Dégradation de la note sud-africaine: Zuma charge son argentier de proposer des solutions pour sortir de la crise
Au milieu des craintes suscitées par la dégradation vendredi dernier de la note souveraine sud-africaine par l’une des plus influentes agences internationales, le président sud-africain Jacob Zuma a chargé, lundi, son ministre des Finances de trouver les moyens de faire sortir le pays de sa crise économique et financière.
La présidence sud-africaine a exprimé, dans un communiqué, son engagement à répondre aux craintes exprimées par Standard & Poor’s (S&P), qui a procédé à l’abaissement de la note sud-africaine au niveau spéculatif en raison de la dégradation des finances publiques de ce pays plombé par un affaiblissement alarmant de la croissance. La note sud-africaine passe ainsi de BBB- à BB+ (spéculatif), avec une perspective stable.
En même temps, l’autre agence de notation, Moody’s, a quant à elle décidé de placer la situation de l’économie sud-africaine sous supervision en attendant les développements dans ce pays, notamment la conférence que l’ANC, au pouvoir, tiendra en décembre prochain pour élire un nouveau leader en remplacement du président Zuma.
S&P a expliqué que les décisions économiques prises durant les dernières années par les autorités sud-africaines ont porté essentiellement sur la redistribution du revenu national plutôt que sur sa croissance. En raison de ces décisions, l’économie a stagné et sa compétitivité internationale s’est érodée, a dit l’agence. La dégradation de la note sud-africaine devra accentuer les pressions dans ce pays dont l’économie tourne au ralenti depuis plusieurs mois. En 2017, le PIB de ce pays, présenté comme l’un des plus industrialisés du continent africain, devra réaliser une croissance quasi-nulle de 0,7 pc.
Il s’agit d’un taux en-deçà des attentes d’un pays où le chômage affecte plus de 27 pc de la population et où la pauvreté s’est aggravée pour toucher presque la moitié d’une population globale de 56 millions d’âmes. Dans son communiqué, la présidence sud-africaine a indiqué que Zuma a chargé le ministre des Finances, Malusi Gigabi, de proposer, dans sa prochaine déclaration gouvernementale sur la situation budgétaire qui sera présentée en février prochain, des mesures concrètes pour relever les défis que le pays affronte. Ces mesures doivent réaffirmer l’engagement du gouvernement à maintenir un cadre fiscal stable.
Selon une analyse émanant de la banque d’investissement Investec, la dégradation de la note sud-africaine risque d’entraîner une contraction de plus de 1 pc durant le premier trimestre de 2018. Les problèmes économiques de l’Afrique du Sud sont accentués par l’incertitude politique qui brouille la trajectoire du pays en raison des divisions qui déchirent le parti de l’ANC. Ces divisions sont attribuées, selon les analystes, à la mauvaise gestion et aux scandales politico-financiers dans lesquels le président Jacob Zuma s’est embourbé avant et après son arrivée au pouvoir il y a près de dix ans.