Crise en mer Rouge : Le Maroc face au risque d’approvisionnement en carburant
Le Maroc fait face à un risque de pénurie de carburant suite à la suspension des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par une entreprise étrangère, qui invoque des raisons de sécurité liées à la situation explosive en mer Rouge. Cette décision, qui intervient dans un contexte de tensions régionales et de conflits armés, pourrait avoir des répercussions négatives sur le marché national de l’énergie, la stratégie de transition énergétique et la stabilité économique du pays.
Dans une question écrite d’une députée du PJD, adressée à la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, qui devra s’expliquer devant le Parlement sur cette affaire. La députée demande au gouvernement de clarifier les conséquences de la suspension des livraisons de GNL sur le marché national des carburants, les chaînes d’approvisionnement et de distribution, les prix de vente et la stratégie énergétique nationale. Elle demande également quelles mesures le gouvernement prendra pour surmonter les problèmes et les fluctuations de l’approvisionnement du marché de l’énergie.
Selon la question écrite, l’entreprise étrangère, dont le nom n’a pas été divulgué, a signé un contrat de 12 ans avec le Maroc pour fournir 500 millions de mètres cubes de GNL par an, soit environ 10% de la consommation nationale de gaz. L’objectif de ce contrat est d’augmenter la part du gaz naturel dans le mix électrique, qui est actuellement de 20%, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, conformément aux engagements du Maroc dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
L’entreprise étrangère a toutefois suspendu pour une durée indéterminée toutes ses expéditions via la mer Rouge, qui est la voie maritime la plus courte et la plus économique pour acheminer le GNL du Moyen-Orient vers le Maroc. Elle justifie cette décision par les tensions vécues par le transport maritime dans le détroit de Bab al-Mandab, qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden et à l’océan Indien. Ce détroit, qui est l’un des points de passage les plus stratégiques et les plus fréquentés du monde, est le théâtre d’attaques récurrentes de la part des rebelles houthis du Yémen, qui ciblent des navires liés à Israël.
Les Houthis, qui contrôlent une partie du territoire yéménite, mènent leurs attaques pour protester contre la poursuite des attaques israéliennes contre la population civile palestinienne dans la bande de Gaza, qui ont fait plus de 25 900 morts palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, depuis début octobre. Les Houthis accusent Israël de soutenir la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, qui intervient au Yémen depuis 2015 pour rétablir le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale.
La crise en mer Rouge, qui oppose les Houthis à la coalition arabe et à Israël, a des conséquences géoéconomiques importantes pour l’Afrique et le Maroc, qui dépendent fortement du commerce maritime pour leur approvisionnement en énergie et en biens. Selon l’Organisation maritime internationale, environ 6,2% du commerce mondial de pétrole brut et 10,3% du commerce mondial de GNL transitent par le détroit de Bab al-Mandab. En outre, environ 21 000 navires empruntent ce détroit chaque année, transportant des marchandises entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
La suspension des livraisons de GNL par l’entreprise étrangère pourrait donc avoir des effets négatifs sur le marché marocain des carburants, qui pourrait faire face à une pénurie ou à une hausse des prix. Cela pourrait également compromettre la stratégie de transition énergétique du Maroc, qui vise à diversifier ses sources d’énergie et à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de pétrole et de charbon. Le Maroc, qui importe 95% de ses besoins énergétiques, cherche à développer le secteur du gaz naturel, qui offre des avantages en termes de coût, de flexibilité et de respect de l’environnement.
Pour contrecarrer le risque de pénurie qui pourrait affecter les ménages marocains, le gouvernement devra trouver des solutions alternatives et rapide afin d’éviter les effets comme ceux liés au début de la guerre en Ukraine. Le gouvernement devrait aussi s’acquitter à garantir l’approvisionnement du marché national de l’énergie, en explorant d’autres voies maritimes ou terrestres, en renégociant le contrat avec l’entreprise étrangère ou en cherchant d’autres fournisseurs de GNL. Le gouvernement devra également renforcer la sécurité maritime dans la région, en coopérant avec les pays riverains de la mer Rouge et les organisations internationales, pour prévenir et dissuader les attaques contre les navires civils et commerciaux.