Décès de Philippe Pascal, chanteur emblématique de Marquis de Sade
Philippe Pascal, 63 ans, chanteur emblématique du groupe Marquis de Sade, légende de la new wave française, est décédé jeudi, a-t-on appris vendredi auprès de la police.
Une enquête sur les causes de la mort est en cours et la thèse du suicide est privilégiée, selon cette même source.
Le groupe Marquis de Sade s’était reformé et était revenu sur scène en 2017, après 36 ans d’absence, au départ pour un concert unique dans son fief de Rennes, avant de prolonger le plaisir avec une série de concerts en France.
Le groupe préparait même un nouvel album dont la sortie est annoncée avant l’été 2020, selon la presse locale.
« On avait fait un super concert avec eux il y a deux ans en septembre (2017). Ils étaient aux premières Trans en 1979 et c’est là qu’ils ont explosé dans les médias, et réciproquement, ils ont été le déclic », a réagi Jean-Louis Brossard, le directeur artistique du festival des Transmusicales de Rennes, très ému de ce décès.
« Ils ont commencé en 1977-1978, c’était l’esprit du punk rock très rock, ça changeait de ce que l’on écoutait avant, c’était des mecs avec de l’énergie, à l’époque il y avait Joy Division, Iggy pop. Le marquis de Sade, eux, ils étaient particuliers », explique M. Brossard.
« La scène rock perd l’une de ses plus grandes voix », a réagi sur Twitter le festival des Vieilles Charrues où le groupe s’était produit en 2018.
A l’origine le groupe Marquis de Sade n’avait duré que quatre ans (1977-1981), le temps de produire deux disques cultes, « Dantzig Twist » et « Rue de Siam ». Après la sortie du premier album, Dantzig Twist, les musiciens rennais enchaînent les concerts, en salle comme à la télévision, dont un avec les Anglais de The Cure en première partie.
Groupe froid et intellectuel, la formation trouve ses influences dans le rock new-yorkais de Television, du Velvet Underground ou des Feelies. Mais elle a aussi souvent été comparée aux Britanniques de Joy Division, du fait de la gestuelle mécanique de Philippe Pascal qui évoquait étrangement celle de Ian Curtis, chanteur du groupe de Manchester.
Leur reformation en 2017 était attendue depuis longtemps mais les différends artistiques entre le guitariste Frank Darcel et le magnétique chanteur Philippe Pascal, qui avaient fait imploser le groupe en 1981, avaient laissé planer le doute sur un possible retour du groupe un jour.
Après 1981, Darcel avait créé le groupe Octobre et façonné le son des premiers disques d’Étienne Daho. De son côté Philippe Pascal fondait le groupe Marc Seberg qui remportait un certain succès. Les autres membres avaient peu à peu abandonné la scène.
Cheveux gris mi-longs en bataille, voix enflammée, Philippe Pascal, rockeur à la silhouette élancée, n’accordait que rarement d’entretiens à la presse.
« On a été capable de se saboter il y a 38 ans, pourquoi pas s’autodétruire à nouveau maintenant », avait-il lancé, sur forme de boutade, en septembre 2018 au magazine strasbourgeois Pokaa avant un concert dans le cadre du festival Musica.
Contacté par l’AFP vendredi, Frank Darcel n’a pas souhaité réagir. « Je ne peux rien dire. A vrai dire je ne sais rien », a-t-il expliqué.
Né à le 17 mai 1956 à Sidi-Bel-Abbès (Algérie), Philippe Pascal était aussi auteur de poésies, avec « Ligne de fuite », publié en 1989, un recueil de poèmes destinés à être chantés, écrits pendant ses enregistrements pour Marc Seberg.
Avec AFP