Conjoncture : Hausse de la croissance, portée par la consommation

Le Maroc connait une phase de croissance dynamique au second trimestre 2024 porté notamment par un regain de croissance des industries manufacturières et du secteur touristique. En effet, la consommation est le principal moteur de la croissance et le reflux de l’inflation permet de tirer l’économie vers des perspectives de croissance en hausse à +3,2% au troisième trimestre 2024.

Le Royaume a connu un début d’année 2024 marqué par un ralentissement de sa croissance économique, avec un PIB en hausse de seulement 2,5% contre 3,9% au même trimestre de l’année 2023. Ce ralentissement de la croissance s’explique par plusieurs paramètres notamment une contraction du secteur agricole, alors que les activités non agricoles et le secteur touristique ont maintenu une dynamique positive.

La contraction de régime du 1er trimestre 2024 au Maroc s’explique par une contraction de la valeur ajoutée agricole de 6,9%, bien que l’activité non-agricole ait continué d’augmenter à un rythme soutenu de 3,8%. La consommation des ménages a connu un ralentissement significatif malgré le regain de croissance du secteur touristique et un investissement public et privé dynamique.

Quant aux performances commerciales du Maroc, les exportations ont augmenté de 4,4% grâce aux secteurs de l’automobile et des phosphates. Sur le plan budgétaire, le déficit s’est réduit à -11,2 milliards de dirhams contre -20,4 milliards de dirhams en 2023, cela grâce à une hausse des recettes ordinaires de 13,6% et une diminution des dépenses de compensation de 49,5%.

Par ailleurs, le secteur touristique fut un pilier pour la croissance économique du Royaume, avec une hausse de 15,1% des arrivées de touristes, atteignant ainsi 5,9 millions de visiteurs fin mai 2024. Cette dynamique positive devrait se poursuivre durant l’été.

Quant au gouvernement, il a déployé des efforts pour attirer les investissements étrangers dans le Royaume. En effet, la signature d’une convention avec le Groupe Gotion High-Tech pour la construction d’une gigafactory d’une capacité de 100 GWh, avec un investissement total de 65 milliards de dirhams, reflète la stratégie économique du Maroc pour booster son économie. Ce projet pharaonique a pour ambition de créer 17.000 emplois directs, indirects et induits.

Enfin la Bourse Casablancaise connait une santé financière remarquable, en effet, elle a enregistré un rebond de +2,17% en 1 séance après l’abaissement du taux directeur par Bank Al-Maghrib, qui l’a abaissé de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Cette décision de la BAM, fut motivée par le souhait de réviser à la baisse les prévisions d’inflation pour 2024. Bank Al-Maghrib gère la monnaie de façon totalement indépendante, loin de l’appareil étatique. Car la subordination de la monnaie au politique serait génératrice d’inflation et n’aurait que peu d’effets sur la croissance et l’emploi. De ce présupposé naît alors l’idée d’une banque totalement indépendante, dont la seule mission serait d’assurer la stabilité des prix.

L’économie

L’économie analyse la manière dont les hommes décident d’affecter des ressources pour produire des biens et des services, et ensuite de les répartir à des fins de consommation entre les différents individus qui composent la société. Différents courants de pensée (classique, marxiste, keynésien et leurs dérivés) sont apparus sur la manière de produire et de répartir cette production. L’économie n’est pas une science cumulative mais bien humaine soumise à l’histoire et aux rapports de force.

L’économie n’est donc pas une science exacte à constances très longues comme les lois de la physique. C’est une science sociale avec des constances d’une durée presque égale à des types d’organisation sociale.

L’inflation

Quant à l’inflation, il n’y a inflation que lorsque l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation ne trouve pas en face d’elle une augmentation de production, c’est-à-dire lorsque la banque prête à quelqu’un qui est incapable d’utiliser son prêt pour créer de la richesse. L’inflation ne se résume pas à la création de monnaie. En effet, ce qui importe, ce n’est pas la quantité de monnaie créée et mise en circulation, mais sa qualité. Selon l’économiste Milton Friedman, prix Nobel en 1976, « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production ». Si la production augmente aussi vite que la quantité de monnaie, il n’y a pas d’inflation.

Le problème n’est pas l’augmentation de l’indice des prix mais la vitesse à laquelle ils progressent en comparaison avec les revenus. Si les prix augmentent de 6% et les salaires de 3%, tout le monde s’appauvrit.

La reprise de la demande, soutenue par les plans de relance, dans un contexte où l’offre était parfois perturbée en Asie à cause des confinements, a fait augmenter les prix de certains biens. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine, toutes les deux productrices importantes de blé et l’une productrice considérable de pétrole et de gaz, a fait flamber les prix sur les marchés de l’énergie et des matières premières. L’augmentation des prix du carburant et des biens de consommation a fortement attaqué le pouvoir d’achat des classes moyennes et pauvres. Sous cet angle, le pouvoir d’achat ne peut être qu’un mal à combattre.

Quant à la corrélation entre l’inflation et la croissance économique, si l’inflation est située entre 3% et 6%, son impact sur l’économie reste un mystère. Cependant, des économistes de l’université de Chicago ou du FMI théorisent le fait qu’en dessous de 8 à 10% le taux d’inflation n’a aucune corrélation avec le taux de croissance. Historiquement, les phases d’activité forte comme les Trente Glorieuses se sont accompagnées d’une certaine inflation.

Les libéraux craignent l’inflation dans le sens où l’inflation entraîne l’idée de boucle prix-salaire (les prix augmentent puis les salaires puis les prix et ainsi de suite) qui amènerait à l’hyperinflation. En revanche, l’inflation engendre rarement l’hyperinflation. L’hyperinflation résulte surtout d’une émission sans limites de la monnaie pour financer ses dépenses de dirigeants pour accaparer des pans entiers de l’économie ou pour favoriser tel ou tel groupe ou pour honorer de folles promesses, engendrant une perte totale de confiance dans cette monnaie.

L’inflation doit être surveillée, c’est une évidence. Mais elle ne doit pas être agitée comme un épouvantail quand il s’agit d’augmenter les bas salaires ou de mettre en place des plans de relance. Or derrière la lutte acharnée contre l’inflation se cache souvent une volonté d’imposer un modèle économique qui en réalité satisfait majoritairement le patronat et les détenteurs d’actifs.

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