Covid-19 : Gros risques pour la fragile stabilité au Sahel (Think-Tank)
Le Coronavirus risque de compromettre l’équilibre déjà fragile que les États Ouest-africains et l’ensemble de la communauté internationale ont pu instaurer au Sahel ces dernières années, souligne un récent article du think-tank marocain Policy Center for the New South (PCNS) intitulé « Le Coronavirus n’épargnera pas l’Afrique de l’Ouest et devrait exacerber les tensions ».
Dans ce contexte de crise, la vulnérabilité de la population affectée par les conflits est une préoccupation majeure, écrit l’auteur de l’article, Hamza M’Jahed, Assistant de recherche en relations internationales au PCNS.
« En Afrique de l’Ouest, la pandémie, si elle n’est pas maîtrisée, risquerait d’affaiblir davantage les États, déjà confrontés à des défis politiques, économiques et humanitaires majeurs », souligne-t-il, notant que l’année 2020 est «cruciale pour cette région où les échéances électorales dans cinq pays approchent à grands pas, à savoir le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Mali ».
La non tenue de ces élections, perçues par les populations comme une opportunité pour évoquer leurs attentes de sécurité, de stabilité et de prospérité, et l’aggravation de la situation humanitaire si la propagation du virus venait à enregistrer une grande ampleur parmi les populations ouest-africaines, « risqueraient de bouleverser l’équilibre régional », poursuit M. M’Jahed.
Pour lui, il est évident que le Coronavirus va tester la résilience des États d’Afrique de l’Ouest au cours de cette année électorale très cruciale.
« La pandémie a déjà rompu l’élan de plusieurs forces politiques par la suspension des manifestations publiques, dont des rassemblements et meetings, pendant des semaines, comme en Côte d’Ivoire et au Ghana », fait-il observer, ajoutant que «si les Etats Ouest-africains ne parviennent pas à juguler la propagation du virus, les élections ne pourront pas avoir lieu dans les délais ».
Par ailleurs, le chercheur met l’accent sur la perturbation des grands projets de développement, relevant que la dynamique de la croissance économique de certains États Ouest-africains sera figée par les répercussions du Coronavirus sur l’économie mondiale.
La Chine a suspendu l’avancement de certains projets de développement significatifs en Afrique de l’Ouest depuis le début de la pandémie, rappelle-t-il, donnant l’exemple de la suspension de la construction d’infrastructures au Ghana et des retards de réalisation de l’oléoduc Niger-Bénin.
En ce qui concerne les réfugiés et les déplacés internes, il relève que le danger du Coronavirus nécessite la mise en place de nouveaux mécanismes de coopération entre les organisations internationales.
En cas de dégradation sanitaire, M. M’jahed préconise que l’OMS devra coordonner avec les organisations spécialisées des Nations unies, telles que l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) et l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), pour gérer des situations compliquées aux niveaux technique, financier et humain.