Des prières… la réponse d’Akhannouch à la sécheresse

Lors d’une séance de questions à la Chambre des conseillers, le chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch, a provoqué une vive controverse en déclarant que les Marocains devraient « remercier Dieu que les tomates soient encore disponibles après sept ans de sécheresse ». Un propos qui résonne comme un aveu d’impuissance face aux défis économiques et climatiques du pays, suscitant une incompréhension parmi la population.

Avec la flambée des prix, en particulier à l’approche du Ramadan, les propos du chef du gouvernement ont été perçus comme une déconnexion totale des réalités du quotidien des Marocains. « À Inzegane, elles se vendent entre 2,5 et 4 dirhams, alors qu’ici, les prix varient entre 4 et 7 dirhams. Quand il fera plus chaud, elles coûteront encore moins cher », a-t-il ajouté. Une affirmation qui tranche avec la réalité du marché, où de nombreux consommateurs constatent une hausse continue des prix.

Sur les réseaux sociaux, la réaction ne s’est pas fait attendre. « Dieu merci, chers compatriotes, l’oxygène est toujours gratuit malgré sept années de sécheresse », ironise un internaute. Un autre souligne : « Dans le Maroc où nous vivons, nous achetons des tomates à 8 ou 10 dirhams ». L’indignation est palpable, et beaucoup voient dans ces déclarations une répétition des maladresses verbales de M. Akhannouch.

Ce n’est pas la première fois que le chef du gouvernement est critiqué pour ses propos jugés dédaigneux. En 2019, alors ministre de l’Agriculture, il avait déclaré lors de la Foire nationale de la pomme à Midelt que les prix étaient « trop bas », provoquant un tollé au sein d’une population déjà fragilisée par la vie chère.

Lire aussi : La déclaration d’El Bouari sur la sécheresse et la fuite des poissons provoque un tollé

Ce rappel à la mémoire collective ravive aussi la campagne de boycott de 2018 qui avait visé des entreprises proches de l’élite politique, notamment Afriquia Gaz de M. Akhannouch, en signe de protestation contre la hausse du coût de la vie. Cette nouvelle polémique s’ajoute à une série de déclarations perçues comme une fuite en avant plutôt qu’une prise de responsabilité.

M. Akhannouch n’est pas le premier responsable politique à invoquer des justifications religieuses face aux crises. En septembre dernier, l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait créé l’émoi en suggérant que le séisme d’Al Haouz était une « punition divine ». Il avait ensuite réitéré ce type de propos en débattant de la Moudawana, invoquant des arguments religieux plutôt que réformistes.

Dans le cas de M. Akhannouch, l’argument climatique sert surtout à masquer un manque d’actions concrètes. « Certains agissent comme s’il s’agissait d’une question politique, mais l’agriculture ne peut pas fonctionner sans eau », a-t-il déclaré. Et de renchérir : « Ceux qui veulent mentir aux Marocains devraient plutôt prier Dieu pour qu’il pleuve ».

Une rhétorique qui a choqué, alors que les Marocains attendent des solutions tangibles plutôt que des exhortations à la prière. La sécheresse est une réalité, mais les attentes portent sur une adaptation structurelle et des mesures de soutien aux agriculteurs et aux consommateurs.

M. Akhannouch a reconnu que le cheptel national était en difficulté, et que les récentes chutes de neige ne suffiraient pas à inverser la tendance. Pourtant, il n’a avancé aucune mesure concrète pour soutenir les éleveurs.

Lors de cette même session parlementaire, il a appelé à voir « le Maroc de demain », mettant en avant les réformes en cours. Mais pour beaucoup, ce discours sonne creux. La crise de l’inflation se durcit, les Marocains peinent à se nourrir, et l’absence de solutions concrètes pèse sur leur moral.

En janvier, le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari avait lui aussi alimenté la polémique en expliquant la raréfaction des poissons par la sécheresse, insinuant que le manque de pluies faisait fuir les poissons. Une justification qui avait fait sourire autant qu’elle avait exaspéré les consommateurs.

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