Défense : l’accord franco-italien endommagé par une question de confiance
L’Italie a récemment opposé son veto à un accord entre la France et l’entreprise Safran, soulignant ainsi les difficultés de la consolidation de la défense au sein de l’Union européenne. Cette décision a suscité des interrogations sur les motivations de l’Italie et a relancé les tensions dans les relations franco-italiennes en matière de défense.
Lorsque le gouvernement italien a évoqué une « menace exceptionnelle » pour la sécurité nationale, les spéculations allaient bon train quant à la nationalité de l’entreprise en question. Beaucoup auraient pensé à une entreprise chinoise ou russe, pourtant il s’agit du français Safran, une entreprise aérospatiale et de défense qui fournit d’importants programmes militaires européens tels que l’Eurofighter.
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Safran a proposé d’acquérir les activités de commandes de vol et d’actionnement de Collins Aerospace, propriétaire de la société italienne Microtecnica spécialisée dans la fabrication d’actionneurs de commandes de vol. Bien que cette acquisition ne représente que 15 % du chiffre d’affaires de Safran, l’Italie a résolument bloqué l’accord. Cette décision a surpris de nombreux observateurs, car Microtecnica est détenue depuis près de 40 ans par des sociétés américaines et le gouvernement français détient 11 % du capital de Safran, ce qui en fait un allié de l’UE.
Cette récente décision n’est que le dernier épisode d’une série de tensions dans les relations franco-italiennes en matière de défense. Les relations ont été glaciales depuis que la France et l’Allemagne ont lancé un futur programme d’avions de combat en 2017, excluant ainsi l’Italie, qui se considérait pourtant comme un acteur majeur dans ce domaine. De plus, une tentative d’acquisition du chantier naval français Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri a également provoqué des frictions entre les deux pays.
Outre une éventuelle volonté de revanche, l’Italie a consulté le gouvernement allemand et exprimé des inquiétudes quant à la continuité des approvisionnements des programmes d’avions de combat Eurofighter et Tornado. Étant donné que Safran fournit également son concurrent majeur, l’avion de combat Rafale de Dassault, cette situation pourrait être perçue comme un risque pour l’Italie. On peut également envisager que les réserves allemandes et italiennes soient motivées par leur volonté de garantir leur souveraineté dans les capacités de défense critiques, notamment en ce qui concerne les commandes de vol et l’actionnement.