Covid-19: AstraZeneca et la Russie veulent combiner leurs vaccins
Le laboratoire AstraZeneca et la Russie ont annoncé vendredi des essais cliniques combinant leurs deux vaccins contre le coronavirus, une reconnaissance pour le produit russe, vanté par les autorités mais fraichement accueilli par les Occidentaux.
« Nous annonçons un programme d’essais cliniques pour évaluer la sécurité et l’immunogénicité de la combinaison d’AZD1222, développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford, et Spoutnik V, développé par l’institut de recherches Gamaleïa », a indiqué la branche d’AstraZeneca en Russie dans un communiqué, précisant que les essais seraient pratiqués sur des personnes âgés de 18 ans ou plus.
Le vaccin AZD1222 utilise un adénovirus de chimpanzé comme vecteur, tandis que Spoutnik V utilise deux adénovirus humains.
Dans un communiqué publié vendredi, le fonds souverain russe, qui participe au développement du vaccin, a indiqué avoir proposé le 23 novembre à AstraZeneca l’utilisation d’une des deux composantes du vaccin Spoutnik V.
« AstraZeneca a accepté la proposition (…) d’utiliser un des deux vecteurs du vaccin Spoutnik V dans des essais cliniques supplémentaires de leur propre vaccin, qui commenceront avant la fin de l’année », ajoute le fonds souverain russe.
Le président Vladimir Poutine lui-même a annoncé dès le mois d’août que la Russie était le premier pays au monde à enregistrer un vaccin anti-Covid et que sa propre fille se l’était fait administrer.
Hommage au premier satellite du monde, lancé par l’URSS en 1957, le « Spoutnik V » rappelle une prouesse scientifique russe et un revers historique pour le rival américain.
La Russie s’était attirée une pluie de critiques cependant, des scientifiques occidentaux qualifiant l’annonce de prématurée, celle-ci étant intervenue avant même le début des essais cliniques de masse (phase 3) et la publication de résultats scientifiques.
La communauté internationale, surtout occidentale, y a aussi vu la volonté de Moscou de mettre en place une « diplomatie du vaccin » afin d’étendre son influence dans le monde. La Russie a depuis annoncé des partenariats pour les essais cliniques (Bélarus, Venezuela, Inde) et la production (Inde, Brésil, Chine, Corée du Sud) du vaccin.
Au mois de juillet, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada ont accusé les services de renseignement russes d’être derrière des attaques menées par des hackers pour voler des recherches concernant les vaccins.
Moscou avait démenti et annoncé dans la foulée un accord pour la production en Russie du vaccin développé par AstraZeneca et l’université d’Oxford.
Vendredi, AstraZeneca a déclaré que « les combinaisons de différents vaccins contre le Covid-19 peuvent être une étape importante pour générer une plus large protection par le biais d’une réponse immunitaire plus importante et une meilleure accessibilité ».
La patron du fonds Kirill Dmitriev a pour sa part affirmé que « cet exemple unique de coopération entre scientifiques de différents pays dans la lutte conjointe contre le coronavirus jouera un rôle décisif pour atteindre une victoire finale sur la pandémie à l’échelle mondiale ».
« Nous sommes déterminés à développer ce partenariat à l’avenir et à démarrer une production conjointe après que le nouveau vaccin aura démontré son efficacité lors des essais cliniques », a-t-il ajouté.
La Russie affirme que son vaccin Spoutnik V est efficace à 95%. Il est actuellement en phase 3 d’essais cliniques auprès de plus de 40.000 volontaires. Le pays a commencé la semaine dernière la vaccination de sa population, commençant par les professions à risque.
Le laboratoire AstraZeneca et l’université d’Oxford ont annoncé pour leur part que leur vaccin était efficace à 70% en moyenne.
La Russie a annoncé vendredi avoir dépassé pour la première fois la barre des 600 décès quotidiens dus au Covid-19, le pays étant frappé par une deuxième vague, mais les autorités refusent tout confinement généralisé.
Son bilan de 45.893 morts officiels depuis le début de l’année reflète une létalité inférieure à l’Occident, mais il est toutefois sujet à caution, les autorités ne recensant que les décès qui, après autopsie, ont pour cause première établie le coronavirus.
Jeudi, l’agence des statistiques russe Rosstat a ainsi publié les chiffres mensuels de la mortalité, selon lesquels le mois d’octobre 2020 a enregistré quasiment 50.000 décès supplémentaires par rapport à octobre 2019.
( Avec AFP )