Droits antidumping US sur les avions « CSeries » : Bombardier dénonce une application de certaines lois américaines
L’avionneur canadien Bombardier a dénoncé, vendredi, dans le cadre du conflit l’opposant à Boeing, les droits antidumping préliminaires imposés par le Département américain du Commerce sur les avions « CSeries », soulignant qu’il s’agit d’une application « excessive et totalement inappropriée » de certaines lois américaines.
« Nous sommes en profond désaccord avec la décision préliminaire du département du Commerce US. Celle-ci relève d’une application excessive et totalement inappropriée de certaines lois américaines visant de toute évidence à empêcher les avions CSeries d’accéder au marché des Etats-Unis, sans égard aux impacts négatifs sur l’industrie aéronautique, les emplois, les compagnies aériennes et les voyageurs américains« , a déploré Bombardier dans un communiqué.
La « CSeries » de Bombardier a été de nouveau ciblée par le Département américain du Commerce, qui lui a infligé des droits antidumping préliminaires de 79,82 pc, qui viennent s’ajouter aux droits compensatoires de 220 pc précédemment imposés par le même département sur les mêmes appareils.
Les deux sanctions du Département US découlent de la même plainte du géant Boeing, qui accuse Bombardier d’avoir bénéficié de fonds publics et d’avoir ainsi pu vendre à des prix très bas des appareils de la « CSeries » à la compagnie « Delta Airlines ».
« L’approche du département du Commerce pendant toute cette enquête a fait complètement abstraction des réalités de l’industrie aéronautique« , a souligné la firme canadienne, qui a soutenu qu’elle demeure confiante qu’à la fin du processus, la Commission du commerce international des Etats-Unis tirera les conclusions qui s’imposent, c’est-à-dire que les avions « CSeries » contribuent positivement à l’industrie aéronautique américaine et que Boeing n’a subi aucun préjudice.
Et Bombardier de soutenir que cette démarche menace également des milliers d’emplois dans les hautes technologies aux Etats-Unis, étant donné la part élevée de contenu américain qui entre dans la production des avions « CSeries », sachant qu’au cours des prochaines années, le programme « CSeries » va générer 30 milliards de dollars d’activités pour des fournisseurs américains et soutiendra plus de 22.700 emplois aux Etats-Unis.
De son côté, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a fait part de son « extrême déception » suite à cette décision, notant que les secteurs de l’aérospatiale du Canada et des Etats-Unis sont fortement intégrés.
« Nous sommes extrêmement déçus par la décision préliminaire prise par le département du Commerce américain dans le cadre de l’enquête en matière de droits antidumping liés à l’exportation d’avions gros porteurs en provenance du Canada. Nous sommes également complètement en désaccord avec cette décision« , a déclaré Mme Freeland.
« Les secteurs de l’aérospatiale du Canada et des Etats-Unis sont fortement intégrés. Ces secteurs soutiennent des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne des deux pays et aident à renforcer la compétitivité globale du secteur nord-américain de l’aérospatiale« , a-t-elle ajouté dans un communiqué.
La cheffe de la diplomatie canadienne a, en outre, déploré que ces droits antidumping imposés aux aéronefs de la « CSeries » ciblent « injustement » le secteur très innovateur de l’aérospatiale au Canada, ainsi que plus de 200.000 personnes qui y travaillent, notant que ces droits « mettent aussi en péril près de 23.000 emplois américains qui dépendent de Bombardier et de ses fournisseurs ».
Selon Mme Freeland, Boeing « manipule le mécanisme de recours commerciaux des Etats-Unis pour empêcher le nouvel aéronef de la série C de Bombardier d’avoir accès au marché américain, et ce, malgré le fait que Boeing ait admis qu’il ne s’agit pas d’un appareil qui fait concurrence à ses activités« .
Dans ce sens, elle a soutenu que le gouvernement d’Ottawa continuera de défendre vigoureusement les intérêts du secteur canadien de l’aérospatiale et de ses employés contre les pratiques commerciales « irresponsables et protectionnistes », et de soulever la question auprès de Boeing et des échelons supérieurs du gouvernement américain.
Cette nouvelle décision intervient alors que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, effectuera les 10 et 11 octobre une visite aux Etats-Unis, au cours de laquelle il rencontrera le président Donald Trump, pour discuter d’enjeux importants pour les deux pays, notamment l’importante relation commerciale et économique qu’entretiennent Ottawa et Washington.