Des milliers d’Algériens manifestent contre la vague de répression qui s’abat sur le pays
Des milliers de manifestants sont sortis à nouveau dans les rues de plusieurs villes algériennes pour dénoncer la vague de répression qui s’abat sur le pays et la protestation pacifique en faveur du changement démocratique et du départ du régime.
« Libérez nos enfants ! Laissez-les jeûner avec leurs familles » ont crié les manifestants qui ont défilé au niveau des plus importantes artères de la capitale Alger.
Malgré le jeûne, ces manifestants ont investi les rues pour dénoncer les dérives des diverses institutions sécuritaires et militaires du pays, notamment les services de sécurité et les Généraux qui, selon eux, pratiquent un « terrorisme d’Etat » contre le peuple algérien.
Les slogans traditionnels du hirak, « Etat civil et non militaire », « Généraux à la poubelle » et « à bas le régime » ont été également entonné comme un chant collectif qui a uni des milliers de manifestants déterminés comme à chaque mardi et vendredi, à occuper les rues et les places publiques en dépit des menaces et intimidations des services de sécurité.
Dans d’autres villes comme Bouira, Béjaia, Tizi-Ouzou, Sétif, Constantine et Boumerdes, d’autres manifestants ont investi les rues à l’occasion de ce 115e vendredi de mobilisation populaire malgré les dizaines d’arrestations opérées chaque vendredi et mardi.
Les manifestants sortis réclamer le départ du régime ont scandé « indépendance », « nous demandons la liberté », « il n’y a pas de vote avec les corrompus », « libérez les détenus » et « Soit nous, soit vous, nous n’arrêterons pas ».
Les manifestants, qui ont aussi scandé « Oui pour la chute du pouvoir » et « A bas la mafia militaire », ont exprimé leur solidarité avec les étudiants qui ont vu leur marche avortée mardi dernier.
L’Algérie a enregistré ces dernières semaines, à quelques mois des élections législatives, une recrudescence de la répression et des interpellations des manifestations.
Plusieurs manifestants, activistes et journalistes ont été trainés devant les tribunaux cette semaine. Si certains d’entre eux ont été libérés sans poursuites judiciaires entamées à leur encontre, d’autres ont été placés sous contrôle judiciaire, comme c’est le cas du journaliste Said Boudour et de l’opposant Karim Tabbou, ou en détention provisoire à l’image de l’étudiant Massoum Mahiedddine, arrêté mardi dernier.
Cette vague de répression sans précédent a été dénoncée par plusieurs organisations algériennes et internationales dont la Ligue algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) qui a exprimé son inquiétude devant « l’escalade de la répression qui vise toutes les voix de l’opposition et du Hirak ».
Elle a exhorté le pouvoir à « l’arrêt immédiat du harcèlement et des arrestations arbitraires des militant.e.s pacifiques du Hirak, de la société politique, civile, et des journalistes ».
Pour sa part, Human Rights Watch a dénoncé, dans son dernier rapport, les autorités algériennes pour leurs répressions continues contre le Hirak et l’emprisonnement des opposants qui demandent plus de démocratie dans le pays.
L’ONG a condamné les peines de prison prononcées à l’encontre de nombreux opposants politiques s’étant exprimés de manière non violente sur les médias sociaux.
De son côté, le département d’Etat américain a, dans son rapport sur les droits de l’Homme 2020, dénoncé les violations des libertés civiles et publiques les plus basales dans le pays.
Ce document a critiqué les manœuvres du gouvernement pour censurer les médias électroniques, ainsi que lois liberticides adoptées en Algérie, dénonçant d’autres violations des droits humains liées à la torture, la détention arbitraire et au déni d’une réelle justice aux opposants politique.
Après près d’une année d’interruption à cause de la pandémie de Covid-19, les manifestations du Hirak ont repris depuis le 22 février.
Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d’une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.
( Avec MAP )