
Par Mohammed Belmahi (*)
Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, a constamment plaidé pour un développement gagnant-gagnant et à visage humain de l’Afrique, axé sur la mobilisation collective des pays africains pour réussir le pari de l’unité et pour asseoir le leadership de ce continent sur le plan international.
Le Maroc a en effet la ferme volonté d’accompagner positivement le processus de convergence économique, sociale et institutionnelle de ses partenaires africains. La politique africaine du Royaume est fondée sur le renforcement de partenariats mutuellement profitables avec les pays africains ainsi que sur son implication assidue en faveur des grandes causes du continent.
C’est dans cet état d’esprit que le Souverain a annoncé l’Initiative Royale Atlantique dans Son Discours du 6 novembre 2023, fait à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte. Cette Initiative vise à favoriser l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique et à consolider la sécurité, la stabilité et la prospérité partagée au niveau des 23 États Africains Atlantiques qui abritaient en 2023 plus de 46% de la population du continent et 55% de son PIB.
Le Souverain a souligné dans Son Discours que « Si, par sa façade méditerranéenne le Maroc est solidement arrimé à l’Europe, son versant Atlantique lui ouvre, quant à lui, un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain”.
L’intérêt du Maroc pour les deux versants américain et africain du bassin Atlantique a toujours été une constante dans l’Histoire diplomatique de l’Empire Chérifien.
Concernant le versant des Amériques, les Sultans Alaouites ont été les premiers au monde à reconnaître, en 1777 et 1822, les indépendances respectives à la fois des États Unis et du Royaume du Brésil. Ils ont aussi lancé l’initiative du commerce atlantique notamment en fondant en 1764 la ville portuaire de Mogador (Essaouira), ce qui constitue un parallèle historique à l’Initiative Royale Atlantique du 6 novembre 2023, visant à faire du futur port de Dakhla un hub océanique.
Bien auparavant, du temps de la dynastie Saadienne, il y a eu l’offre faite en 1600 par le Sultan Ahmed Al Mansour à la Reine Elizabeth I, de rassembler dans le cadre d’une alliance stratégique les forces militaires et maritimes du Maroc et de l’Angleterre dans le but de déloger une fois pour toute des Amériques leur ennemi commun qui était alors l’Espagne. Avec l’espoir, du côté Saadien, d’en faire par la suite de nouvelles possessions marocaines. Cette initiative n’a jamais eu lieu car ces deux souverains sont morts durant la même année 1603.
Quant au versant africain du bassin Atlantique Sud, le Maroc s’est toujours historiquement tourné vers l’Afrique de l’Ouest. Les rapports sociaux, les flux commerciaux, les liens dogmatiques et spirituels sont autant de marqueurs civilisationnels de l’ancestralité des relations du Royaume avec sa profondeur africaine.
Les racines de la dynastie Almoravide se situent en effet sur les rives du fleuve Sénégal, dès l’an 1040, et l’Empire Songhai du Mali fut conquis par les Saadiens en 1591.
Les Orientations Royales qui ressortent du Discours du 6 novembre 2023 sont les suivantes :
- Faire du Sahara marocain la porte du Maroc vers l’Afrique Atlantique. Aussi, les Provinces du Sud sont-elles appelées à innover en matière de conception et de mise en œuvre de projets de développement locaux et ce, en consolidant les différents atouts dont elles bénéficient.
- Accélérer les travaux d’édification, au niveau des Provinces du Sud, des infrastructures indispensables à leur développement économique et à leur connexion avec les différentes composantes du littoral atlantique.
- Réfléchir à la constitution d’une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive.
- Poursuivre l’établissement d’une économie maritime pour consolider le développement de toute la région et en faire bénéficier les populations locales.
- Adopter une stratégie dédiée au tourisme atlantique, dont la vocation serait de mettre en valeur les nombreuses potentialités de la région et, ainsi, de la consacrer comme une véritable destination pour la pratique du tourisme balnéaire et saharien.
Comment concrétiser ces Orientations de l’Initiative Royale Atlantique dans un contexte marqué par un Ordre mondial en gestation et une région du Sahel qui connait des mutations de pouvoirs sans prédédents ? Quels seraient alors les mécanismes à mettre en place et les leviers à activer qui favoriseraint les changements attendus?
