Des experts débattent à Rabat de la construction avec les matériaux locaux pour faire face aux séismes et au réchauffement climatique
Un panel diversifié d’experts et ingénieurs marocains et étrangers se sont penchés, samedi à Rabat, sur les bonnes pratiques en matière d’éco-construction à même de servir de référence pour les efforts de reconstruction des régions sinistrées par le séisme du 8 septembre dernier.
Lors d’une journée d’étude sous le thème « Construire avec les matériaux locaux pour faire face au double défi du séisme et du réchauffement climatique », la deuxième qu’organise l’Académie du Royaume du Maroc en moins d’un mois, les participants ont débattu de l’importance de préserver l’identité architecturale locale des régions affectées, tout en réfléchissant à des méthodes ingénieuses pour moderniser ces régions sans abandonner les matériaux de construction locaux, reconnus pour leur résistance tant aux aléas climatiques qu’aux secousses sismiques.
Dans une allocution d’ouverture, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a indiqué que cette rencontre représente une occasion de réfléchir de manière pratique à des solutions concrètes et adaptées aux spécificités des régions affectées, en particulier les zones montagneuses et villages enclavés du Haut Atlas, soulignant la complexité du défi à relever, qui ne se limite pas uniquement à la reconstruction, mais prend en compte les conséquences du réchauffement climatique à l’échelle mondiale.
La réflexion autour de ces problématiques techniques, menée lors de cette journée d’étude, est guidée par des communications scientifiques présentées par un panel diversifié d’experts en ingénierie, économie, anthropologie, archéologie, sociologie, aménagement urbain, géographie, histoire et arts architecturaux, a-t-il précisé.
M. Lahjomri a souligné que la planification rigoureuse et la coordination entre l’ensemble des intervenants concernés et l’Agence de développement Grand Atlas, qui supervisera la mise en œuvre du programme de reconstruction et de mise à niveau générale des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, sont conformes à la Vision sage et clairvoyante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, exprimée dans le Discours Royal à l’occasion de l’ouverture de la première session de l’année législative en cours.
Il a, à cette occasion, rappelé les recommandations de la première journée d’étude sur le thème « Penser les horizons de dignité après le séisme », qui préconisent de poursuivre la réflexion théorique et pratique afin d’adapter les techniques modernes de reconstruction aux particularités des lieux et à la complexité des configurations spatiales des villages ou villes impactés par le séisme.
Pour sa part, l’architecte et anthropologue Salima Naji a appelé à la sauvegarde de l’identité architecturale de ces localités et à réfléchir à leur modernisation, tout en préservant leurs spécificités consistant en l’utilisation de matériaux locaux de pierre, de terre et de bois, lesquels donnent aux constructions une durabilité et une résistance aux aléas climatiques, sans oublier leur résilience aux séismes et leur recyclabilité.
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Mme Naji a passé en revue des expériences et des modèles de reconstruction à la lumière d’un nouvel aménagement de l’espace qui tient compte de ses spécificités architecturales, culturelles, sociales et économiques, sous une supervision technique et architecturale qui respecte le patrimoine de la zone et son environnement singulier, avec un financement local mobilisé par l’Initiative nationale du développement humain (INDH).
Elle a souligné que toute reconstruction devrait prendre en considération la préservation du lien de l’humain à l’espace, l’adaptation au climat et aux pratiques de vie locales. Il s’agit, a-t-elle ajouté, d’un système d’éco-construction novateur qui allie exigences de la modernité et matériaux historiques issus de la terre et de la pierre, fournissant ainsi un modèle alternatif mettant à contribution des ouvriers de construction locaux, des entreprises spécialisées et des architectes.
Et d’ajouter que la force de ce modèle réside dans les résultats concrets obtenus, précisant que l’utilisation de matériaux et intrants modernes dans la construction présentent le risque de pollution et d’accentuation de l’effet de serre.
Les travaux de cette journée d’étude se sont articulés autour de trois tables rondes portant sur: « l’éco-construction au double défi des risques sismiques et du réchauffement climatique »; « la transmission des techniques historiques » et « les nouveaux horizons de bien-être ».
Avec MAP