« Débarrassez-nous de vos gueules ! »
L’un des traits caractéristiques fondamentaux du mental marocain est cet indéracinable fatalisme qui fait dire au pauvre comme au riche : « On ne manque de rien (même) si l’on a rien » (makhasnach, ma’andnach).
Cette posture de l’existence provient d’une foi inébranlable en la magnanimité de la Providence qui est, elle-même, un double héritage de la «Jma’a » amazighe et de la notion islamo-maraboutique d’ « Attakafoul » (la solidarité de l’Oumma).
Hélas, cette posture optimiste, où l’espérance en des jours meilleurs résiste aux aléas divers et variés, s’est trouvée, depuis près d’une décennie, sérieusement malmenée et surtout lâchement instrumentalisée par une classe politique opportuniste et, à maints égards, antipatriotique.
Conduite par les islamistes, cette classe éminemment politicienne s’est illustrée par des turpitudes à l’ampleur inédite dans l’histoire du Maroc indépendant. A une ahurissante incompétence se sont adjoints la boulimie rentière, l’islamisme « tartuffaire », des mœurs abjectes, sans compter une indigence inouïe de l’imagination.
A l’heure où l’économie mondiale est mise à genoux par la malédiction « covidienne », où des bouleversements technologiques cinétiques ont abouti à une quasi ubiquité – on peut être présent par le son et l’image simultanément à Casablanca et à New York ! –, abolissant ainsi sévèrement le temps et l’espace, frappant de plein fouet le quotidien de nos contemporains, les dirigeants islamo-rétrogrades persistent, à l’échelle nationale comme au niveaux régional et communal, à s’abriter derrière un phrasé cornique, essentiellement médinois, dûment décontextualisé, pour abuser de la crédulité d’un peuple profondément attaché à son héritage spirituel et ethnoculturel.
Des décisions hâtives frôlant le ridicule, des résolutions irresponsables précipitant des centaines de Marocains vers la mort, des libéralités avec le droit tous azimuts, des mensonges à tout-va, une gestion calamiteuse des crises sociales, un déficit chronique de réactivité face à la détresse des couches défavorisées et aux sonnettes d’alarme du Chef de l’Etat…tel est le désastreux bilan d’une décennie ainsi soustraite à l’histoire de la Nation.
Le Roi ne s’y est pas trompé en validant la faillite de l’enseignement, la désuétude du modèle de développement ainsi qu’une foultitude de carences sociales, principalement éducatives et sanitaires, les unes aussi révoltantes que les autres.
Or, les trois secteurs stratégiques que sont l’éducation, la santé et la justice sociale n’ont cessé de se dégrader crescendo depuis une décennie. Loin d’y apporter le moindre correctif, les gouvernements Benkirane et El Othmani ont gaillardement laissé la situation de ces secteurs fondamentaux se tuméfier dangereusement, tout en pavoisant, et, toute honte bue, en criant réussite, comme l’a fait El Othmani en hurlant au parlement son désormais célèbre « Nous avons réussi…la réussite » !
Pourtant, au registre de l’éducation, le Souverain n’a-t-il pas sermonné le gouvernement piloté par les islamistes dès sa seconde année d’exercice (2012) en ces termes : « Nous invitons le gouvernement à œuvrer dans ce sens en mettant l’accent sur la nécessaire réhabilitation de l’école publique et la mise à niveau de l’enseignement privé dans un esprit de synergie et de complémentarité » ?
Et que font les islamistes depuis leur assaut électoral sur le gouvernement ? Ni plus ni moins la mise en pièces systématique et systémique de l’enseignement public au profit d’un enseignement privé investi par leurs hordes, par leur voracité entrepreneuriale et par leur fond doctrinal rétrograde !
D’ailleurs, dans le même discours, le Roi alerte sur la détresse de la jeunesse : « La situation de nos jeunes reste insatisfaisante. Parmi eux, nombreux sont ceux qui souffrent de l’exclusion, du chômage et se trouvent dans l’impossibilité de finir leurs études, parfois même d’accéder aux services sociaux de base. De plus, le système d’éducation et de formation ne remplit pas efficacement son rôle dans la mise à niveau et l’insertion socio-économique des jeunes ».
Au chapitre de la santé, les retards se sont greffés aux retards au point où la typologie des détresses sanitaires a littéralement changé en pire. On accouche désormais dans la rue ; on meurt davantage dans les urgences ; le taux de couverture sociale de la population dépasse à peine les 50%.
Quant à la justice sociale, elle reste un vœu pieux dans un pays où le gouvernement islamo-hétérogène continue à mettre en avant la fatalité prétendument divine : « Dieu a favorisé les uns d’entre vous par rapport aux autres dans la répartition de Ses dons » (71 Sourate XVI-Les Abeilles) !