Afin de pouvoir répondre à ces questions, il s’agira de confectionner et d’adopter une feuille de route permettant une mise en œuvre raisonnée de cette importante Initiative Royale Atlantique qui s’avère être un accélérateur de l’Histoire du Maroc, à même de consolider durablement les repositionnements géopolitiques et géoéconomiques du Royaume en tant que puissance régionale agissante.
Les principaux points focaux sur lesquels se concentrerait la feuille de route afférente à la mise en œuvre de l’Initiative Royale Atlantique seraient les suivants:
Le premier point serait de tenter de tirer avantage des expériences et recommandations cumulées à travers les conférences internationales des Dialogues Atlantiques qui se sont tenues au Maroc, de 2011 à 2023, organisées par le think tank de la Fondation OCP. En effet, le centre d’attention principal de ces Dialogues Atlantiques est le bassin de l’Atlantique Sud. Ces conférences ont rassemblé annuellement 350 à 400 participants de plus de 50 pays, issus des mondes des affaires, des centres de décisisons politiques et des institutions académiques et de recherches.
Dans ce même contexte des Dialogues Atlantiques, la Fondation OCP avait mené, en liaison avec un think tank américain basé à Washington (le German Marshall Fund of the United States), une étude pionnière finalisée en 2012 et dont l’objectif principal était d’explorer les potentialités d’une nouvelle géopolitique du Maroc visant le bassin Atlantique Sud. Il ressort de cette étude une série de propositions et de recommandations qui demeurent encore valides en 2024.
Le second point serait de s’atteler à apporter des réponses convainquantes aux préoccupations stratégiques suivantes:
- Mettre en exergue le contexte international et régional dans lequel s’inscrit l’Initiative Royale Atlantique.
- Cerner les enjeux en termes d’opportunités à saisir, de menaces à se prémunir et de ruptures à anticiper, afférents à l’Initiative Royale Atlantique, sur les plans géopolitique, sécuritaire, économique, social, environnemental et culturel.
- Comprendre les fondements et l’importance de cette Initiative ainsi que ses retombées pour le Maroc, pour les États africains Atlantiques et pour les pays du Sahel.
- Mettre en relief l’impact de cette Initiative sur le positionnement international du Maroc et sur ses intérêts stratégiques dont figure en premier lieu la question de la marocanité du Sahara.
- Explorer les conditions de concrétisation, les clés de réussite de cette Initiative et prendre les mesures d’accompagnements y afférentes.
Le troisième point serait l’édification d’infrastructures, en particulier dans les domaines maritimes, ferroviaires, routiers et aériens, là où les obstacles politiques régionaux sont minimes. Les projets existants, tels que le port de transbordement intercontinental Tanger Med et celui en cours d’édification à Dakhla mettent déjà en évidence la capacité du Maroc à servir de plaque tournante pour la région et l’Atlantique au sens large. Idéalement, les investissements nationaux dans les infrastructures routières et ferroviaires peuvent également contribuer à terme à une intégration régionale plus large au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Pour ce faire, le Maroc gagnerait à devenir un membre associé ou à part entière de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest- CEDEAO.
La réalisation de la liaison fixe au Détroit de Gibraltar devrait être un objectif clé qui parachèverait l’image du Maroc comme une porte incontournable de l’Afrique vers l’Europe et vice versa.
Pour la conception d’infrastructures maritimes, l’organisation basée à Bruxelles et fondée en 1885, dénommée Association Internationale Permanente des Congrès de Navigation-AIPCN (World Association for Waterborne Transport Infrastructure), mérite à ce qu’elle soit consultée. Elle est en effet une association mondiale qui rassemble des experts internationaux des infrastructures de transport maritime. Elle promeut le développement durable des infrastructures maritimes et fluviales. (À titre d’information, cette organisation a tenu son 35ème congrès annuel à Cape Town en Afrique du Sud, le 29 avril 2024).
Il est par ailleurs important de tirer un profit maximum de l’usage de l’Intelligence Artificielle dans la gestion raisonnée des infrastructures en question, de la logistique à mettre en place et de l’optimisation des flux commerciaux y afférents.
Il s’agirait aussi de choisir méticuleusement les partenaires étatiques de par le monde à même de contribuer hautement au financement, à la réalisation physique de ces infrastructures et aussi à leur gestion et maintenance.
Parmi ces partenaires étatiques le Maroc gagnerait à y associer des pays issus d’abord du continent africain ainsi que d’autres faisant partie du Sud Global, avec lesquels le Royaume a déjà signé des accords solides de coopération comme par exemples les Émirats Arabes Unis, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil.
