La DGAPR met en place son programme novateur Moussalaha pour enrayer l’extrémisme et le terrorisme
C’est une grande initiative que la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) s’apprête à lancer en faveur des détenus impliqués dans les affaires d’extrémisme et de terrorisme. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme Moussalaha, Réconciliation, elle s’articule sur trois axes thématiques fondamentaux : la réconciliation avec Soi ; ensuite avec le texte principiel religieux ; enfin avec la société.
Les responsables de la DGAPR soulignent que le programme Moussalaha entend assurer les conditions les meilleures de réinsertion participative des personnes qui purgent des peines pour extrémisme et terrorisme. Une approche scientifique, selon eux, caractérisera cette initiative louable qui s’inscrit dans la durée, s’attaque aux fondements du fléau du terrorisme avec suivi et une vision de long terme. La protection de la société marocaine de ce phénomène en constitue l’objectif prioritaire.
Le programme Moussalaha, que la DGAPR élabore et met en œuvre, associe les cadres et les responsables en partenariat avec la Rabita Mohammedia des Oulémas et le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Experts et spécialistes de ces questions participent également à cette initiative qui puise sa philosophie dans les hautes instructions de Sa Majesté Mohammed VI sur l’impératif de la réforme de la Justice, le renforcement du patriotisme, la reddition des comptes, la responsabilité ainsi que la préservation et la défense de la dignité des détenus que les jugements de la justice ne saurait leur dénier.
La DGAPR affiche sa conviction que ce programme significatif rejoint et complète – encore qu’il innove en plusieurs points – l’expérience passée, qui a connu un grand succès, de l’IER (Instance Equité et Réconciliation). Aujourd’hui, l’expérience nouvelle de la DGAPR peut se prévaloir à la fois d’un contexte différent, ne serait-ce que par la particularité des thèmes et la nature des défis – séparatisme et terrorisme. Unique en son genre au plan mondial, le projet de la DGAPR se caractérise par des mesures pertinentes : réévaluer les peines, humaniser les conditions de détention avec une approche pédagogique et favoriser et préparer la réinsertion des détenus, axe fort de l’administration des prisons au Maroc.
Une Commission scientifique de haut niveau
Comme il a été annoncé dès mars 2016, le programme accorde une importance capitale à la culture de réconciliation qui est à l’harmonisation sociale ce que le pilier – pour reprendre une métaphore – est à l’édifice. Les promoteurs de cette initiative ont mis en place une Commission scientifique nationale de haut niveau avec l’objectif de mettre en œuvre le programme, de le conduire à son terme
La délégation générale a par ailleurs attribué à une Commission nationale scientifique de haut niveau, l’élaboration d’une méthodologie d’application du programme selon une approche intégrée qui la distingue des programmes de dialogue et de rééducation adoptés précédemment. Ceci, considérant le programme « Moussalaha » a pour but d’encadrer les détenus et de les réhabiliter psychologiquement et intellectuellement pour les amener à se comporter de manière paisible avec les composantes de la société et ses institutions de telle sorte à assurer une intégration efficace.
La première session du programme « Moussalaha » a, d’ailleurs, été finalisée avec succès entre le 29 mai et le 25 juillet 2017 à l’établissement pénitencier d’Al Arjat . Des détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme venant des différents courants jihadistes ont bénéficié de ce programme et ont exprimé leur ferme volonté d’y participer par choix.
Le programme a ainsi été appliqué sur ses trois axes principaux à savoir, la réhabilitation religieuse par la révision des interprétations texte religieux pour consacrer les valeurs de tolérance et de tempérance, l’aspect juridique en aidant les participation à comprendre et accepter le cadre de la légalité, l’aspect réhabilitation et accompagnement psychologique en plus de la réintégration socio-économique.
Des séances de visionnage de vidéos portant les témoignages des familles victimes du terrorisme pour sensibiliser les participants sur l’impact nuisible de leurs actes sur la stabilité et de la sécurité de la société.
L’accompagnement psychologique est également assuré afin d’éviter d’accentuer le sentiment de culpabilité chez les participants qui pourrait compromettre l’ensemble du programme de rééducation. Ce programme a été couronné par un débat avec les participants afin d’évaluer leur aptitude à déconstruire le discours extrémiste. Cette évaluation faite selon des indices scientifiques précis a été positive dans son ensemble chez les participants qui ont évolué de manière remarquée sur le plan de l’affirmation de soi et de la compréhension des textes religieux ainsi que l’approche des vraies valeurs sociétales.
La délégation générale ainsi que ses partenaires ont souligné l’importance de ce programme qui n’est pas lié à une conjoncture particulière. Elle a, par ailleurs, annoncé la volonté d’assurer la continuité du programme et l’ouverture à d’autres partenariats pour lancer une deuxième édition de ce programme de réhabilitation.