Corruption : L’INPPLC dévoile les goulots d’étranglement de la croissance
Le problématique de la corruption dont l’ampleur n’a cessé d’augmenter au cours des quatre dernières années, a la peau dure. Cette triste réalité émerge du rapport annuel 2022 de l’Instance nationale pour l’intégrité, la prévention et la lutte contre la corruption (INPPLC), présenté mercredi dernier. Selon ce rapport, l’indice de perception de la corruption au Maroc a connu une baisse de cinq points depuis 2019. Pire encore, le pays a chuté de 21 places dans le classement mondial sur la perception de la corruption.
Dans son rapport, l’INPPLC a indiqué que des indicateurs tels que l’indice de liberté, l’indice de liberté économique, l’indice de l’État de droit, et l’indice du budget ouvert dressent un tableau sombre de la situation de la corruption au Maroc, notamment en ce qui concerne les droits politiques et civils, l’efficacité judiciaire, la gestion administrative, l’intégrité et la participation du public.
Le rapport met en évidence le manque de résultats obtenus par les efforts du Maroc visant à lutter contre la corruption, tels que la Stratégie nationale anti-corruption. Il établit un lien entre le faible taux de signalement de la corruption et les lacunes juridiques et procédurales qui découragent ou menacent ceux qui osent dénoncer ces pratiques illégales. Ainsi, le rapport souligne l’importance de sensibiliser les citoyens aux dangers de la corruption et de garantir la protection des journalistes et des lanceurs d’alerte.
De plus, le rapport appelle à une lutte contre les causes profondes de la corruption, en mettant l’accent sur les déficiences en matière de droits, de libertés, d’efficacité judiciaire et d’égalité. Il souligne que la corruption affecte de manière disproportionnée les groupes les plus vulnérables de la société, les privant de leurs droits fondamentaux tels que l’éducation, le logement et les soins de santé. Il est paradoxal de constater que malgré un niveau de sensibilisation élevé à la corruption, très peu d’affaires arrivent devant les tribunaux.
L’INPPLC souligne la nécessité d’intensifier la coordination et la complémentarité des actions institutionnelles dans la lutte contre la corruption. Toutefois, il note que malgré les réalisations accomplies à différents niveaux, les objectifs fixés par la stratégie demeurent éloignés et semblent même hors de portée. Les régressions observées dans plusieurs indicateurs internationaux pertinents en témoignent.
L’Instance identifie plusieurs lacunes qui ont entravé l’atteinte des impacts escomptés et le changement de tendance quant à l’évolution de la corruption au Maroc. Parmi ces lacunes, on peut citer le manque d’engagement des parties prenantes, l’absence d’une coordination efficace et d’un contrôle rigoureux des programmes et des projets, la gestion sectorielle prédominante au détriment d’une programmation coordonnée entre les parties concernées, et l’absence d’une approche méthodologique pour la définition des priorités, basée sur une analyse de l’impact et des effets globaux. De plus, la répartition des budgets alloués à la stratégie reste peu transparente, et un plan de communication adéquat, qui conférerait de la crédibilité aux politiques mises en œuvre et mobiliserait les citoyens, les acteurs économiques et d’autres parties prenantes, fait cruellement défaut.
Malgré tous les outils mis en place, il souligne que l’existence de mesures législatives n’est pas suffisante, et doivent nécessairement être complétées par des textes réglementaires et leur mise en œuvre doit être effective pour permettre à la stratégie d’atteindre ses objectifs et d’avoir un impact significatif sur la lutte contre la corruption au Maroc.
L’INPPLC pour un modèle économique les entreprises de presse
Le rapport de l’INPPLC met également en avant la nécessité d’établir un modèle économique indépendant pour les entreprises de presse, afin de promouvoir un journalisme d’investigation de qualité et de responsabiliser davantage les acteurs de ce domaine. Un rapport thématique met en exergue les fondements du journalisme d’investigation, en se basant sur des exemples internationaux et sur des productions locales au Maroc.
Il met en avant l’importance de consolider la liberté de la presse et l’application professionnelle des principes journalistiques, ainsi que de garantir l’accès à l’information, qui permettrait aux journalistes d’investigation de formuler leurs hypothèses et de mener leurs enquêtes en toute transparence. De plus, il encourage les médias à être des canaux d’alerte et de dénonciation, en traitant attentivement les informations présentées et en sanctionnant les cas où il est avéré que les informations sont fausses ou malintentionnées. Enfin, il appelle à l’instauration d’un modèle économique indépendant pour les entreprises de presse, afin de préserver leur indépendance et leur objectivité malgré les pressions capitalistiques.