Dessalement de l’eau de mer : Vers la résilience hydrique ?
Produire de l’eau potable par le biais du dessalement de l’eau de mer à Safi et El Jadida. C’est dans cette perspective que le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, mercredi à Rabat, la cérémonie de signature d’un mémorandum d’entente (MoU) et d’un contrat de concession entre l’État et le Groupe OCP.
Selon un communiqué du département du Chef du gouvernement, ce mémorandum d’entente a été signé par la ministre de l’Économie et des finances, le ministre de l’Équipement et de l’eau, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, ainsi que le président-directeur général de l’OCP.
Ce MoU revêt une importance capitale dans la concrétisation et l’accélération du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27), présenté à S.M. le Roi Mohammed VI. Il se base particulièrement sur la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles, avec une approche novatrice axée sur la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer. L’idée étant de promouvoir une gestion durable de l’eau et de relever les défis liés à son approvisionnement, tout en assurant un développement harmonieux et durable.
Alors que la sécheresse continue de battre les records, des mesures urgentes s’imposent pour faire face à la situation critique du bassin hydraulique d’Oum Er-Rbia et pour éviter tout risque de pénurie d’eau potable pour la population de la région. Ainsi, en février 2022, le gouvernement a pris la décision de mettre en place un programme complémentaire qui inclut le développement d’un partenariat stratégique avec l’OCP. L’objectif de ce partenariat est de mobiliser de manière durable et pérenne les ressources en eau en ayant recours au dessalement de l’eau de mer. Cette initiative vise à garantir un approvisionnement en eau fiable qui répondra aux besoins essentiels de la population dans la région notamment.
Si le but est aujourd’hui de faire face à cette sécheresse exceptionnelle et d’éviter toute pénurie d’eau potable pour la population de la région, un projet conjoint de dessalement d’eau de mer a été lancé en tant que mesure d’urgence. Ce projet vise à produire de l’eau potable pour approvisionner les régies de Safi et d’El Jadida, ainsi qu’à répondre aux besoins industriels de l’OCP. Il s’inscrit dans sa stratégie «neutralité eau», qui met en avant l’utilisation d’énergies vertes. L’objectif est de privilégier l’utilisation d’eaux non conventionnelles, telles que les eaux usées traitées et les eaux de mer dessalées, pour les activités industrielles de l’Office chérifien des phosphates.
Dans le détail, ce plan d’urgence prévoit une production et une livraison de 85 millions de mètres cubes par an pour la période 2023-2025, dans une première phase. Dans une seconde phase, à partir de 2026, la production et la livraison passeront à 110 millions de mètres cubes par an.
Ainsi, la production d’eau potable vise à fournir les volumes suivants : en 2023, 10 millions de mètres cubes pour la régie de Safi et 30 millions de mètres cubes pour la régie d’El Jadida. Pour les années 2024 et 2025, les objectifs sont fixés à 15 millions de mètres cubes par an pour la régie de Safi et 32 millions de mètres cubes par an pour la régie d’El Jadida. À partir de 2026, les volumes visés sont de 30 millions de mètres cubes par an pour la régie de Safi et 45 millions de mètres cubes par an pour la régie d’El Jadida.
Selon la même source, pour «la production d’eau à usage industriel, le plan d’urgence vise à assurer, à terme, la mobilisation de 35 millions de m3 d’eau dessalée traitée, par an».
À partir de 2026, les régies bénéficieront de 75 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an pour répondre aux besoins des services publics, tandis que 35 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an seront alloués à l’usage industriel de l’OCP.
Par ailleurs, le processus de dessalement de l’eau de mer aura lieu au sein de quatre unités de dessalement. Deux de ces unités se trouveront sur le site industriel de Jorf Lasfar, tandis que les deux autres seront situées à Safi.
Contrat de concession
Par la même occasion, le ministère de l’Équipement et de l’eau et la société OCP Green Water ont également signé un contrat de concession pour le dessalement des eaux de mer. Ce contrat octroie à OCP Green Water le droit de dessaler les eaux de mer afin de fournir de l’eau potable à des coûts compétitifs aux gestionnaires des services publics de distribution d’eau potable, à savoir la RADEEJ et la RADEES. De plus, il permet la fourniture d’eau industrielle au groupe OCP. Selon le communiqué, ce partenariat s’inscrit en parallèle avec les efforts continus déployés dans le domaine des technologies, de l’énergie, des coûts des intrants, ainsi que de la recherche et du développement menés à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P).
Le Chef du gouvernement a, quant à lui, souligné que l’élaboration de ce programme a été faite de manière accélérée, soit en moins de dix mois. Selon lui, «l’accord garantit l’approvisionnement en eau potable aux provinces d’El Jadida et Safi, notant que l’OCP se chargera de mener ce projet à terme».
Aziz Akhannouch a ainsi appelé l’ensemble des parties concernées à joindre leurs efforts pour assurer le succès de ce projet d’envergure. Il a souligné que ce chantier joue un rôle crucial dans la politique du Royaume visant à faire face aux problématiques liées à la rareté de l’eau.
Enfin, la supervision stratégique de ce plan d’urgence sera assurée par un comité stratégique, qui sera soutenu par un comité de suivi, conclut le communiqué.