Réforme du secteur de la Santé : Dr Othmane Elharmouchi appelle à la mise en place d’une politique sanitaire régionale
Après plusieurs semaines de lutte contre la pandémie du coronavirus, l’heure est venue de tirer un premier bilan. A cet effet, l’organisation nationale des professionnels de la Santé du Rassemblement national des indépendants (RNI) a préparé des propositions viables et en phase avec la réalité du secteur, en vue d’améliorer la situation de notre système de Santé, tout en revalorisant les ressources humaines qui y opèrent ainsi qu’en diagnostiquant les problèmes auxquels les patients sont confrontés.
Au Maroc, la Santé a été le premier secteur mis à l’épreuve durant cette pandémie. Malgré le manque d’infrastructures, le personnel soignant a montré un sens d’engagement qui fait honneur au service public.
Dans ce contexte, docteur Othmane Elharmouchi, vice-président de l’organisation nationale des professionnels de la Santé du Rassemblement national des indépendants (RNI), nous livre sa vision et celle de son parti autour de la réhabilitation du Système de Santé marocain.
Selon la même source, « Cette pandémie nous a démontré la compétence des professionnels de la Santé, qui se sont dévoués à servir leur patrie. Toutefois, elle a révélé que le secteur de la Santé n’est pas prêt à faire face à de telles pandémies, d’où la nécessité de revoir notre politique sanitaire. Celle-ci doit être régionalisée pour qu’elle soit en phase avec la vision de SM le Roi autour de la régionalisation avancée dans tous les domaines », indique-t-il, en expliquant qu’une politique sanitaire régionale devrait être élaborée sur la base des besoins de chaque région et selon sa spécificité, l’épidémiologie des maladies et les structures déjà présentes, en vue d’établir une certaine « équité territoriale» entre les différentes provinces.
Dans le même registre, les professionnels de Santé du RNI proposent de mettre en place des facultés de médecine dans toutes les régions du pays et suggèrent dans ce sens d’instaurer un quota pour les étudiants de chaque région pour accéder à la faculté de médecine dans celle-ci, à condition d’exercer dans cette même zone territoriale après obtention de leur diplôme.
Interrogé sur les modalités de réhabilitation du secteur de Santé, docteur Elharmouchi relève qu’il faut donner la priorité à « une véritable généralisation de l’assurance maladie » et à « une mise à niveau radicale de notre système de Santé ». Il ajoute dans ce sens qu’ « il est temps que l’assurance maladie soit généralisée sur toute la population pour que chaque citoyen marocain puisse disposer d’une couverture médicale ».
Quant à la gouvernance du secteur, cette organisation partisane propose la création d’« une agence régionale de la Santé » pour la gestion de ce département, tout en impliquant les conseils régionaux, afin de créer une certaine synergie dans la prise de décision.
Selon docteur Elharmouchi, « il faut profiter du climat de confiance qui existe aujourd’hui entre les citoyens et les politiques pour réformer ce système, afin de garantir l’accès aux soins, qui n’est pas un luxe mais un droit naturel dont tous nos concitoyens devraient jouir ».
Par ailleurs, les RNIstes appellent à la revalorisation des salaires des professionnels de la Santé. « Il est très important de redonner à nos ressources humaines leur vraie valeur, notamment, à travers une couverture médicale pour les professionnels de Santé et en essayant d’améliorer la prime des risques et la rémunération de garde, qui est très faible par rapport aux autres pays », indique ce médecin spécialiste en gynécologie, qui préconise l’instauration d’un esprit de compétitivité entre les hôpitaux, pour encourager les professionnels de la Santé à améliorer la qualité des soins, tout en appelant à l’encouragement d’un partenariat public-privé pour tous les services de base, notamment le service d’accueil, de nettoyage, d’entretien, d’analyses médicaux et de distribution de médicaments.
Dans le cadre de la digitalisation de la Santé au Maroc, la même source évoque la nécessité de développer la télémédecine. « Un Marocain vivant dans une zone enclavée devrait bénéficier des compétences médicales qui existent dans d’autres régions », fait-il savoir, en ajoutant, dans le même contexte, qu’il faudrait mettre en place « un passeport de Santé », consistant en un outil connecté à une database, contenant toutes les informations sur l’état de la Santé du patient, que les médecins vont utiliser.
En pointant du doigt les lacunes et les travers de notre système de Santé, le vice-président de cette organisation RNIste considère que «la Santé du citoyen marocain mérite notre volonté et notre courage politiques ainsi que toute notre énergie pour s’impliquer dans la création d’une vision à la hauteur des attentes du Marocain ».
Il poursuit : « Nous savons tous que ce secteur stratégique connaît de nombreux dysfonctionnements. En milieu urbain, les hôpitaux universitaires connaissent un manque en termes de moyens logistiques et en personnel soignant. Alors que dans le milieu rural, les structures n’ont pas été renouvelés depuis des décennies ».
Pour ce qui est du financement de cette restructuration du secteur de la Santé, ces professionnels RNIstes proposent l’augmentation du budget du département de la Santé à 12% du PIB au lieu de 5,5%.
« Nous avons préparé un plan établi sur 10 ans pour une remise à niveau de ce secteur afin que les générations futures puissent bénéficier d’un système de Santé digne. Cette question ne peut plus attendre, la population marocaine tend vers la hausse et elle est de plus en plus connectée, on n’a plus droit à l’erreur », conclut docteur Elharmouchi.