Cinq ans plus tard, la situation s’est dégradée au point que le Souverain se trouva acculé à rappeler à leurs devoirs et au gouvernement et à la classe politique tout entière en ces termes : « Aujourd’hui, les Marocains veulent que leurs enfants bénéficient d’un enseignement de qualité (…) qui leur permette d’accéder au marché du travail, et de s’y insérer aisément, et qui contribue à la promotion individuelle et collective. Et non un enseignement qui fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de diplômés chômeurs. Les Marocains ont également besoin d’une justice équitable et efficace; ils ont besoin d’une Administration à leur service et au service de l’intérêt général, incitant à l’investissement, stimulant le processus de développement, loin de toute forme de clientélisme, de corruption et de prévarication ».
Autisme total des « bons entendeurs » !
Puis vint la pandémie « covidienne » et ses dégâts collatéraux sur le quotidien des Marocains !
Si le Roi fut parmi les rares et premiers chefs d’Etat à faire montre d’une proactivité précoce à l’encontre du Covid-19 au moyen d’une batterie de mesures préventives et socioéconomiques audacieuses, le gouvernement et les collectivités territoriales dirigés par les islamistes n’ont assuré aucun relais dynamique assurant le succès des mesures volontaristes royales.
L’improvisation et les postures cyclothymiques gouvernementales ont démontré avec éclat l’incompétence, la mauvaise foi et l’inefficacité de ces « élites » verbeuses tapis derrière un magma théo-doctrinal des plus régressifs. A telle enseigne que la légèreté d’El Othmani et son pléthorique et pathétique gouvernement ont précipité parfois les Marocains vers des situations particulièrement périlleuses. Qui ne se rappelle pas de la fermeture inopinée des villes, sous quatre petites heures, poussant des centaines de milliers de nos concitoyens vers des routes vite transformées en tombeaux ouverts ? Qui ne se rappelle pas de la décision de prolongation des mesures coercitives un certain dimanche soir à 22 h ?
En vérité, une décennie aura amplement suffi à conforter tout démocrate digne de ce nom dans l’idée que l’islamisme prétendument « light » qui pilote le gouvernement depuis la mise en route de la Constitution de 2011 est bel et bien nocif et que sa toxicité a amplement aliéné le projet modernitaire et démocratique national.
Aussi, une chronique n’engageant moralement et intellectuellement que son auteur, m’adresserais-je, le cœur lourd et la gorge nouée, à ce gouvernement d’incompétents et de faux dévots en ces termes : « Les Marocains en ont marre ! Pliez bagages si vous ne voulez pas conduire le pays vers une implosion sociale, l’Etat vers la déconfiture institutionnelle et la Nation vers le non-destin !
« Si tel est votre objectif, d’ailleurs à peine voilé bien qu’éclatant de ses velléités d’archaïsme – le précédent chef de gouvernement ne s’était-il pas targué de son attachement à la pensée d’Ibn-taymiyia ?-, alors vous êtes bel et bien des adeptes de la funeste théorie du chaos telle prônée par l’agenda impérialiste que l’on sait et qui a mis à genoux la sphère arabe de Sanâa à Tripoli !
« Si vos intentions sont bassement mercantiles, et que vous vous jouez du destin de tout un peuple pour des visées de type mafieux, alors votre départ devient une urgentissime nécessité de salut public !
« Maintenant que vous vous êtes copieusement goinfrés, faisant perdre au Royaume tant et tant de rendez-vous avec l’histoire, tant et tant d’opportunités développementales noyées dans votre malfaisant opportunisme, sans compter quasiment une décennie perdue à jamais pour le Royaume dans la course mondiale vers l’attractivité et la compétitivité, principalement dans les marchés émergents d’Afrique, alors rhabillez-vous et déguerpissez ! Vous avez assez « mangé » !
« Jusqu’à maintenant, même s’il n’a cessé de vous recadrer, même s’il a fait montre d’une patience normative digne de son profond respect de la « normalité démocratique », le Roi a évité de recourir à des moyens constitutionnels radicaux – l’état d’exception ou pour le moins la dissolution du parlement, entre autres – pour débarrasser le pays de votre incompétence, de vos irresponsables mœurs, de votre entrisme fulgurant au cœur des pouvoirs dévolus aux grandes institutions (universités, organismes étatiques, directions centrales des ministères…etc.) et vos turpitudes.
« Mais, la situation mondiale si périlleuse, le pourrissement vertigineux des indicateurs socioéconomiques de notre pays et le moral sérieusement dégradé des ménages et des entreprises exige votre soustraction de toute urgence des manettes de la gestion du pays et même des grandes collectivités territoriales de la nation.
Quant aux Marocains dont vous avez trahi la crédulité et la foi en le Divin et en la nation, ils en sont aujourd’hui à vous hurler leur dégoût : Partez ! Oui, débarrassez-nous de vos gueules ! »