Elargissement de l’Union européenne : bientôt 29 Etats membres ?
Alors que le dernier Président Jean-Claude Juncker annonçait lors de sa désignation à la tête de la Commission, qu’aucun élargissement ne serait prévu sous 5 ans, voilà que les discussions sont relancées, pour la Macédoine du Nord et l’Albanie, 5 ans après. Un certain nombre de questionnements se posent néanmoins, alors que les 27 se remettent tout juste de leur plus grande crise, le Brexit.
L’adhésion à l’Union européenne : un long processus
Régie par les critères de Copenhague, l’adhésion d’un Etat à l’Union européenne peut s’avérer être un processus très long et contraignant. A titre d’exemple, le cas emblématique de la Turquie qui a déposé sa candidature en 1987 et officiellement candidate depuis 1999. Si tout Etat situé sur le continent européen à la possibilité de demander l’adhésion à l’UE, toutefois, n’adhère pas à cet ensemble qui veut. Les règles européennes supposent qu’un Etat candidat respecte un certain nombre de critères, d’ordre politique (respect de l’Etat de droit, de la démocratie…) d’ordre économique (présence d’une économie de marché viable…) et qu’il applique ce que l’on appelle l’acquis communautaire, à savoir la capacité à assumer les obligations découlant de l’adhésion. Bien que le dernier élargissement date d’il y a 6 ans, avec l’adhésion de la Croatie, ce processus a été fortement remis en question ces dernières années, lorsque certains pays de l’Est (notamment du groupe Višegrad) ont fait preuve d’un manque de solidarité lors de la crise des réfugiés, et ont enfreint un certain nombre de valeurs fondamentales de l’UE, comme le respect de l’Etat de droit en Pologne. Outre ces évènements, la situation économique de certains pays, a amené les responsables à questionner l’efficacité de ce mécanisme d’adhésion.
Macédoine du Nord et Albanie, les bons élèves
Parmi tous les Etats candidats à l’adhésion (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Kosovo, Macédoine du Nord et Turquie) la Macédoine du Nord et l’Albanie se sont distingués pour leurs efforts remarquables, ce qui leur a valu des discussions sur le lancement des négociations. Le Commissaire européen chargé de la Politique Européenne de Voisinage, Johannes Hahn, a déclaré que « La Macédoine du Nord a non seulement poursuivi son ambitieux programme de réformes, mais elle est parvenue à conclure avec la Grèce un accord historique mettant fin à un différend de 27 ans concernant son nom, un bel exemple pour la région tout entière et même au-delà. L’Albanie procède à des réformes en profondeur, notamment à une transformation majeure de son système judiciaire. Tous ces efforts témoignent du pouvoir d’attraction qu’exerce l’Union européenne.» Ces déclarations sont plutôt bon signe pour ces Etats, du moins jusqu’à ce qu’une nouvelle division ne survienne.
Nouveaux désaccords au sein de l’UE
Une fois de plus, les 27 ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les négociations d’élargissement vers les Balkans occidentaux bloquent en raison de l’opposition de la France le 15 octobre, lors d’une réunion des Ministres des Affaires Etrangères. Une « lourde erreur » selon Juncker et la représentation Polonaise au sein de l’UE, qui a estimé que «la Macédoine du Nord et l’Albanie ont fait ce que l’on attendait d’eux et c’est maintenant à l’UE de tenir parole. Beaucoup de choses sont dites à propos des valeurs européennes et il est donc important pour l’Europe de garder sa crédibilité dans cette affaire». Suite aux remarques de ces partenaires et des tensions dans le couple franco-allemand sur le sujet, Macron a déclaré qu’il n’était pas opposé à cette adhésion, mais que l’instrument avait besoin d’être révisé. Selon lui, il est primordial de « consolider d’abord l’Europe à 27 avant d’envisager l’intégration de nouveaux Etats » mais surtout, de définir « quelques éléments ces pays notamment sur le plan migratoire ».
Espoir de relance ou coup fatal pour l’Europe ?
A l’heure où la Russie réinvestit dans les Balkans pour étendre son influence, l’adhésion de ces pays peut être vue comme un nouveau momentum pour contrer les montées extrémistes et eurosceptiques en Europe. Les pays candidats ne cessent de manifester leur euro-optimisme et voient leur adhésion comme une chance pour relancer l’Europe. D’autres, perçoivent cette adhésion comme un danger. Les élargissements des pays de l’Est dans les années 2000 ont suscité des controverses quelques années plus tard. Certains craignent que la problématique de délocalisation, comme celle « du plombier polonais » se reproduise. Enfin, certains dirigeants estiment que la réaction de Macron, à de forte chance de créer davantage de division, un signal négatif a été envoyé aux pays candidats qui pourraient penser que l’Europe se fiche de leurs efforts.
Certains experts affirment que ces pays intégreront l’UE quoi qu’il arrive, reste à déterminer les modalités de la réforme de l’élargissement et si ces pays seront aptes à y répondre, ou bien leur candidature trainera de la même façon que pour les autres pays, au grand bonheur des grandes puissances qui étendent leur influence sur le continent.