Le Conseil de sécurité unanime derrière Guterres pour le secrétariat général de l’ONU
Le Portugais Antonio Guterres a obtenu jeudi le soutien unanime des 15 membres du Conseil de sécurité pour devenir le prochain secrétaire général des Nations unies, désignation qui devrait intervenir lors d’un vote la semaine prochaine.
L’ancien Premier ministre du Portugal était le favori après avoir terminé en tête des six scrutins préliminaires.
Lors de la réunion qui s’est tenue jeudi à huis clos, des applaudissements ont fusé après l’adoption à l’unanimité de la motion qui recommandait Antonio Guterres pour un mandat de cinq ans, ont indiqué des diplomates à l’AFP.
Sa désignation doit encore être approuvée par l’Assemblée générale de l’ONU, ce qui devrait être une formalité, et il prendra ses fonctions le 1er janvier pour succéder au Sud-Coréen Ban Ki-moon.
Le vote de l’assemblée des 193 Etats membres devrait se tenir la semaine prochaine, probablement jeudi.
Depuis Rome, où il se trouvait jeudi, Ban Ki-Moon a salué un « superbe choix », estimant que la « grande connaissance des affaires mondiales et la vive intelligence (du Portugais allaient) lui servir pour mener les Nations unies dans une période cruciale ».
Antonio Guterres, qui se trouvait jeudi à Lisbonne, devait faire une déclaration à 17H00 locales (16H00 GMT).
Plusieurs diplomates se sont dits surpris par le soutien unanime accordé à ce candidat à la personnalité affirmée et à la solide expérience politique.
L’ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a estimé, après le vote, qu’Antonio Guterres était un « excellent choix ».
Pour lui, le Portugais est « quelqu’un qui parle à tout le monde, dit ce qu’il pense, quelqu’un de très extraverti, une personne très ouverte ».
Socialiste, Antonio Guterres a occupé la fonction de Premier ministre du Portugal entre 1995 et 2002. Il va d’ailleurs devenir le premier secrétaire général à avoir été chef d’un gouvernement auparavant. Plusieurs anciens ministres des Affaires étrangères ont occupé ce poste.
Polyglotte âgé de 67 ans, il parle couramment français et a aussi été le chef du Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR) durant 10 ans.
Ingénieur de formation, fervent catholique, le socialiste se décrit lui-même comme un homme d’action et s’est battu sans relâche durant une décennie pour les droits des migrants, de 2005 à 2015.
C’est la première fois qu’un secrétaire général de l’ONU est choisi avec un processus si transparent.
Antonio Guterres a promis d’aller vers la parité au sein de l’institution, qui ne compte actuellement qu’un quart de femmes aux postes de décision.
Beaucoup s’attendent à ce que le Portugais désigne une femme au poste de numéro deux de l’ONU, celui de secrétaire général adjoint.
S’il est désigné la semaine prochaine, Antonio Guterres aura à faire face, dès janvier, à une longue liste de crises, au premier rang desquelles la Syrie.
Pour l’ambassadeur ukrainien Volodymyr Yelchenko, le futur secrétaire général devra « rendre du leadership » aux Nations unies.
« Le rôle des Nations unies n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui, et pour cela, M. Guterres est le leader adéquat », a déclaré François Delattre, ambassadeur de France, pays qui a soutenu Antonio Guterres tout au long de sa campagne.
Si, au fil des scrutins préliminaires, l’élection d’Antonio Guterres était attendue, la désignation d’un Européen de l’Ouest est une relative surprise.
Il y a encore quelques mois, beaucoup d’observateurs anticipaient la nomination d’un secrétaire général issu d’un pays d’Europe de l’Est, seule région du monde à ne pas avoir encore placé l’un de ses ressortissants au plus haut poste des Nations unies.
Plusieurs candidats d’Europe de l’Est ont pourtant pris part au scrutin, mais aucun n’est parvenu à tirer son épingle du jeu.
Après avoir soutenu, durant de longs mois, Irina Bokova, la Bulgarie a changé son fusil d’épaule, après avoir constaté que la directrice générale de l’Unesco n’était pas parvenue à convaincre le Conseil de sécurité.
A quelques jours du début du vote, il a propulsé dans la course l’économiste Kristalina Georgieva, vice-présidente de la Commission européenne, en charge du budget, sans succès.