Éducation : La réforme suite et pas fin…
Par Meryem Idrissi
Le 5 juillet, le Chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, était invité au Parlement en séance plénière. L’un des points de l’ordre du jour était la problématique question de l’Éducation où le Maroc, depuis plusieurs années, peine à asseoir une bonne politique claire et consensuelle avec tous les acteurs du système éducatif. L’un des moments forts de sa communication a été de reconnaître que le système éducatif marocain était confronté à un problème « complexe et multidimensionnel ».
La situation du système éducatif serait préoccupante, selon les déclarations du Chef de gouvernement, qui a cependant adopté un air optimiste. M. Aziz Akhannouch a détaillé les nombreuses faiblesses du système éducatif du royaume, dans son discours aux députés, mardi 5 juillet 2022, mais s’est limité à mettre l’accent sur des « solutions » qui, selon lui, avaient déjà été décrites par le ministre de l’Éducation, M. Chakib Benmoussa.
Selon le Chef de gouvernement, le système éducatif est dans une « crise multidimensionnelle », notamment au préscolaire, au primaire et au collège. Pour M. Aziz Akhannouch, les principales faiblesses de l’école maternelle sont le manque de salles équipées et de cadres qualifiés, surtout en milieu rural.
Quant au primaire, les problèmes sont beaucoup plus nombreux, dont le taux d’abandon qui atteint des niveaux alarmants. Chaque année, 300.000 élèves quittent leurs écoles, soit 7,86 % de tous les élèves passant par ce niveau d’enseignement (3.814.438 en 2021).
De plus, seulement 30 % des élèves du primaire acquièrent des compétences de base. Au collège, ce pourcentage tombe à seulement 10%, ce qui entraîne une sous-performance pour la majorité des élèves, a déclaré M.Akhannouch. « Cela remet en cause la qualité de l’enseignement », explique-t-il.
« Nous sommes convaincus que la situation éducative actuelle est en deçà des attentes de Sa Majesté le Roi et du peuple marocain », a-t-il reconnu au Parlement.
Le Plan Akhannouch-Benmoussa
Quant aux solutions proposées pour sortir de cette situation de crise, le Chef de gouvernement M. Akhannouch s’est appuyé sur les solutions élaborées par le ministre de l’Éducation – et ancien président de la Commission spéciale pour le Nouveau Modèle de Développement (CSMD) – M. Chakib Benmoussa, sans faire référence aux différents programmes de réformes et des projets qui ont précédé l’adoption avec la naissance du NMD, dont l’évolution de sa mise en œuvre reste inconnue.
Pour M. Akahnnouch, les solutions proposées par le gouvernement peuvent se résumer en quatre points principaux :
Feuille de route 2022-2026 : Il s’agit d’un plan d’action approuvé par le ministère de Chakib Benmoussa qui couvrira le reste de cette législature et portera sur la réforme de l’Éducation nationale. Il repose sur trois piliers, à savoir le programme gouvernemental, la loi-cadre sur l’Éducation et le NMD élaboré par la Commission présidée par le ministre lui-même.
Accord-cadre relatif à la mise en œuvre du programme de formation des enseignants du primaire et du secondaire, auquel une enveloppe de quatre milliards de dirhams sera allouée. L’accord permettra de former 50.000 enseignants d’ici 2025.
Augmentation du budget alloué au ministère de l’Éducation. En 2022, il a atteint 62,451 milliards de dirhams, soit une augmentation de 3,591 milliards de dirhams par rapport à l’année précédente.
Lutte contre le décrochage scolaire : Le Chef du gouvernement s’est engagé à concentrer les efforts sur les zones rurales, notamment en développant les infrastructures scolaires, en les rapprochant des bénéficiaires et en améliorant les services d’accompagnement social « dans le but de surmonter les barrières socio-économiques qui empêchent l’accès ou empêchent la continuité du parcours scolaire ».
Levée de bouclierdes parlementaires
La réforme de l’éducation a été vivement critiquée par les parlementaires.
Comment va se poursuivre la vision stratégique 2015-2030 ? S’interrogent les députés. « Au lieu de continuer à mettre en œuvre le projet de Vision Stratégique de l’Éducation 2015-2030, adopté en Conseil des Ministres présidé par le Roi et bénéficiant du soutien de divers acteurs politiques, ce gouvernement a choisi de négliger ce chantier et d’engager de nouvelles délibérations pour renverser, ce qui ne fera que nous faire perdre du temps de travail politique », a déclaré le Mouvement populaire au Parlement.