Détentions arbitraires à Tindouf : HRW interpelle l’Algérie
Par Khadija Skalli
L’Algérie et le polisario essuient les foudres de Human Rights Watch. L’organisation de défense des droits de l’homme dénonce les détentions arbitraires des opposants sahraouis dans les camps de Tindouf et appelle à libérer les détenus.
Après un mois de silence, Human Rights Watch réagit. L’organisation internationale de défense des droits de l’homme a dénoncé, via un communiqué publié aujourd’hui mardi 16 juillet sur son site web, les détentions arbitraires opérées par le Polisario dans les rangs des opposants sahraouis. Elle appelle ainsi à la libération des détenus.
Le Polisario « devra établir de manière crédible que Bouzid, Breica et Zeidan auraient commis des actes criminels, et pas seulement avoir critiqué pacifiquement le front polisario », a déclaré Lama Fakih, la directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. « En l’absence de preuves d’activités criminelles, les trois hommes devraient être remis en liberté. », martèle-t-elle.
HRW interpelle ainsi l’Algérie à « garantir le respect des droits humains à l’intérieur des camps de Tindouf ». « L’Algérie ne peut pas sous-traiter la protection des droits humains sur son territoire, et fermer les yeux si le polisario les viole », insiste la responsable de l’ONG des droits humains.
Entre le 17 et le 19 juin 2019, les milices du polisario ont arrêté et incarcérés trois sahraouis en l’occurrence Moulay Abba Bouzid, l’un des coordinateurs de « l’Initiative sahraouie pour le changement », Fadel Mohamed Breica et Mahmoud Zeidan, des militants des droits de l’homme. « Les trois hommes sont connus comme dissidents dans les camps de Tindouf », souligne l’ONG.
Protestant contre leurs conditions de vie qualifiées de dramatiques, ces derniers ont critiqué sévèrement sur facebook le front polisario. Une initiative qui déplaît aux séparatistes. Les jeunes sahraouis pointent du doigt « l’absence de liberté d’opinion » et « de parole » à Rabouni, le manque « d’alternatives à la répression » à l’intérieur des camps de Tindouf et la « corruption ».
« Au 15 juillet, les trois hommes étaient détenus dans la prison de Dhaibiya dans le camp de Rabouni, à Tindouf, en Algérie », précise l’ONG. La même source révèle les conditions de détention des trois victimes.
« Bouzid a affirmé n’avoir été autorisé à quitter sa cellule qu’une seule fois, et avoir été interrogé à de multiples reprises les yeux bandés et les poignets menottées », relate son frère. Selon ce dernier, les milices du polisario ont mis fin à la visite au bout de cinq minutes.
La visite de l’avocat de Bouzid, le 2 juillet, s’est terminée de la même manière lorsque Bouzid a affirmé que ses interrogateurs auraient tenté de le contraindre à signer des aveux écrits.
Le 11 juillet, Bouzid affirme qu’il a été « contraint, sous la menace de torture, de signer ces aveux ».
De son côté, Fadel Mohamed Breica a confié à sa sœur Fatimatou Al Mahdi Breica qu’il aurait fait l’objet, neuf jours durant, d’interrogatoires, dans un lieu de détention secrète, pendant lesquels il était constamment « menotté, avec les yeux bandés ».