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Emploi en Afrique : débat sur la formation et la productivité

À Casablanca, un événement a eu lieu le 15 avril 2025, organisé par CFC INSIGHTS, pour la présentation du rapport « Dynamiques de développement en Afrique 2024 : Compétences, Emplois & Productivité », réalisé en collaboration avec l’OCDE et l’Union africaine. L’événement, organisé au siège du Conseil régional de Casablanca-Settat, a été l’occasion pour les acteurs du secteur public et privé de partager leurs visions sur les défis du développement africain. À ce sujet, M. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a souligné l’importance de l’adaptation des compétences aux nouveaux défis économiques, affirmant : « