Cour des comptes : Menace sur les pensions de retraites ?

La situation des retraites au Maroc traverse une période d’incertitude. La Caisse Marocaine de Retraite (CMR), pilier du système de pension public, se trouve confrontée à un déficit technique qui pourrait précipiter la faillite du système dès 2028, si aucune mesure décisive n’est prise. Cette perspective a été évoquée par Zineb El Adaoui, premier président de la Cour des comptes, lors d’une présentation des travaux de l’institution pour l’année 2023-2024.

À la fin de l’année 2023, la CMR accusait un déficit technique de près de 9,8 milliards de dirhams, un chiffre qui soulève des inquiétudes majeures sur la pérennité du système de retraite. Selon les dernières estimations du ministère de l’Economie et des Finances, bien que les réserves actuelles s’élèvent encore à 65,8 milliards de dirhams, elles sont insuffisantes pour maintenir le système de retraite à flot. À ce rythme, ces réserves seront totalement épuisées d’ici cinq ans, laissant les retraités sans ressources et mettant en péril l’équilibre financier du pays.

La Cour des comptes, à travers ses rapports successifs, a déjà tiré la sonnette d’alarme sur la vulnérabilité du système des retraites marocaines. Dès 2013, l’institution avait alerté sur les risques d’un effondrement financier du système de retraite, soulignant la nécessité d’adopter des réformes structurelles urgentes. Un rapport en 2017 avait, quant à lui, insisté sur la mise en place d’objectifs stratégiques à long terme et sur la création des conditions nécessaires à la durabilité du système. Malheureusement, ces avertissements n’ont pas été suivis de mesures concrètes, et la situation a continué de se détériorer.

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Le premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, a souligné lors de sa présentation que le problème est aujourd’hui plus urgent que jamais. Le déficit croissant de la CMR exerce une pression de plus en plus lourde sur les finances publiques, avec des implications non seulement pour les retraités actuels, mais aussi pour les générations futures. Si des réformes substantielles ne sont pas mises en œuvre rapidement, le système de retraite pourrait se retrouver en faillite, entraînant des conséquences dramatiques pour des millions de citoyens.

L’impératif des réformes structurelles

Face à cette situation, El Adaoui a insisté sur l’importance de prendre des décisions courageuses et d’agir sans délai pour éviter une catastrophe sociale et économique. La mise en place de réformes structurelles est désormais une nécessité impérieuse. Ces réformes devront viser à assurer la viabilité financière du système, notamment par l’augmentation des cotisations, l’allongement de la durée de cotisation, ou encore la révision du mode de calcul des pensions.

Les autorités devront également réfléchir à des solutions alternatives, comme l’introduction de mécanismes de financement complémentaires ou la diversification des sources de financement du système des retraites. Les enjeux sont multiples, tant sur le plan économique que social : garantir la pérennité du système, protéger les droits des retraités et préserver la stabilité financière du pays.

Les Marocains, en particulier les fonctionnaires et les travailleurs du secteur public, qui dépendent en grande partie de la CMR pour leur pension de retraite, se trouvent aujourd’hui dans une situation d’incertitude. Si aucune réforme n’est adoptée rapidement, des millions de citoyens risquent de se retrouver sans ressources à la retraite, et ce, dans un pays où l’espérance de vie est en constante augmentation. L’impact de cette crise sera d’autant plus lourd pour les générations à venir, qui pourraient se retrouver confrontées à des retraites drastiquement réduites ou à une absence totale de couverture.

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