Diplomatie-Sahel-Sécurité : jeu d’échec entre Paris et Bamako
Le Sahel devient-il le bourbier de la France? Le lundi 31 janvier, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop a demandé à l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, de quitter le pays. En cause, les déclarations « hostiles et scandaleuses » du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, comme l’a confirmé un porte-parole du gouvernement. Dans ce contexte très volatile, le président Macron devrait se prononcer sur le sujet en mi-février selon l’Elysée. Cependant, le désengagement de la France au Sahel est de plus en plus abordé, mais à quel prix.
L’ambassadeur de France est « pris de quitter le territoire du Mali dans les 72 heures », a indiqué lundi le gouvernement malien.
« Cette mesure fait suite aux propos hostiles et outranciers tenus par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères » et autres « propos contraires au développement des relations amicales entre les nations », a déclaré le porte-parole du gouvernement dans un communiqué. Le Sahel perturbe-t-il l’agenda politique français ?
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré avoir « pris acte » de l’expulsion et décidé de rappeler l’ambassadeur.
Les déclarations controversées proviennent d’une interview accordée à RTL le 27 janvier. « C’est la junte qui est illégitime […] qui refuse le suffrage universel, qui refuse le contrôle démocratique » après « le double coup d’État militaire d’août 2020 », a déclaré Le Drian à RTL, ajoutant que « la précipitation précipitée de la junte est inacceptable ».
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Les autorités de l’UE et Le Drian ont critiqué les liens étroits entre les autorités maliennes et le groupe paramilitaire lié à la Russie Wagner. Le Drian a qualifié les décisions du gouvernement malien « d’irresponsables ».
Toutefois, le gouvernement malien « réaffirme sa disponibilité à poursuivre le dialogue et la coopération avec tous les partenaires internationaux, dont la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence », notamment la poursuite des opérations françaises au Sahel.
Jean Yves Le-Drian persiste…
Jean Yves Le-Drian ne lâche rien contre les autorités maliennes après l’expulsion de L’ambassadeur français au Mali.
Devant le parlement français ce 1 février, le ministre des affaires étrangères français réitère que « la junte militaire malienne est illégitime ». Il enfonce et précise qu’« elle est le résultat de deux coups d’État militaire », affirme Jean Yves Le-Drian devant les parlementaires français.
Cette réaffirmation du ministre des affaires étrangères français Jean Yves Le-Drian contre les autorités maliennes est la preuve des tensions diplomatiques entre Paris et Bamako.
Cependant, cette nouvelle réaffirmation de Le-Drian risque d’aggraver la situation diplomatique entre Paris et Bamako alors que l’avenir de la force européenne Takouba et Barhkane est en jeu au Mali et dans le Sahel.
L’équation sahelienne pour Macron
Depuis l’exacerbation de la tension entre Paris et Bamako, des questionnements ont prévalu du côté de l’Elysée, qui a adopté un silence radio sur le sujet. Pour l’heure on surveillera sur quelle tribune se prononcera Emmanuel Macron, entre le président de la France, le président du Conseil de l’Europe ou le candidat à l’élection présidentielle ? En tout état de cause, « la France et les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba vont travailler d’ici la mi-février pour prévoir une adaptation de leur dispositif au Mali et généralement Sahel », a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
La situation ne peut pas rester en l’état. D’ici la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place et pour prévoir une adaptation, a-t-il déclaré sur France info.
Après 10 ans de présence au Sahel où la France a engagé d’importants moyens financiers et logistiques, avec près de 5000 hommes dont les 4000 sont au Mali, le désengagement ne se ferait toutefois pas sans difficulté. Le départ des militaires français, prendrait de nombreux mois à organiser. En outre, la relocalisation de Takuba promet d’être un casse-tête et pour combler le tout, le Niger voisin a fait savoir qu’il n’accueille pas cette task force.
C’est dans ce contexte très volatile que Macron devra déterminer la position de la France sur son avenir au Sahel.
La Norvège quitte le Sahel
L’expulsion d’un ambassadeur français du Mali et la demande du ministre des affaires étrangères malien Abdoulaye Diop à tous les pays de faire une demande écrite au président Assimi Goïta, avant tout déploiement de l’armée étrangères sur le sol malien commence à apporter des fruits. Selon les observateurs, Bamako reprend les cartes les cartes en main. Pour certains l’effet recherché c’est de faire partir la France du sol malien et laisser la place à la Russie, d’autres c’est une stratégie pour évacuer la question de la durée de la transition. Mais pour l’heure, c’est un dialogue de sourd.
De son côté, le ministre de la défense Norvégien Roger Enaksen, renonce à l’envoi des forces armées au Mali, selon une source sécuritaire rapportée par AFP.
Le ministre affirme que la situation tendue avec les autorités maliennes n’assure pas la sécurité aux forces norvégiennes, selon une source sécuritaire rapportée par AFP. C’est devant les parlementaires à Oslo que le ministre de la défense a confirmé cette situation de ce 1 février, alors que le Mail vient d’expulser l’ambassadeur français au Mali pour des propos jugés non respectueux de Jean Yves Le-Drian, contre les autorités maliennes.
Il a également exprimé son inquiétude face à l’avenir de la force européenne Takouba et Barhkane dans le Sahel.
Mouhamet NDIONGUE