Drame Saïdia : Quand le régime algérien ne cache plus sa face sanguinaire

La marine algérienne a abattu, mardi soir, deux vacanciers franco-marocains lorsque leurs jet skis se sont retrouvés accidentellement dans les eaux algériennes. Suite à cet assassinat « sauvage et barbare », Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a déclaré que l’affaire faisait l’objet d’une enquête et relevait de la compétence du pouvoir judiciaire. De son côté, Paris a confirmé la mort de ses deux ressortissants. Les familles des victimes, quant à elles, appellent le gouvernement à saisir les juridictions internationales. Retour sur drame abominable signé Alger.

Les garde-côtes algériens ont, dans une confrontation tragique, abattu les deux jeunes franco-marocains dont le jet ski avait pénétré les eaux algériennes, à proximité de la station marocaine de Saïdia. Ces jeunes, prénommés Bilal Kissi et Abdelali Mechouer, ont été tués sur le coup, sous le feu nourri des gardes-côtes. Par ailleurs, un troisième jeune homme, également concerné par cette situation, a été blessé, arrêté puis conduit devant un tribunal algérien où il a été jugé et condamné à une peine de 18 mois d’emprisonnement.

Parmi le groupe initial, un autre jeune nommé Smaïl Snabé a miraculeusement échappé à ce tragique incident. Il convient de noter que ces quatre jeunes détenaient également la nationalité française.

Une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, témoigne de la découverte du corps d’une des victimes, retrouvé dans la baie de Saïdia par un pêcheur marocain. Le corps de la seconde victime demeure, quant à lui, du côté algérien de la frontière.

Algérie

Cet incident malheureux vient aggraver les tensions existantes entre le Maroc et l’Algérie. Les garde-côtes algériens sont réputés pour leur politique de répression à l’encontre des intrus, tandis que les Marocains se montrent plus tolérants. En effet, plusieurs témoignages font état de nageurs algériens ayant traversé du côté marocain sans subir de tirs.

Face à l’ampleur de cette tragédie perpétrée par les forces de l’ordre algériennes, les familles et les amis des victimes réclament que justice soit faite et condamnent avec véhémence la conduite « abominable » des autorités algériennes.

Selon plusieurs témoins, ce n’est malheureusement pas la première fois que l’armée algérienne est responsable de la mort de citoyens marocains. En effet, en octobre 2014, un soldat algérien avait tiré sur un groupe de Marocains à proximité de la frontière, blessant grièvement l’un d’entre eux. Cet incident avait été vivement condamné par le gouvernement marocain de l’époque.

« Meurtre à froid »

Un « meurtre à froid » est ainsi relaté par l’un des survivants, Mohamed Kissi, lors de son témoignage aux médias.
Selon lui, les quatre amis se trouvaient en vacances à Saïdia, une station balnéaire située à la frontière maroco-algérienne. Après s’être rendus dans un village voisin en jet ski afin de savourer un repas de poisson, ils se sont égarés lors de leur retour dans l’obscurité. De plus, leur réservoir d’essence se trouvait à son niveau très bas, les poussant ainsi, involontairement, vers les côtes algériennes.
C’est alors qu’ils ont été interceptés par un patrouilleur de la marine algérienne. Mohamed Kissi rapporte que son frère Bilal, l’une des victimes, a entamé une conversation avec les militaires, ces derniers ayant clairement constaté que ces jeunes étaient des civils désarmés. Cependant, sans sommation, ils ont ouvert le feu sur les jet-skis.

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Bilal Kissi (29 ans) et Abdelali Mechouer (40 ans) ont tragiquement été mortellement touchés. Quant au troisième jeune homme, il a été renversé par l’embarcation et blessé à la jambe. C’est d’ailleurs lui qui est actuellement détenu en Algérie. Mohamed Kissi, quant à lui, a pu échapper à cette tragédie en nageant jusqu’aux rives marocaines où il a été secouru par une patrouille de la gendarmerie, mobilisée dans le cadre des recherches entreprises pour retrouver les vacanciers disparus.
Mohamed Kissi qualifie également cet incident de « meurtre à froid » et appelle à ce que justice soit rendue pour son frère et ses amis. Il nourrit l’espoir que les responsables de ce drame soient traduits en justice et punis de manière appropriée.

