Décolonisation du Sahara : Il y a 49 ans, l’accord tripartite de Madrid tordait le cou aux manœuvres dilatoires d’Alger

Par Hassan Alaoui

Ce jeudi 14 novembre 2024 symbolise pour nous la célébration du 49ème anniversaire des Accords de Madrid, signés par le Royaume du Maroc, l’Espagne et la Mauritanie. L’Accord dénommé tripartite, signé le 14 novembre 1975, dans la foulée du succès de la Marche verte, portait notamment sur le retrait définitif de l’Espagne franquiste du Sahara, et consistait en une partition du territoire entre le Maroc qui reprenait Saquia-al-Hamra, et la Mauritanie à laquelle était rétrocédée la partie sud, Oued Eddahab ( Rio de Oro). Le général Franco, agonisant, vivait alors ses dernières heures et l’Espagne du jeune Roi  Juan Carlos avait à cœur d’achever la décolonisation de ce territoire qu’elle avait occupé une première fois en 1884 et une seconde en 1934…

Il convient de rappeler que Boumediene, alors président de l’Algérie, avait dénoncé l’Accord tripartie de décolonisation et n’avait pas hésité à menacer – lors d’une rencontre orageuse à Bechar – le président mauritanien de l’époque, Mokhtar Ould Daddah, pour son rapprochement avec le Maroc. Les services algériens, dirigés par Kasdi Merbah, directeur central de la Sécurité militaire algérienne, natif de la ville de Fès, et ceux de Franco avaient récupéré le polisario, alors crée et financé par Kadhafi. A partir de ces dates et, déjà tous lancés dans une « guerre » larvée contre le Royaume du Maroc, s’en donnaient au complotisme qui annonçait d’ores et déjà la couleur…

La littérature des médias algériens – à commencer par l’APS –sans en démordre – nous a habitués à une irascible avanie de mensonges qui reflète davantage une méconnaissance totale et ahurissante du dossier du Sahara que de l’effet de miroir propagandiste. Créée par Houari Boumediene, cette « affaire du Sahara » constitue la plus grande escroquerie du siècle. Car, la revendication de ce territoire, occupé jusqu’en 1975 par l’Espagne, était posée par le Royaume du Maroc déjà en…1956, tout juste après la Libération de notre pays, tandis que l’Algérie, devenue indépendante seulement en 1962, ne connaissait rien, mais alors strictement rien à ce problème.

Une revendication officielle déposée par le Maroc en 1963 relançait de nouveau l’affaire de restitution de notre territoire et, encore une fois, Boumediene  n’était pas encore au pouvoir, puis qu’il attendra deux ans pour renverser Ahmed Ben Bella et s’en emparer. C’est dire aussi la monstrueuse duperie et l’imposture des héritiers de Boumediene qui passait son temps à insulter le Roi Hassan II et le peuple marocain.

« Le Maroc Pays occupant », « le Sahara, dernière colonie en Afrique » etc…, « le référendum et l’autodétermination du Sahara »…Tant de verbiage n’avait cessé depuis 1975 de nous rebattre les oreilles avec des formules ronflantes que l’agence Algérie Presse Service (APS), agence officielle algérienne – « voix de son maître » bien entendu s’exécute, ainsi que toute l’armada des médias manipulés par les services de renseignements algériens nous assommaient.

Lire aussi : Marche Verte : le Discours Royal réaffirme la position ferme du Maroc sur la question du Sahara (expert espagnol)

Depuis le déclenchement officiel de « l’affaire du Sahara » en 1975, les gouvernements algériens qui se sont succédé jusqu’ici, leurs services et leurs propagandistes, tous dans un même mouvement de mystification, n’ont cessé de jouer sur une confusion majeure. Celle de l’usage ou du mésusage volontaire du concept de décolonisation. Avec cette conséquence malheureuse que certains gouvernements et Etats du monde se sont laissé fourvoyer. Pis : les responsables de notre diplomatie nationale n’ont pas, voire jamais accordé une attention particulière à ce point précis, celui de la formule de décolonisation qui est à la propagande algérienne ce que l’ambition expansionniste est à une dictature. Tant et si bien que, d’une négligence à un  simple et déplorable abandon de la part de nos responsables, on arrive à ce paradoxe que ce sont les stipendiés algériens du polisario qui écrivent notre histoire, la déforment à leur guise et, grave,  l’utilisent contre nous.

L’irrésistible fantasme d’accession à l’Atlantique

Passe encore que notre dossier est à peine bien défendu, qu’il change de mains et d’acteurs ; mais qu’un point essentiel comme celui du processus de décolonisation fasse l’objet d’une violation sémantique à dessein, d’une ignorance de notre part et serve d’argument à nos adversaires patentés, voilà qui nous révulse. Le dossier du Sahara n’a jamais opposé que le seul Maroc et la seule Algérie, celle-ci l’utilisant depuis le début – 1975 – comme une « guerre de tranchées » avec l’objectif (in)avoué de s’approprier un territoire, bel et bien marocain depuis la nuit des temps, d’y installer une « république fantoche », la pseudo « rasd » et de s’accaparer de ses richesses, sans compter l’irascible rage d’encercler le Maroc dans ses frontières méridionales, par l’Atlantique et à ses frontières à l’est…

