Délivrance de visas français: Des chiffres qui contrastent avec la réalité politique
La Direction générale de l’immigration en France (DGEF), relevant du ministère français de l’Intérieur et de l’Outre-mer, a publié jeudi ses chiffres clés relatifs notamment à la délivrance de visas aux étrangers. Des chiffres qui restent toutefois « provisoires » en attendant la version définitive qui sera publiée en juin 2023.
Il semble donc que le nombre de visas demandés et délivrés en 2022 ait augmenté, après deux ans de flux migratoires fortement contraints par la crise de la pandémie de Covid-19.
Or, malgré la forte augmentation des visas demandés (+137,7%) et délivrés (+137,1%), les volumes sont la moitié de ceux d’avant la crise, explique-t-on. Ainsi, les consulats français ont reçu l’an dernier 2 336 299 demandes de visa, dont 500 433 ont été refusées et 1 738 151 visas ont été délivrés.
Par nationalité, le classement est dominé par les Indiens avec 158 619 visas délivrés, soit +250% par rapport à 2021. Les Marocains occupent la deuxième place, avec 142 921 visas délivrés, +105,9% par rapport à 2021 Cette année-là, la France a délivré 69 408 visas aux Marocains contre 346 032 visas en 2019.
Les Algériens occupent la troisième place (131.264 visas, +106,2%), devant les Turcs (103.310, +136,6%) et les Chinois (99.579, +325%), ajoute le document. « En 2022, le plus grand nombre de visas délivrés correspondent aux citoyens indiens, devant le Maroc et l’Algérie. Les deux premières nationalités des titulaires de visas français avant la crise chinoise et russe ont connu des augmentations significatives au cours de l’année écoulée mais restent loin des niveaux de 2019 », précise la DGEF.
« Malgré une dynamique prononcée en 2022, les trois nationalités maghrébines (Maroc, Algérie, Tunisie) représentant 360.821 visas, ont ajouté 766.299 en 2019, soit plus du double », ajoute la même source.
Tout au long de l’année 2022, plusieurs cas de refus de visa par les consulats de France au Maroc ont été signalés, à commencer par des étudiants ayant raté la rentrée faute de visa. En décembre 2022, la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en visite officielle à Rabat, annonçait la fin du contentieux des visas avec le Maroc et le rétablissement des relations consulaires en matière de migration.
Crise consulaire dépassée selon Paris
E, septembre 2021, Le gouvernement français a réduit de moitié le nombre de visas accordés aux Marocains, Algériens et Tunisiens de 30 %. Le gouvernement français avait argumenté sa décision de limiter les visas par « une décision drastique et sans précédent », arguant qu’il était nécessaire car ces pays ne faisaient pas assez pour reprendre les migrants expulsés de France.
Suite à cette décision, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que la décision était injustifiée et « ne reflète pas la réalité de la coopération consulaire dans la lutte contre la migration irrégulière ». L’Algérie a qualifié la réduction de visa d' »acte malheureux » qui avait semé la confusion.
La décision du gouvernement sur les visas a été annoncée le jour même où la candidate d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré qu’elle convoquerait un référendum proposant des limites drastiques à l’immigration si elle était élue. Les politiciens français de droite et d’extrême droite ont accusé Emmanuel Macron, qui devrait se présenter aux élections en avril 2022, d’avoir tenté de faire des gestes soudains et durs en matière d’immigration auprès des électeurs de droite.
Dégel selon Paris
S’exprimant à Rabat aux côtés de son homologue Nasser Bourita, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a déclaré le 16 décembre qu’il était temps « d’écrire une nouvelle page ensemble ». Elle a déclaré que les pays étaient revenus à une « pleine coopération consulaire »