Déconfinement : Les propriétaires des cafés dans les villes touristiques en paieront-ils le prix ?
Dans le cadre de la préparation d’une reprise économique réussie, le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique a annoncé que les propriétaires de cafés et restaurants pourront reprendre leur activité à partir du vendredi 29 mai, mais uniquement pour les services “à emporter” et les livraisons à domicile. Cette décision n’était pas appréciée par les propriétaires. MAROC DIPLOMATIQUE décrypte le comment et le pourquoi de ce refus.
Au moment où les autorités locales et le corps sanitaire travaillent d’arrache-pied pour l’endiguement de la propagation de Covid-19, le gouvernement marocain prépare toujours les mesures et les plans de « sauvetage » au profit des secteurs les plus gravement touchés, notamment le secteur commercial. A quelques jours de la levée du confinement, les propriétaires des cafés et des restaurants souffrent le martyr avec les charges qui pèsent lourdement sur leurs investissements.
En réaction à l’annonce du ministère de tutelle, l’Association nationale des propriétaires des cafés et restaurants (ANPCR) a dénoncé, dans un communiqué, tout ce qui circule sur les réseaux sociaux appelant à reprendre le travail des propriétaires des cafés et restaurants au Maroc, arguant de la gravité de la situation de ce secteur d’activité en ces temps de confinement.
Sachant que la situation est très critique et que la santé des Marocains prime, MAROC DIPLOMATIQUE a contacté Mostapha, propriétaire d’un café à Tétouan, pour avoir une idée sur sa façon de travailler sous cette pression due à la pandémie, ainsi que sur les réels problèmes de leur activité, notamment dans les villes touristiques qui perdent leurs points dans l’économie nationale.
Ce café se trouve dans le centre de la ville de Martil, qui reçoit chaque an des milliers de touristes nationaux et internationaux. Mais avec l’arrêt de l’activité et le confinement, cet été sera le casse-tête des propriétaires de ce type de projet. Il n’y aura pas peut-être la même invasion des touristes que les dernières années à cause de l’angoisse et de la méfiance des gens à cause de la pandémie de Covid-19.
Mostapha nous confie : « Nous avons ouvert le café, mais j’ai trouvé plusieurs difficultés. Nous sommes dans le flou total. Je compte réduire le nombre de mes employés non déclarés à la CNSS, d’autant plus que j’ai plus de 6 échéances d’impôts à payer (terrasse, hygiène,…) ». Et d’ajouter que « Déjà, en temps normal, nous faisions nos gains seulement durant l’été, grâce aux touristes, mais maintenant, j’ai plus de 10.000 Dh à payer par mois. Comment je vais survivre et surmonter cette crise avec un service de livraison ou bien « à emporter » ? »
Le ministère de l’Industrie a précisé, dans son communiqué, que les propriétaires doivent organiser le travail en réduisant le nombre d’employés et en respectant les règles de distanciation entre les clients et les employés. Selon Mostapha, la réduction du nombre d’employés est inévitable, en ces moments difficiles : « J’espère que le gouvernement va être à l’écoute de ce secteur d’activités pour trouver une solution commune à ces types de projet qui seront gravement impactés après le déconfinement ».