Covid-19 : la France attend un confinement allégé, beaucoup de questions en suspens
Quand et comment rouvrir les commerces ? Faut-il lancer des opérations de dépistage massif ? De nombreuses questions restent en suspens avant l’allègement du confinement en France, pendant que le bilan des morts du Covid-19 continue de grimper rapidement dans les hôpitaux et les Ehpad.
Le ministre de la Santé Olivier Véran dressera un nouveau tableau de la situation jeudi à 18H00, mais aucune grande annonce sur les restrictions sanitaires n’est attendue avant l’intervention d’Emmanuel Macron la semaine prochaine.
Seule certitude, répétée par plusieurs membres du gouvernement ces derniers jours: il s’agira d’un confinement « adapté », ou d’une sortie « progressive », plutôt que d’un véritable déconfinement. « Des dispositions de freinage » seront maintenues, a prévenu le Premier ministre, Jean Castex, qui réunit les chefs de partis et groupes politiques vendredi.
Avec 15.960 nouvelles entrées à l’hôpital sur les sept derniers jours (contre environ 20.000 entre le 6 et le 10 novembre), dont 2.558 en services de réanimation (contre 3.000 au plus fort de la crise), selon le point quotidien mercredi soir de Santé publique France, le rythme des arrivées à l’hôpital décroit légèrement et permet d’envisager un soulagement pour les soignants, mais le total des personnes hospitalisées reste élevé, à 32.842 dont 4.775 en réa.
« On a aujourd’hui très clairement moins de nouveaux cas » mais « des hôpitaux qui sont encore très pleins », a résumé le chef des urgences de l’hôpital parisien Georges-Pompidou, Philippe Juvin, sur CNews.
Au total, 46.698 malades du Covid-19 sont morts à l’hôpital ou en Ehpad depuis le début de l’épidémie en mars, un bilan qui continue de progresser à plus de 400 par jour à l’hôpital. La ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, sera présente au point d’Olivier Véran pour évoquer la situation dans les Ehpad. Depuis début novembre, le bilan des décès du Covid-19 est passé de 11.651 à 14.530 dans les Ehpad et les Etablissements médico-sociaux (EMS).
Le troisième jeudi du mois de novembre marque l’arrivée du Beaujolais nouveau, mais avec des bars et des restaurants fermés et sans festivités, le cru 2020 débarque dans une ambiance morose, sur fond de crise économique et d’inquiétudes pour la santé mentale de la population. Santé publique France a fait état d’une hausse de 10 à 21 % des états dépressifs entre septembre et novembre.
De leur côté, les organisations professionnelles font pression depuis plusieurs jours pour rouvrir les commerces dits « non essentiels » au plus vite, avant la gigantesque opération de promotions du « Black Friday » le 27 novembre. Mais depuis mercredi, le débat s’est finalement déplacé sur un éventuel report.
Selon Bercy, « les acteurs de la grande distribution, du commerce et du commerce en ligne accueillent favorablement » l’idée d’un décalage d’une semaine, à condition que les magasins rouvrent d’ici-là.
« Un nouvel échange » est toutefois prévu « demain (vendredi) à 15h, en vue de finaliser un accord », affirme Bercy.
D’autres questions doivent encore être tranchées par l’exécutif : quid des bars et des restaurants ; dans quelle mesure permettre les déplacements et réunions familiales à Noël ; faut-il maintenir la limite d’une heure et d’un kilomètre; continuer à préconiser fortement le télétravail ?
Face à lui, le gouvernement a aussi comme défi de prévoir une campagne de vaccination, alors que les essais en cours font espérer son arrivée au premier semestre 2021, et d’améliorer la stratégie de dépistage et d’isolement des personnes contaminées, après l’échec du triptyque « tester, tracer, isoler » à la sortie du premier confinement puis lorsque l’épidémie est repartie à la fin de l’été.
Plusieurs médecins et experts plaident pour des opérations de dépistage massif. « Sur le territoire, on est capable d’organiser le vote de 58 millions de Français en un week-end. Donc, pourquoi ne serait-on pas capable d’utiliser le même type de structure pour, au lieu d’aller dans l’école à côté de chez vous pour passer à l’isoloir, aller dans l’école pour subir un test qui va vous prendre moins d’une heure », a défendu Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, sur RMC/BFM-TV.
« C’est ce qui permettra d’isoler ceux qui transmettent le virus alors qu’ils ne le savent pas, ce sont les cas asymptomatiques », a-t-il souligné.
« Ce qui pourrait faire sens, c’est tester régulièrement toute la population d’un territoire donné, dès lors qu’on est en capacité de faire le contact tracing… et qu’on s’assure que toutes les personnes positives sont bien isolées », avait expliqué mardi Olivier Véran. Tout en précisant qu’il s’agissait encore d’une « réflexion » et que « nous n’avons pas encore les retours » des opérations menées en Slovaquie ou à Liverpool.
Avec AFP