Du 20 au 27 octobre, le soufisme à l’honneur. Faouzi Skali explique
Du 20 au 27 octobre, le soufisme est à l’honneur, l’Association Festival de Fès de la culture soufie organise sa 11ième édition, occasion pour la rédaction de Maroc diplomatique d’interviewer Monsieur Faouzi Skali, président de l’Association.
Cette 11ième édition du Festival de Fès de la culture soufie porte le thème « Présence du soufisme » pourquoi cette expression et quelle valeur vous lui avez donné ?
On s’interroge sur la réalité de la présence du soufisme dans le monde d’aujourd’hui. Le patrimoine culturel du soufisme est considérable d’un point de vue historique, d’un point de vue de l’accumulation de ce patrimoine à travers des siècles extrêmement important et diversifié à travers le monde.
Mais on peut s’interroger sur la réalité et l’impact de cette présence par rapport à notre culture contemporaine et ce qui est tout à fait remarquable, c’est que nous pensons, pour notre part, que cette présence est réelle mais qu’elle n’est pas suffisamment comprise ni perçue. Donc nous cherchons à rendre perceptible cette réalité, et, de ce fait, nous avons voulu analyser en invitant un grand nombre de conférenciers qui soient des praticiens du soufisme, des chercheurs, des auteurs ou simplement des personnes qui en tant qu’être aiment cette culture.
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C’est dans ce cadre que nous avons voulu réunir une cinquantaine de conférenciers pendant quasiment une dizaine de jours dans la grande medersa Bou Inania. Là aussi, c’est une symbolique particulière très importante puisqu’il y a une espèce de lien d’articulation qui se fait entre la présence actuelle et ce qui est porté par le passé, à travers l’histoire, et en l’occurrence cette medersa qui est du 14ième siècle.
Tout cela nous amène à réfléchir sur les possibilités d’envisager un renouveau de la civilisation de l’Islam. Et comment cette civilisation peut redevenir fertile dans tout le sens du terme. Et nous pensons que ce logiciel culturel du soufisme est fondamental pour cela.
Justement quel peut-être le rôle du soufisme dans la vie sociale et par extension chez une personne ?
D’abord c’est une nourriture spirituelle fondamentale. Vous savez à une époque exacerbée et je dirai même d’extrémisme matérialiste, il y a un dessèchement de l’intériorité, i y a presque une absence de prise en compte de cette vie intérieure et donc le soufisme vient nous apporter quelque chose d’extrêmement important.
Il vient nous apporter la possibilité de penser l’articulation entre la vie intérieure et la vie extérieure, et c’est considérable. C’est-à-dire qu’en général, lorsqu’on agit on écoute l’extérieur mais, une action qui manque de souffle, qui manque cette dimension de paix, de sérénité, de sensation, d’être en réconciliation avec soi-même, elle manque de saveur et là, nous pourrons faire beaucoup de choses mais il nous manquera l’essentiel.
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Cette possibilité d’articuler ces deux dimensions fait que le soufisme apporte quelque chose de concret aux questions qui sont les nôtres dans notre époque, c’est-à-dire d’apporter une âme, d’apporter une transcendance, d’apporter un sens à la vie qui est la nôtre actuellement. Finalement, c’est derrière l’expression « présence du soufisme » que tout cela est envisagé. Cela veut dire comment ce soufisme, par sa présence visible ou invisible, peut apporter ce complément de sens qui est néanmoins fondamental dans la vie d’aujourd’hui qui est devenu une vie déboussolée, une vie de crise.
Mais dans la réalité, la crise est, véritablement d’abord et avant tout, spirituelle. Quand on aura compris tout cela, je pense qu’on pourra commencer à repenser la reconstruction d’un vivre ensemble basée sur des valeurs différentes avec des priorités différentes où ce n’est pas seulement le matériel et le matériel seul qui a la priorité absolue mais, que les valeurs d’humanité et les valeurs de solidarité, de simplicité, de liberté intérieure, d’accomplissement de soi, ce sens dont nous parlions tout à l’heure reviennent à leur place, qui est celle d’être fondamental au cœur de l’homme mais au cœur de la société.
Nous avons vu que vous avez invité des profils divers et plusieurs nationalités, qu’est-ce qui explique cette diversification des choix ?
Par ce que le soufisme le permet. C’est très important. Le soufisme permet d’avoir cette articulation entre des diversités extrêmement importantes aussi bien humaines intellectuelles que culturelles. Il est très rare de pouvoir imaginer une matrice culturelle qui, par définition, suscite cette possibilité d’être ensemble et de vivre ensemble dans la diversité et la singularité de chacun.
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C’est par ce que ce logiciel permet cela qu’il devient porteur d’une possibilité de renouveau car, aujourd’hui une des questions essentielles que l’on se pose c’est qu’est-ce qui pourrait encore nous permettre de vivre ensemble et par quel lien culturel et social nous le pouvons réaliser. Donc le soufisme donne des réponses à cela et pas simplement à ceux qui sont dans le soufisme mais également en créant des liens entre ceux qui sont dans cet espace du soufisme, de la civilisation de l’Islam et toutes les autres cultures et toutes les autres civilisations.