Conjoncture sectorielle : Le café, de plus en plus corsé

En dépit de la volatilité des prix du café à l’international, notamment lors de ces quatre premiers mois de 2024, les torréfacteurs marocains parviennent à tenir le coup grâce à la baisse des droits d’importation du café vert à 2,5%, auparavant fixés à 10%. En revanche, la situation est plus compliquée pour les petits industriels et propriétaires de cafés, qui se trouvent désormais contraints de fermer leurs établissements face aux fluctuations que connaît le secteur.

Une crise aux conséquences sans précédent s’annonce dans le secteur du café au Maroc, sonnant l’alarme auprès des cafetiers. La plupart des entreprises impliquées dans l’importation, la torréfaction et la vente du café en vrac sont tant bien que mal intégrées dans les canaux de la grande et de la petite distribution, éléments clés de cette chaîne aux teintes wengé, semblables à celles du café.

La qualité des cafés commercialisés s’est également améliorée de nos jours. Ainsi, le café, qu’il soit conditionné ou en vrac, est devenu de plus en plus compétitif et attractif pour de nombreux torréfacteurs marocains et étrangers.

Cependant, les cours du café continuent de subir des fluctuations importantes. Le premier trimestre de 2024 a révélé une augmentation de 0,1% entre février et mars. Par ailleurs, les torréfacteurs marocains ont soudainement augmenté leurs prix de 30 DH par kilogramme, à l’exception d’une marque locale qui s’est limitée à une hausse de 20 dirhams par kilo. Ces mesures ont contraint les cafetiers à revoir les tarifs de leurs tasses de café depuis la fin du dernier ramadan.

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Les ménages marocains continueront de payer le prix fort pour se procurer du café, puisqu’il est prévu que leurs dépenses augmentent en moyenne de 3,3% par an pour atteindre 16 milliards de dirhams en 2026, avec une consommation individuelle moyenne de 350 dirhams par an.

Actuellement, le Maroc est le deuxième plus grand marché de détail en café dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), selon un rapport publié en 2023 par l’agence américaine de notation Fitch Solutions, avec des ventes atteignant 1,3 milliard de dollars en 2022.

Ne produisant pas de café, le Maroc a toujours importé l’essentiel de son café d’Indonésie et du Vietnam. Cependant, ses importations de café ougandais ont considérablement augmenté, passant de 3,6 % en 2012 à 25,7 % en 2021, pour atteindre 320 millions de dirhams. L’Ouganda est ainsi devenu le principal fournisseur de café au Maroc, avec 31,8 % du total des tonnes importées en 2021.

Toutefois, bien que les pays du sud-est de l’Afrique soient réputés pour la qualité unique de leurs variétés de café, ils sont confrontés à une baisse draconienne de la production de café à cause du réchauffement climatique, qui a mis en péril la culture fragile et complexe de cette denrée devenue très prisée par les Chinois.

Pour contrer ces facteurs favorisant les fluctuations du café, les droits d’importation du café vert ont été revus à la baisse. Initialement fixés à 10%, ils ne dépassent désormais pas les 2,5%.

Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, un renforcement des investissements dans la torréfaction et le conditionnement a été observé, soulageant les observateurs par le nombre d’emplois supplémentaires susceptibles d’être créés. Il est également à noter que près de 16 000 cafés ont cessé leur activité.

Face à la crise structurelle qui frappe cette industrie, le Conseil de la concurrence et l’Association nationale des propriétaires de cafés et de restaurants ont conclu un accord garantissant le bon fonctionnement des règles concurrentielles pour toutes les entreprises du secteur. Espérons que cela mènera à un café au goût encore meilleur.

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