Le quatrième point est la constitution d’une marine marchande efficiente, si possible en partenariats avec des sociétés de renom, spécialisées dans le transport maritime international. Cette orientation est stratégiquement primordiale pour faire accéder durablement le Maroc au sein du cercle des puissances régionales émergentes. Le corollaire de cette orientation est de renforcer également les capacités de la Marine Royale afin qu’elle puisse protéger et sécuriser efficacement les voies maritimes concernées notamment atlantiques.
Il s’agirait aussi de recourir à des consultations d’experts en termes de droit maritime international afin de tenir compte des écueils et spécificités juridiques afférentes à la navigation dans le bassin Sud Atlantique.
Le cinquième point devrait être l’énergie dont la réalisation effective du pipeline gazier Nigeria-Maroc. Les tendances en matière de commerce et d’investissement dans les domaines de l’énergie, de la production de gaz offshore et de gaz de schistes, confrontées aux politiques visant la préservation de l’environnement peuvent ou non contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle énergétique propre au bassin Atlantique Sud, qui devrait en conséquence impacter positivement à la fois le développement du Maroc et la sécurité énergétique au niveau global.
Des opportunités multiples se présenteraient en effet au Maroc dans le cadre de sa participation active au processus d’édification de ce modèle énergétique spécifique. Cela contribuerait à renforcer davantage la vocation Atlantique du Royaume et ce, d’autant plus que le savoir-faire technologique acquis par le Maroc à travers ses investissements massifs dans la production des énergies renouvelables (solaire, éolienne et à base d’hydrogène vert), ouvrirait largement le champ à des initiatives prometteuses de coopération régionale en la matière (notamment au Sahel et en Afrique de l’Ouest).
Le sixième point est d’assurer la sécurité alimentaire des pays partenaires sis autour du bassin Atlantique Sud. Plus de 20% des africains souffrent en effet de malnutrition alors que leur continent dispose de 50% des terres arables de la planète non encore mises en exploitation à cause des manques flagrants d’énergies accessibles aux petits agriculteurs et d’engrais ciblés et bon marché. Ce rôle reviendrait en grande partie au Maroc de par ses immenses réserves naturelles en phosphates estimées à plus de 70% des réserves mondiales de cette matière stratégique. Le Groupe OCP assure déjà une présence forte à la fois sur le continent africain, aux Caraïbes et en Amérique latine dont l’immense Brésil qui contrôle 40% de la production agricole de l’Argentine et occupe la seconde place mondiale en tant qu’exportateur de produits agricoles. Le Brésil peut également jouer avec notre pays un rôle clé auprès des pays lusophones d’Afrique et aussi au sein des BRICS dont il fait partie.
Le septième point viserait le volet sécuritaire. Le Maroc gagnerait à coopérer activement avec ses partenaires sis au Sahel et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest ainsi qu’en Amérique Latine, et ce dans le but de juguler le problème croissant du crime organisé transrégional, visant entre autres les trafics de drogues, d’êtres humains et d’armes par des groupes mafieux et terroristes.
En l’absence d’une stratégie régionale – voire transrégionale – efficace pour contenir les dangers du crime organisé, le Maroc serait alors de plus en plus confronté à la perspective de graves situations d’instabilités politiques et sociales aux portes de son Sahara, en Afrique de l’Ouest et surtout au Sahel. Cela engendrerait la menace de débordements touchant le territoire marocain ainsi que des relations tendues avec les voisins européens de par le fort accroissement attendu des flux de migrants subsahariens.
En tant que pays exposé en première ligue à ces défis et risques sécuritaires et aussi parce que le Maroc est porteur d’une ambitieuse Initiative Royale Atlantique aux enjeux stratégiques importants, notre pays gagnerait à prendre les devants en faisant pression pour l’adoption d’une approche multicontinentale visant à juguler le crime organisé transnational.
Dans le même ordre d’idées, une stratégie régionale réussie pour le Maroc serait influencée par la nature et l’efficacité des relations entre les sociétés civiles, les institutions militaires et les services de sécurité au Sahel et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, et ce à l’aune des derniers coups d’États militaires et de la série de crises à répétition affectant ces mêmes régions dont le vacuum résultant du départ de la France en tant qu’ancienne puissance européenne occupante.
