Découverte de manuscrits Amazighs anciens dans les montagnes de l’Atlas
Dans les montagnes reculées de l’Atlas au Maroc, une découverte exceptionnelle a été réalisée par l’antiquaire Hamza Elbahraoui et l’ancien professeur Igor Kliakhandler. Ces chercheurs ont mis au jour une impressionnante collection de manuscrits amazighs, connus sous le nom d’« arrates ». Ces documents juridiques, datant de plusieurs siècles, offrent un éclairage inédit sur les structures sociales, économiques et juridiques des communautés amazighes de la région.
Les arrates, découverts dans divers états de conservation, étaient disséminés dans les salles abandonnées d’anciens greniers fortifiés appelés « agadirs ». Ces zones de stockage, utilisées par les familles amazighes pour un usage commun, pouvaient contenir jusqu’à 300 caves. Les chercheurs estiment qu’il existe entre 25 000 et 100 000 chambres de ce type dans les montagnes de l’Atlas, dont seulement 1 à 2 % ont été explorées.
Les arrates sont rédigés sur du bois et du papier, la majorité étant constituée de tablettes de bois fabriquées à partir d’arganiers locaux. On estime qu’il existe au moins 100 000 arrates en bois, avec un total possible de 500 000. En outre, entre 40 000 et 150 000 arrates de papier auraient été produits. L’analyse des textes révèle que ces documents couvrent un large éventail de sujets, notamment les transactions immobilières, les accords matrimoniaux, les prêts, les héritages et les accords intertribaux. Cette découverte est particulièrement précieuse car elle apporte un nouvel aperçu du fonctionnement de la communauté amazighe et du rôle du droit coutumier.
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Malgré leur valeur culturelle et historique, les arrates sont restés largement méconnus et sous-exposés. Cette situation est attribuée à la marginalisation des communautés amazighes et à la domination des récits panarabes dans l’Afrique du Nord postcoloniale. Les chercheurs soulignent donc le besoin urgent de préserver et d’étudier ces manuscrits, car de nombreux documents risquent de se détériorer en raison de l’exposition aux éléments et d’un stockage inadéquat.
Actuellement, les chercheurs numérisent leur collection privée de plus de 4 000 archives, avec l’intention de les rendre publiques à l’avenir. La découverte des arrates marque une étape importante dans les études amazighes et pourrait profondément changer la compréhension de l’histoire et du patrimoine culturel de la région.