Autrement dit, toute la géopolitique peaufinée depuis des siècles par nos Rois et notre histoire, tomberait dans l’escarcelle d’une Algérie qui, non contente de posséder en abondance pétrole et gaz, d’avoir multiplié par dix sa superficie en accaparant au moins six ou sept territoires marocains du sud-est, voudrait encore , outre le Sahara oriental, mettre la main sur celui appelé « occidental » et sur ses ressources. En fait donc de « décolonisation » que les gouvernements algériens n’ont cessé d’agiter depuis quarante-huit ans maintenant, il s’agit d’un projet criminel de recolonisation des provinces du sud marocain par l’Algérie. Une resucée de l’occupation française, la continuité de celle-ci, son héritage en quelque sorte. La théorie des Nations unies, défendue par la 4ème Commission chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation, est de faciliter l’accession des « peuples coloniaux » à l’autonomie. C’est inscrit et bel et bien exprimé par les législateurs et juristes de l’organisation internationale. Mieux : la Quatrième commission de l’ONU, dans le cas de différend opposant une puissance occupante et un pays revendiquant un territoire – comme ce fut le cas explicite de l’Espagne et du Maroc – , apporte officiellement son soutien à toute solution, à toute formule négociée, autrement dit elle entérine ce qu’on appelle de nos jours la « solution politique consensuelle » !

Le 14 novembre 1975, après deux semaines marathoniennes et alors que le général Franco agonisait,  le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie ont signé l’Accord tripartite de Madrid. Sa finalité ? Ni plus, ni moins que rétrocéder le territoire du Sahara marocain que l’Espagne occupa en deux temps, à la fin du XIXème siècle et en 1930. Cet accord illustrait une décolonisation en bonne et due forme, sans guerre ni effusion de sang. Il s’inscrivait dans la droite ligne de la doctrine de l’ONU. Que les dirigeants algériens, sans foi ni loi, l’aient combattu avec acharnement relève d’un  singulier cynisme.

Pourquoi ? Parce que la même Algérie – tout à l’honneur de son peuple –  n’a pas seulement combattu glorieusement pour arracher son indépendance, mais elle a négocié deux années durant avec la France, à Melun, à Evian ensuite et Dieu sait que la séquence des négociations sur le volet du Sahara algérien a constitué une dure partie, parce que les représentants du GPRA ( Gouvernement provisoire de la République algérienne) avaient pour consigne de ne « céder aucun pouce » du Sahara…En juillet 1962, l’Algérie a accédé à l’indépendance et ses dirigeants ignoraient jusqu’à la revendication du Maroc sur son Sahara, déposée sur les bureaux des Nations unies. Quant au polisario, instrument crée ex nihilo par les prédécesseurs du DRS en 1974, personne ne contestera que ses dirigeants sont originaires du Maroc, ni plus ni moins, manipulés et devenus créatures des services algériens… 

La perfide contradiction algérienne

Pourquoi donc ce qui était bon pour l’Algérie avec la France, ne le pourrait être pour le Maroc avec l’Espagne ?  Pourquoi le Maroc ne serait-il pas dans son droit et dans « ses bottes », comme l’est une Algérie qui, au mépris du bon voisinage avec le Maroc, s’épuise à lui contester son Sahara ? D’autant plus que l’Espagne en colonisant le Sahara marocain n’avait pas trouvé un territoire vide, sans âme et sans vie, mais des populations qui ont été de tous temps attachés aux Rois du Maroc, accomplissaient leurs prières au nom du Sultan, échangeaient avec une monnaie frappée à l’effigie du même Sultan, bref toute une histoire et une mémoire façonnées dans une interdépendance qui n’a jamais fait défaut…

Invoquer encore la décolonisation du Sahara marocain, répandre cette folle qualification d’un « Maroc colonial », occulter la vérité historique et politique au nom d’un expansionnisme qui ne dit pas, mais dissimule mal son nom, se contredire eu égard au principe de décolonisation négociée tient in fine du machiavélisme de mauvais aloi. La décolonisation du Sahara marocain a obéi au principe de négociation directe, entre la puissance occupante et l’ayant-droit qui n’est autre que le Maroc, le seul pays qui a eu à faire face à deux empires coloniaux, la France et l’Espagne, qui a dû négocier à deux reprises sa libération avec des puissances différentes…

Le Maroc a considérablement investi au Sahara depuis sa libération en 1975, et cette année 2016 verra la mise en œuvre d’un programme de dizaines et plus de milliards de dirhams qui sont mobilisés pour doter les provinces du sud de chantiers majeurs…Exactement dans l’esprit de cette créature dénommée 4ème Commission dans sa charte qui stipule que dans le cadre de la négociation directe entre deux parties, l’une occupante – l’Espagne à l’époque – et l’autre revendiquant la décolonisation du territoire, le Maroc ici, il n’y a plus de contrainte, de remise en cause par qui que ce soit. Le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne avaient donc  signé l’Accord de Madrid le 14 novembre 1975 sans coup férir, appuyé de surcroît sur l’Avis favorable au Maroc rendu par la Cour internationale de Justice de La Haye, un mois plus tôt,  le 15 octobre de la même année.

Il ne restait alors plus à Boumediene qu’avaler la couleuvre, admettre ou se démettre, la règle de droit ayant plus que prévalu.

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