Des médicaments déconseillés en France toujours présents dans les rayons
La popularité des médicaments de débouchage nasal au Maroc contraste avec leur déconseil en France en raison de leur lien avec les risques d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral (AVC). Malgré les avertissements de l’Agence française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de nombreux consommateurs marocains préfèrent se tourner vers des alternatives plus sûres à base de paracétamol et de vitamine C.
L’ANSM a mis en garde contre l’utilisation des médicaments décongestionnants nasaux contenant de la pseudoéphédrine, un composant pouvant augmenter les risques d’AVC et de crises cardiaques. Parmi ces médicaments figurent Actifed Rhume, Doliruhm Paracetamol et Humex Rhume, disponibles en comprimés oraux sans ordonnance, ainsi qu’en spray nasal sur prescription médicale. La pseudoéphédrine agit en rétrécissant les vaisseaux sanguins nasaux pour soulager la congestion, mais elle peut également affecter les vaisseaux sanguins dans d’autres parties du corps, entraînant ainsi une augmentation potentielle de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque. Cependant, malgré les préoccupations de l’Agence française, ces médicaments restent disponibles au Maroc.
Lire aussi : Sanlam s’associe à Saydalia pour faciliter la recherche de pharmacies de garde et l’information sur les médicaments
Selon les pharmaciens interrogés par les médias, ces médicaments sont très appréciés par les Marocains, en particulier pendant la période hivernale. Il est même fréquent de trouver des pharmacies en rupture de stock pour l’un des cinq médicaments à base de pseudoéphédrine commercialisés au Maroc.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a de son côté émis des avis moins stricts que l’ANSM, en déconseillant uniquement ces médicaments aux patients souffrant d’hypertension artérielle ou d’insuffisance rénale sévère ou incontrôlée. L’EMA demande également aux patients d’être conscients des symptômes possibles tels que des maux de tête sévères, des nausées, une confusion ou des troubles visuels. Cependant, l’ANSM estime que l’EMA sous-estime la gravité des effets secondaires et souligne qu’il existe des alternatives sûres pour traiter des symptômes légers tels qu’un nez bouché.
À ce jour, le ministère de la Santé n’a pas encore fait d’annonce officielle à ce sujet. La Confédération des syndicats des pharmaciens comprend cette situation tout en précisant que le département de Khalid Aït Taleb avait déjà communiqué aux professionnels de santé, il y a quelques années, suite à une mise en garde de l’ANSM concernant les risques de ces médicaments chez les patients souffrant d’hypertension artérielle ou de maladies chroniques, notamment pendant la pandémie de Covid-19.
Conformément aux recommandations, les pharmaciens devraient s’assurer d’interroger les patients sur d’éventuelles contre-indications avant de leur vendre ces médicaments. À ce jour, aucun cas officiel d’AVC provoqué par ces médicaments n’a été signalé au Maroc, selon plusieurs sources. Toutefois, certains consommateurs restent méfiants quant aux risques et préfèrent utiliser des médicaments à base de paracétamol et de vitamine C plutôt que des vasoconstricteurs.
En raison de ces préoccupations, certains pharmaciens ont choisi de retirer de leurs rayons tous les médicaments contenant de la pseudoéphédrine, afin de prévenir tout risque. Selon les spécialistes, il existe en effet des alternatives pour traiter les symptômes du rhume sans recourir à ces médicaments.