Covid-19, une opportunité pour initier une réorientation de l’appareil productif au Maroc
La crise sanitaire du covid-19 constitue une opportunité pour initier une réorientation de l’appareil productif national, a souligné Fouzi Mourji, professeur d’Économie à l’Université Hassan II- Casablanca et directeur du laboratoire de statistique appliquée à l’analyse et la recherche en économie.
Il s’agit notamment de faire orienter cet appareil vers la satisfaction de la demande intérieure, notamment, en produits stratégiques, a expliqué M. Mourji à la MAP, relevant la nécessité de se focaliser, en matière des exportations sur des secteurs « moins destructeurs des ressources naturelles ».
« Nous partons d’une crise qui concerne à la fois l’offre et la demande. Plusieurs entreprises sont à l’arrêt et les acheteurs sont confinés », a-t-il fait observer, estimant que la relance par la demande suppose de considérer la consommation, l’investissement et les exportations.
A cet effet, M. Mourji se dit pour une poursuite du soutien à la consommation, en particulier celle de la population bénéficiaire des aides financières, notant que cette consommation a un faible contenu en importation, ce qui rend son impact sur l’appareil productif significatif.
Côté investissement, l’universitaire a mis en avant le rôle majeur de la composante publique, faisant remarquer qu’à ce niveau, la question qui se pose souvent est celle du financement et de la soutenabilité de la dette.
Concrètement, a-t-il poursuivi, c’est l’usage de la dette qui conditionne sa soutenabilité. « Si l’on s’endette pour investir, cela génère de la croissance qui à son tour engendre des recettes à même de faciliter le remboursement. Le risque de reporter le fardeau sur les générations futures survient si l’on s’endette pour financer le fonctionnement ».
Il reste que plusieurs options sont à considérer selon des arbitrages entre endettement extérieur (coût, risque de changes et poids du service qui pèse sur les réserves de changes) et l’endettement intérieur, a précisé M. Mourji, notant que ce dernier peut constituer une bonne option eu égard à l’élan et la rapidité avec lesquels le fonds de solidarité a été alimenté.