Covid-19: Les résidents des maisons de repos plus isolés que jamais
Par Rachid AOMARI
Le cœur déjà alourdi par le poids des ans et les vicissitudes de la vie, les résidents des établissements de protection sociale pour personnes âgées subissent, depuis plusieurs mois, les foudres du nouveau coronavirus qui a accentué leur isolement et leur solitude, des sentiments devenus de plus en plus insupportables tant que le bout de tunnel s’obstine à apparaître.
A Casablanca ou dans n’importe quelle autre ville du monde, les pensionnaires de ces structures d’accueil semblent le plus souffrir socialement et émotionnellement de la crise sanitaire engendrée par la pandémie. Médicalement, ils sont classés parmi les catégories à haut risque et doivent être strictement protégés contre la contamination et les effets de contagion. Et par conséquent, ils doivent éviter tout contact avec le monde extérieur et renoncer à toute activité sociale.
Au Centre de développement humain pour la protection des personnes âgées à Ain Sebaa, plusieurs pensionnaires ont confié à la MAP que la pandémie est venue bouleverser leur existence, en les privant du bonheur de recevoir les représentants d’associations et les bienfaiteurs, qui leur rendaient constamment visite pour soulager leurs souffrances et compenser le manque d’affection familiale, à travers les cadeaux qu’ils leur offrent, les activités et les cérémonies organisées en leur honneur, notamment lors des fêtes nationales et religieuses.
Ils ont fait savoir que le manque de contact avec l’extérieur et l’impossibilité d’assister aux funérailles de leurs proches dans ces circonstances pénibles ont aggravé leur détresse psychologique, nourri leurs angoisses et causé des problèmes d’insomnie à plusieurs d’entre eux, en dépit des efforts menés par les responsables du centre afin d’atténuer la situation et de les mettre à l’abri de tout besoin.
Certains résidents ont souligné que leurs peines s’amplifient davantage dès qu’ils apprennent le décède d’un parent ou d’un proche des suites du Covid-19 ou d’autres maladies, sans pouvoir assister aux funérailles ou présenter les condoléances. Ils n’ont plus que les prières pour implorer la fin de cette calamité pour qu’ils puissent retrouver leurs activités habituelles, dans la sécurité et la quiétude.
Depuis l’apparition de la pandémie, l’accès au Centre est, en effet, conditionnée par le respect d’une série de mesures préventives visant à assurer la sécurité des pensionnaires de ces établissements sociaux. C’est ce qu’a expliqué et démontré à la MAP le responsable de la structure, Mustapha Faouzi, par ailleurs président de la fondation Amal pour l’hémodialyse.
Il a relevé que l’apparition brusque du virus a semé de la confusion au niveau de la gestion des activités du Centre, amenant à un isolement total de 22 pensionnaires permanents et au maintien de 16 autres dans leur domicile, tout en les faisant bénéficier des prestations du centre.
Dès les premières alertes sur l’apparition du Covid-19, la Fondation a mis en place toutes les mesures de prévention aussi bien au profit des pensionnaires que des personnels pour la poursuite des prestations médicales et sociales et le soutien psychologique de cette catégorie de la société, conformément aux Hautes instructions royales adressées par le Souverain lors de l’inauguration du Centre pour assurer à ces personnes des conditions de vie décentes.
Dans le cade des préparatifs pour le retour à une vie normale, le déconfinement partiel a été accompagné, selon le responsable, par la mise à disposition d’une panoplie de mesures préventives relatives notamment à l’offre de masques de protection, la mesure de température, le respect de la distanciation physique, même durant les repas, en prenant en considération l’état de santé de ces personnes âgées et leur faible système immunitaire.
Conformément à ces règles instituées au cours de l’état d’urgence sanitaire, la fondation a tenu a informer davantage sur la nature de ce virus et les moyens d’y faire face, surtout que la majorité des pensionnaires souffrent de maladies chroniques et de précarité.
Le Dr. Rachid Rajai, responsable du pôle médical des centres de la fondation Amal, a assuré que les patients des centres effectuent régulièrement des contrôles médicaux, et à chaque fois que nécessaire, outre une surveillance de la qualité des repas consommés, chacun selon son régime alimentaire.
Lors de la célébration de la journée internationale des personnes âgées, commémorée le 1er octobre de chaque année, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait attiré l’attention sur les conditions difficiles que subit cette catégorie sociale, en raison de cette crise sanitaire sans précédent.
« Le monde célèbre le 30e anniversaire de la Journée internationale des personnes âgées alors que nous luttons contre les conséquences graves et disproportionnées que la pandémie de COVID-19 entraîne pour ces personnes dans le monde entier, non seulement pour leur santé, mais aussi pour leurs droits et leur bien-être », avait-il souligné dans un message à cette occasion.
Ce même constat a été également dressé par le Haut commissariat au plan (HCP), dans une étude de terrain réalisée entre avril et juin deniers relative aux impacts du nouveau coronavirus sur les situations économique, sociale et psychique des ménages, relevant que la peur de contaminer le virus empêchait les personnes âgées d’accéder aux services de la protection sociale, durant la période du confinement sanitaire, soit 30,7 pc, sachant que 38,2 pc d’entre elles souffrent de maladies chroniques et nécessitent un suivi médical régulier.
En vue de s’adapter à cette nouvelle situation imposée par cette crise pandémique, plusieurs maisons de protection sociale se sont employés à relever ce défi, en mobilisant des moyens de prévention supplémentaires pour protéger au mieux cette catégorie vulnérable.
Les établissements concernés se sont attelés à approfondir les connaissances sur les répercussions et conséquences du Covid-19 sur les personnes âgées en les préparant à mieux s’adapter à cette nouvelle réalité pour faire face à toute sorte d’épidémies, en insistant sur le rôle joué par les personnels de ces établissements dans la préservation de la santé de cette catégorie vulnérable, et en accordant un intérêt particulier au personnel soignant.
( Avec MAP )