Si l’OTAN venait à entreprendre une reformulation de ses approches sécuritaires visant le sud de la Méditerranée, le Maroc gagnerait à y jouer également directement ou indirectement un rôle actif dans le but de couvrir tout l’évantail des voisinages multiples et les profondeurs africaines du Royaume. La sécurité des personnes, les contrôles aux frontières ainsi que la souveraineté et la sécurité des espaces maritimes et aériens devraient être des priorités en termes de coopération. Ils constitueraient les aspects évidents d’un agenda securitaire compris au sens large dans le cadre de l’Initiative Royale Atlantique.
Le huitième point serait pour le Maroc d’œuvrer diplomatiquement sur le plan multilatéral pour faire doter le bassin Atlantique Sud d’une organisation seu generis, adaptée aux réalités géopolitiques et géoéconomiques le caractérisant spécifiquement.
En effet, contrairement au Nord de l’Atlantique hyper-développé et organisé grâce à une série de traités et d’alliances protégeant les intérêts communs de l’Europe et de l’Amérique du Nord, le bassin de l’Atlantique Sud demeure quant à lui le seul espace océanique au monde complètement dépourvu, à ce jour, de toute forme d’organisation régionale ou multilatérale d’ordres notamment économique, sécuritaire ou de défense. Ce bassin ne manque pourtant pas d’atouts. Il est en effet dénucléarisé, n’a jamais connu de guerres entre ses pays riverains dont la plupart se réclament du Sud Global qui cherche à s’affirmer dans un nouvel Ordre mondial en gestation. Ce même bassin regorge par ailleurs de matières premières sises en Afrique et en Amérique Latine, que le reste du monde leur convoite. Ses diverses populations autochtones ont comme commun dénominateur l’histoire des sévices de l’esclavage et les tourmentes des anciennes colonisations européennes. Aussi, l’Amérique Latine et la région des Caraïbes sont-elles en grande partie dotées de populations d’origine africaine.
Pour ce faire, il s’agirait de conduire un bunchmarking des différents traités, accords et modes organisationnels à caractères juridiques, économiques et sécuritaires, couvrant d’autres espaces maritimes comme par exemple l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une organisation régionale de coopération économique, politique et culturelle, fondée en 1967, regroupant dix États membres et qui a coopté récemment le Maroc comme pays observateur.
Bien qu’elle ne soit pas spécifiquement une organisation maritime, l’ASEAN a lancé des initiatives réussies liées à la mer et à la coopération maritime dans sa propre région. Ces initiatives peuvent inclure des accords sur la sécurité maritime, la gestion des ressources marines et la promotion du commerce maritime au profit de ses États membres.
Une autre entité qui pourrait servir de modèle de référence est l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), un forum de coopération économique comprenant 21 États membres, établi en 1989, visant à promouvoir le commerce et l’investissement dans la région Asie-Pacifique, incluant des initiatives concernant le transport maritime.
L’Organisation Maritime Internationale-OMI, basée à Londres et émanant des Nations Unies, serait aussi à consulter car elle est chargée de réglementer le transport maritime à l’échelle mondiale. Le Maroc y est représenté par l’Ambassade du Royaume du Maroc en Grande Bretagne.
La World Trade Centers Association-WTCA, basée à New York, peut également apporter son savoir-faire et accorder des licenses pour l’instauration d’un réseaux de World Trade Centers dans les villes commerçantes-clés autour du bassin Atlantique Sud. Ces centres de commerce international connecteraient efficacement les PME importatrices et exportatrices de la CEDEAO, de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA) et du MERCOSUR, le Marché commun créé en 1991 entre l’Argentine,le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Vénézuela (pays suspendu en 2016).
Le Maroc gagnerait à être l’initiateur de cette approche car il est déjà présent sur le plan bancaire dans une quarantaine de pays africains. Il est en conséquence primordial que le Royaume donne l’exemple en se dotant aussi de quatre World Trade Centers: au port de Tanger Med, à Casablanca et aux futurs ports de Dakhla et Nador.
Le neuvième point consiste à adopter une stratégie de diversification du portefeuille des relations diplomatiques du Maroc, qui assurerait au pays un maximum de liberté et de marges de manœuvres dans sa politique étrangère notamment dans sa gestion de l’Initiative Royale Atlantique. Sir Winston Churchill n’avait-il pas toujours souligné que “Liberty lies in diversity” ( la liberté réside dans la diversité ).