Le porte-parole du gouvernement réagit

Le gouvernement s’est prononcé aujourd’hui, pour la première fois, sur la fusillade.
Le porte-parole du gouvernement, MustaphaBaitas, a déclaré que l’affaire faisait l’objet d’une enquête et relevait de la compétence du pouvoir judiciaire.
Il n’a donné aucun autre détail sur l’incident ni sur la réponse du gouvernement.
Baitas, ayant pris la parole après le Conseil des ministres qui s’est tenu aujourd’hui, a qualifié l’armée algérienne de « voisin oriental », un terme faisant généralement référence aux relations tendues entre les deux pays.
L’un des survivants a été opéré mercredi alors que l’état de santé du jeune arrêté inhumainement, est inconnu.

L’ancien boxeur, Abdelkrim Kissi accuse le régime algérien d’un « assassinat délibéré »

Un des deux citoyens d’origine franco-marocaine assassiné par la marine algérienne est le cousin de l’ancien boxeur et acteur belgo-marocain Abdelkrim Kissi, connu principalement pour sa participation dans des films d’action avec Jean Claude Van Damme.
Sur Facebook, l’ancien boxeur a écrit que son cousin Bilal avait été touché par au moins cinq balles et que sa famille avait déjà perdu des membres en raison de la violence exercée par la police frontalière algérienne. Aussi accuse-t-il le régime algérien d’avoir commis un « meurtre délibéré » et de nourrir une « haine » envers les Marocains.

Kissi a ainsi appelé les autorités marocaines à porter cette affaire devant les instances internationales et à mettre fin aux « pratiques inhumaines » du régime algérien envers les Marocains depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Bilal Kissi a été enterré à Bni Drar

Les funérailles de Bilal se sont déroulées en présence de nombreux parents, amis et connaissances. Bilal Kissi, âgé de 29 ans, laisse derrière lui deux petites filles, dont l’une a moins de sept mois.
Selon Mohamed Kissi, frère de Bilal et survivant du drame, les militaires algériens savaient parfaitement qu’ils avaient affaire à des embarcations de plaisance non armées, égarées en mer avec un réservoir vide. « Ils ont très bien vu que nous n’étions pas armés, mon frère leur a parlé et malgré cela, ils ont quand même ouvert le feu », a-t-il déclaré.


Les garde-côtes algériens avaient d’abord demandé aux quatre vacanciers de faire demi-tour et leur avaient expliqué que Saïdia se trouvait de l’autre côté. Cependant, dès cet instant, les balles ont commencé à pleuvoir.
Après les obsèques de Bilal, les proches d’Abdelali Mechouer ont demandé la récupération de son corps. Ils ont également exigé la libération de Smaïl Snabé, toujours en vie et détenu en Algérie.

Le Quai d’Orsay « a avisé » le parquet français

Les services consulaires français ont été informés de l’incident. Ce vendredi, la France a confirmé la mort d’un Français et «l’incarcération d’un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants», alors que des médias marocains ont affirmé, jeudi, que deux vacanciers franco-marocains auraient été tués par des garde-côtes algériens, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.
«Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien», précise-t-on dans un communiqué. «Nous sommes en contact avec les autorités marocaines et algériennes. Le parquet a été avisé», a également indiqué une porte-parole du ministère.
L’incident a suscité une vive réaction en France, avec de nombreux citoyens exprimant leur tristesse et leur préoccupation quant à la sécurité des ressortissants français à l’étranger. Les autorités françaises sont déterminées à apporter des réponses aux familles des victimes et à prendre les mesures appropriées pour garantir la sécurité de tous les ressortissants français à l’étranger.

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