Débâcle de la nouvelle stratégie diplomatique d’Alger
Par Taieb Dekkar*
Déterminés à changer le cours du processus amorcé par le Conseil de sécurité, depuis 2007, les «envoyés spéciaux» algériens, nouvelle formule consacrée par la junte pour mener cette bataille jusqu’au bout, ont essuyé un échec retentissant hier vendredi 29 octobre 2021 à New York.
Les «envoyés spéciaux», jusqu’à jeudi, affichaient un optimisme démesuré, quant à l’issue des délibérations du Conseil de sécurité, suspendues pour quelques jours et donc repoussées à cause de ce que Alger présentait comme étant des réserves de Moscou et du Kenya sur le draft présenté par les Etats-unis.
Les exigences, sinon les conditions posées par «les envoyés spéciaux» algériens, pour la relance du processus de paix sur des bases nouvelles, étaient ambitieuses et devaient théoriquement chambouler complètement les données, en faveur des thèses éculées de notre voisin de l’Est. Alger comptait évidemment sur l’impact et l’influence des lobbys américains mobilisés à cet effet, contre plusieurs millions de dollars, éjectés par la fenêtre, en cette période de disette en Algérie, où le citoyen algérien est condamné à attendre des heures durant, dans de longues files d’attente pour se procurer un sac de pommes de terre, de semoule ou encore un carton de lait, sous la surveillance des gendarmes.
Les «envoyés spéciaux», sous la férule d’un diplomate «chevronné», dit Ramtane Laamamra, rappelé à la rescousse pour ses gloires d’antan, entendaient remettre la pendule à Zero, en enterrant définitivement l’option qui se dessinait depuis 2007 pour le règlement de ce conflit artificiel, en d’autres termes, celle de l’autonomie. Autre perspective, dont rêvaient ces diplomates «aguerris» algériens, l’abandon du format des tables rondes, auxquelles naturellement participe déjà l’Algérie, en tant que partie prenante.
En d’autres termes, renvoyer le processus de paix cinq décennies en arrière, ce que le Conseil de sécurité de l’ONU, ne pouvait en aucun cas valider, car il s’git pour lui d’avancer, de progresser, non pas de revenir en arrière, cinquante ans, dans un processus déjà enclenché et dont les résultats approchent de la fin.
Avec un background sinistre, en matière des droits de l’homme, marqué par le massacre de plus de 200.000 algériens et la disparition de plus de 20.000 autres, la répression du Hirak et les arrestations multiples de ses animateurs, la gouvernance militaire du pays, l’autarcie de l’Algérie au Maghreb, la rupture des relations diplomatiques avec le Royaume et la fermeture des frontières terrestres depuis belle lurette, l’Algérie ne pouvait convaincre plus personne de sa volonté d’inscrire les droits de l’homme au chapitre des activités de la MINURSO. Un pays qui refuse depuis 50 ans le recensement des populations séquestrées des camps de Tindouf, ne peut prétendre à vouloir contrôler les droits de l’homme dans d’autres contrées, lorsque lui-même fournit un exemple peu reluisant notoirement connu de par le monde.
Encore faut-il que les envoyés spéciaux en soient conscients eux-mêmes !
L’Algérie est désormais au pied du mur. Le Conseil de sécurité, à l’unanimité, puisque la Russie elle-même, allié de l’Algérie, ne s’est pas opposée au vote de la résolution, enjoint l’Algérie de s’engager dans le processus de paix, tel que défini dans la résolution, et tout manquement ou défaut de collaboration serait considéré, désormais, comme une entrave à la paix dans la région. La résolution dément par ailleurs l’ensemble des vociférations algériennes sur les violations du cessez-le-feu à Guerguerat, la situation de guerre…
Il ya lieu de saluer les membres du Conseil de sécurité qui ont tous voté la résolution, notamment les membres permanents. Quant à la Tunisie, son vote reste insignifiant et sans aucun impact.
*journaliste et écrivain