Il appartiendrait en effet au Maroc de balancer ses relations sur tout le pourtour du bassin Atlantique Sud (africain, latine américain et des caraïbes) et ce, tout en préservant ses acquis diplomatiques avec les pays européens, méditerranéens et autres puissances concernées. Dans la mesure où le Maroc ambitionne de renforcer sa stratégie Atlantique, des liens plus étroits seront essentiels à maintenir avec les pays du MERCOSUR (dont le Brésil et l’Argentine), ceux du CARICOM couvrant la région des Caraïbes et les principaux États africains directement concernés (comme ceux du Sahel ainsi que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud).
Le dixième point est d’ordre interne au Maroc, consistant en la mise en œuvre de réformes qui mettraient en relief l’exception marocaine aux yeux de ses divers partenaires Atlantiques et assureraient la pérennité de son modèle de développement tout en facilitant la réalisation de l’Initiative Royale Atlantique. Il s’agirait ainsi de prendre toutes les mesures pour faire des Provinces du Sud un véritable hub pour le renforcement des solidarités et pour le développement économique, social et environnemental de l’Afrique Atlantique et du Sahel.
En effet, considérant les changements géopolitiques parfois drastiques que connaissent les différents voisinages du Maroc, il semble évident que les décideurs et observateurs étrangers concernés jaugeraient le potentiel du Maroc à assumer pleinement de nouveaux rôles-clés sur la scène extérieure régionale Atlantique, d’abord sur la base de la stabilité et de la solidité des conditions intérieures du pays.
Aussi est-il important de tenir compte de la corrélation entre le degré de réussite des réformes menées par le Maroc au niveau national et la capacité de renforcement et de diversification des repositionnements du Royaume sur la scène internationale et notamment Atlantique.
Dans ce cadre, Dakhla et son futur port international gagneraient à être organisés en zone de libres échanges défiscalisée, s’inspirant fortement du modèle organisationnel qui a fait le succès de Dubai ou encore de Singapoure qui avait alors grandement bénéficié des effets de la mondialisation. Cela attirerait fortement les sociétés de services et d’appuis au monde des affaires ( conseils juridiques, assurances maritimes, transports, logistiques, etc.).
Dakhla Finance City (inspirée de Casablanca Finance City) mériterait aussi à être instaurée, visant à faciliter la création à moyen terme d’un centre financier régional qui couvrirait la zone du Sahel et la région de l’Afrique de l’Ouest.
Cette entité devrait nécessairement être renforcée par l’édification d’un World Trade Centre qui assurerait la promotion du commerce international de cette même région africaine. Dakhla serait ainsi dotée du tripode organisationel gagnant qui comprendrait des institutions financières, de trading et des services juridiques et logistiques d’appuis, lui permettant ainsi d’accomplir pleinement son ambition de hub régional au service des économies du Sahel et de la région de l’Ouest africain.
Il va sans dire que l’Office National Marocain du Tourisme aurait également à ouvrir des délégations dans les principales capitales de l’Afrique de l’Ouest et mènerait des campagnes promotionnelles au profit du tourisme à Dakhla, aux Provinces du Sud et dans le reste du Maroc. Cela nécessiterait la conclusion d’accords aériens avec des companies low cost comme Ryanair, Air Arabia ou Easyjet. Il appartiendrait à la Royal Air Maroc d’opérer les liaisons transatlantiques reliant l’Amérique du Sud au Maroc et au Sahel et au reste de l’Afrique.
Un code des investissements hoteliers favorisant particulièrement les Provinces du Sud dont Dakhla, mériterait aussi à ce qu’il soit adopté. Des facilitations afférentes à l’obtention de visas touristiques (e-visa ) seraient aussi à mettre en place.
Le onzième point consisterait à prendre des mesures organisationnelles d’accompagnements à même d’assurer le plein succès à cette Initiative Royale Atlantique, dont par exemple la création d’une Task Force, sous la forme d’une cellule de réflexion à caractère stratégique, composée d’éminents diplomates et d’experts pluridisciplinaires (droit, transports, marine marchande, économie, sécurité, défense, aménagement du territoire, énergies, etc.), dont la mission principale serait de proposer une véritable feuille de route pour la mise en œuvre de cette importante Initiative et éventuellement pour en assurer aussi le suivi.
(*) Mohammed Belmahi, Ambassadeur de Sa Majesté Le Roi en Inde et au Népal (1996-1999) et au Royaume Uni (1999-2009)