Corruption : L’ancien PM algérien Bédoui et l’ex-ministre de la Santé Boudiaf devant la justice
L’ancien Premier ministre algérien, Noureddine Bedoui et l’ex-ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf seront auditionnés par la justice dans le cadre d’une enquête menée sur le projet de la nouvelle aérogare internationale de Constantine, selon les médias algériens.
Abdelmalek Boudiaf, qui a dirigé la wilaya de Constantine, entre 2005 et 2010 avant d’être désigné ministre de la Santé (2013/2017), et Noureddine Bedoui (2010-2015), ex-ministre de l’Intérieur puis ex-Premier ministre (mars à décembre 2019), ont été appelés à se présenter dans les prochains jours devant le juge d’instruction près le tribunal de Constantine, précise le journal « El Watan », qui cite des sources fiables.
Les deux anciens walis Constantine seront auditionnés dans le cadre d’une vaste enquête menée par les services de sécurité sur le projet de la nouvelle aérogare internationale Mohamed Boudiaf, qui aurait été marqué par de graves dépassements financiers, selon les mêmes sources.
D’après le journal, les faits remontent à la période où ils étaient successivement wali à Constantine avant d’être promus aux hautes fonctions qu’ils ont occupées au gouvernement sous le règne de Bouteflika.
Il note que de « graves dépassements » ont été constatés dans la gestion du projet de l’aérogare de Constantine, qui a englouti des sommes énormes et connu des retards considérables.
Les mêmes sources estiment que cette « grosse affaire », qui avait fait des remous même du temps des deux anciens responsables de la wilaya de Constantine, a aussi révélé que plusieurs autres anciens responsables seront également convoqués pour être entendus.
Parmi les noms avancés figurent l’ancien ministre des Transports (2008-2013), Amar Tou et l’ancien wali de Constantine entre 1999 et 2005, Tahar Sekrane, prédécesseur de Abdelmalek Boudiaf, qui a assisté au lancement du projet.
Selon les mêmes sources, le projet de la nouvelle aérogare de l’aéroport international de Constantine avait fait couler beaucoup d’encre durant sa période de réalisation et avait même connu de sérieux problèmes liés à des contraintes techniques.
Le projet, l’un des plus vieux de la wilaya à l’époque, a été lancé en 2001 pour un montant initial de 441 millions de dinars (environ 5,7 millions de dollars), a connu moult problèmes en l’absence des bureaux d’études engagés.
Le projet a pris 12 ans pour qu’il soit mis en service, en juin 2013, d’après les mêmes sources, qui font savoir que la structure, qui s’étend sur une superficie de plus de 80.000 m2, avait été conçue pour accueillir plus d’un million de voyageurs par an.
Les travaux de construction et les équipements, qui devraient être de haute de gamme pour cet investissement public, ont coûté 2,954 milliards de dinars (38,23 millions de dollars), après plusieurs réévaluations, soit près de huit fois le coût initial, révèlent-elles.
Abdelmalek Boudiaf et Noureddine Bedoui ont déjà été convoqués en octobre dernier pour des affaires liées à leur gestion lorsqu’ils étaient walis de Constantine.
L’ancien Premier ministre s’était déplacé à Constantine suite à la décision d’installation d’une commission rogatoire délivrée par le magistrat instructeur près la Cour suprême.
Il lui est reproché « l’octroi d’indus avantages à de puissants hommes d’affaires et détournement du foncier », précisément « l’attribution non réglementaire » des parcelles dans les zones industrielles. Une affaire qui est toujours en cours au niveau de la justice.
Des observateurs n’écartent pas que d’autres dossiers liés à la gestion des énormes projets réalisés dans la wilaya de Constantine, entre 2005 et 2015, seront également ouverts, estime le journal.
Pour rappel, plusieurs hauts responsables algériens ont été démis de leurs fonctions ou déférés devant la justice algérienne qui avait, ces derniers mois, ouvert une série d’enquêtes sur des faits présumés de corruption visant des hommes politiques et d’affaires accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec l’entourage du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Avec MAP