De cette lubie ou piège de négociations « directes » entre Maroc et polisario
Hassan Alaoui
On feint d’y croire, faute de la voir venir, on s’y accroche même, quitte à être de nouveau déçu : la bonne nouvelle d’une solution au problème du Sahara, passerait-elle par Moscou ?
Cette phrase fétiche du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel :« il faut un dialogue interne entre les enfants du même pays », prononcée à l’issue de ses entretiens avec son homologue russe, Sergeï Lavrov, est-elle autre chose qu’un mirage ? D’aucuns y ont vu un supplémentaire tour de passe-passe auquel, depuis des décennies, nous a habitué la diplomatie algérienne, d’autres une suggestion allusive à un virtuel rapprochement entre le Maroc et l’Algérie, via le polisario, les derniers enfin – lucides – une erreur volontaire de langage, une sorte de ballon d’essai de celui qui, il n’y a pas si longtemps encore, insultait notre pays, le traitant de producteur de drogue.
Les dirigeants algériens n’ont pas attendu la visite de Messahel à Moscou pour se convaincre en leur for intérieur que le Sahara est un territoire marocain depuis la nuit des temps. Et que le polisario n’est que le paravent avancé d’une stratégie d’expansionnisme manifeste. Houari Boumediene, tout à sa fureur d’apprivoiser le Maroc – rien que ça ! – se faisait fort de proclamer au Sommet la Ligue arabe de Rabat en 1974 que « le Sahara était marocain et que l’Algérie soutenait son combat contre l’Espagne pour le récupérer ».
C’était sans compter sur le cynisme et la perfide Realpolitik qui l’animait.
La sortie calculée ou spontanée de Messahel, est tombée curieusement au même moment où un certain Jamal Ould Abbes, secrétaire général du FLN algérien, présidant à Tlemcen une cérémonie d’hommage aux moudjahidate des wilayas du Centre, a appelé à « un dialogue entre fils ( enfants) d’une même famille pour régler leur différend » ! La coïncidence langagière est peut-être fortuite, au regard de la distance qui sépare Moscou et Tlémcen. Mais elle dénote une même pédagogie chez les deux vieux caciques du FLN, constamment rompus à leur mépris antimarocain. Jamal Ould Abbès a même cru lancer un appel à la « vigilance » contre « l’envahissement de son pays par la drogue en certaines frontières »…
Venus après ceux de Messahel et de Ouyahia, premier ministre, les propos de Ould Abbès confirment à coup sûr une tendance, celle du parti pris contre le Maroc sous l’angle du trafic de drogue, faute de pouvoir l’agresser sur le plan politique, économique, diplomatique et stratégique. On se prend à rêver qu’un diplomate comme Messahel, dont le cynisme et une certaine brutalité nous rappellent Mohamed Bedjaoui, son lointain prédécesseur, reconnaisse autrement la nécessité de mettre en œuvre une solution politique pour un règlement du dossier du Sahara. C’est-à-dire l’Initiative d’autonomie que le Maroc a présentée en avril 2007 aux Nations unies et qu’aussi bien Moscou, Washington , Paris que Madrid ont soutenue à raison. Qu’il dise que toute « négociation » – on n’en est pas là encore – ou discussion préliminaire doit associer le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario. La présence de l’Algérie y est d’autant plus nécessaire qu’elle s’est toujours considérée comme un acteur central du différend. Mieux : elle a crée et le problème du Sahara, et le fantôche polisario, jouant la duplicité, affirmant tantôt n’être « qu’intéressée », tantôt « concernée » alors qu’elle est impliquée.
Faut-il le souligner encore ? Le Maroc, Etat souverain de 14 siècles, reconnu par les Nations unies et les 193 nations qui les composent, ne peut engager de dialogue et encore moins de négociations avec un mouvement séparatiste de moins de 42 ans, créé ex-nihilo pour contester son intégrité territoriale. Le postulat suggéré et défendu par l’Algérie dans ce sens n’est rien d’autre qu’une duplicité de plus, un cynique piège tendu à notre pays.
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