Conflit en Ukraine: la croissance va ralentir à 3,8 % en Afrique subsaharienne
Face au choc de la guerre en Ukraine qui vient s’ajouter à la pandémie de Covid-19, l’Afrique subsaharienne dispose de « peu de marge de manœuvre » alors que sa croissance subit un ralentissement, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI).
« L’activité économique a connu un regain inattendu l’année dernière, ce qui a fait passer les prévisions de croissance de 3,7 % à 4,5 %. Cependant, la guerre change de façon tragique le cours des événements et va faire ralentir la croissance à 3,8 % en 2022« , selon la dernière édition des Perspectives économiques pour cette région publiée jeudi. Pour Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique de l’institution internationale, « la guerre en Ukraine a d’ores et déjà bouleversé les perspectives à court terme en Afrique subsaharienne. Le choc sur les marchés mondiaux des produits de base va alimenter l’inflation, frapper les ménages les plus vulnérables de la région, exacerber l’insécurité alimentaire, faire augmenter les taux de pauvreté, et risque d’attiser les tensions sociales« .
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S’agissant de la flambée des cours du pétrole, ce facteur pourrait générer des recettes exceptionnelles pour les 8 pays exportateurs de la région. En revanche, il creusera les déséquilibres commerciaux et fera augmenter le coût de la vie dans les 37 autres pays. « De fait, nous avons nettement relevé nos prévisions d’inflation au cours des derniers mois, de 4 points de pourcentage pour la moyenne régionale en 2022, ce qui constitue les pires résultats depuis 2008« , a indiqué M. Selassie. Le FMI estime aussi que l’évolution des coûts d’emprunt et de la demande mondiale sont soumises à une incertitude croissante, ce qui complique considérablement la tâche des pouvoirs publics, qui font face à une « augmentation des besoins, une aggravation des risques et un rétrécissement de leur champ d’action« . Au titre des recommandations, l’institution basée à Washington juge que les autorités des pays d’Afrique subsaharienne « doivent non seulement accélérer la vaccination, mais également répondre à trois priorités urgentes: remédier aux effets locaux de la guerre, trouver l’équilibre entre la croissance et l’inflation, et maîtriser l’ajustement des taux de change« .
« Au-delà des crises actuelles, les pouvoirs publics doivent agir résolument pour diversifier l’économie, encourager l’intégration régionale (y compris par l’intermédiaire de la zone de libre-échange continentale africaine), libérer le potentiel du secteur privé et relever les défis des changements climatiques« , indique-t-on. A cet effet, le FMI rappelle le rôle « vital » de la solidarité et la coopération internationales dans tous ces domaines en vue de permettre aux pays de la région de « négocier cette trajectoire complexe« .
Avec MAP