Corruption : le Maroc perd 26 places en 6 ans, selon Transparency Maroc
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Les résultats de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) pour l’année 2024, révélés par Transparency Maroc, dressent un constat alarmant de la situation au Maroc. Avec un score de 37, le pays enregistre une baisse d’un point par rapport à 2023, reculant ainsi à la 99ème place mondiale, contre la 97ème l’année précédente. Une dégringolade continue qui s’illustre par la perte de 26 places depuis 2018.
Cette note, inférieure à la moyenne mondiale de 43, reflète les difficultés persistantes du Royaume à enrayer la corruption. Par comparaison, l’Europe affiche un score régional de 64, l’Asie-Pacifique 44, l’Amérique 42, la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) 38, tandis que l’Afrique subsaharienne ferme la marche avec 33.
Le Danemark, avec 90 points, domine le classement, suivi de près par la Finlande (88), la Nouvelle-Zélande (85) et Singapour (84). En revanche, le Soudan du Sud (8), la Somalie (9) et le Venezuela (10) occupent les derniers rangs.
Face à cette situation, Ahmed Bernoussi, secrétaire général de Transparency Maroc, exprime sa profonde inquiétude : « La corruption devient endémique au Maroc. En l’absence de mesures drastiques, tout laisse présager qu’elle va encore se propager. Le gouvernement n’a pas respecté ses engagements à ce niveau. Il a retiré le projet de loi sur l’enrichissement illicite ainsi que celui de l’exploitation du domaine public. La Commission nationale de lutte contre la corruption ne se réunit plus ».
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L’analyse détaillée de Transparency Maroc met en évidence une corrélation étroite entre le niveau de démocratie, la liberté de la presse, l’engagement de la société civile et l’efficacité des politiques de lutte contre la corruption. Les pays pleinement démocratiques affichent ainsi un score moyen de 73, tandis que les régimes autoritaires peinent à dépasser la moyenne de 29. Par ailleurs, les États où la société civile est active et indépendante obtiennent en moyenne 70 points, contre seulement 31 pour ceux où elle est réprimée.
Depuis plus de vingt-cinq ans, Transparency Maroc scrute l’évolution de la corruption et de la gouvernance dans le pays. Ses rapports successifs confirment la nature systémique de ce fléau, révélant l’urgence de réformes structurelles profondes. Toutefois, l’ONG déplore une volonté politique insuffisante pour mettre en œuvre ces changements nécessaires.
Un autre défi majeur réside dans l’implication de certains pays, pourtant bien classés dans l’indice, dans la facilitation des flux financiers illicites via des paradis fiscaux et des centres financiers offshore. Ces mécanismes opaques favorisent le blanchiment d’argent et protègent des capitaux d’origine douteuse, sapant ainsi les efforts de transparence à l’échelle mondiale.
La dégradation du classement du Maroc sur l’IPC révèle non seulement des lacunes institutionnelles mais aussi l’urgence d’une mobilisation collective pour restaurer la confiance des citoyens et des investisseurs. La lutte contre la corruption ne saurait se limiter à des déclarations d’intention : elle exige des actions concrètes, une justice indépendante, et un cadre législatif rigoureux pour inverser la tendance et promouvoir une gouvernance intègre et responsable.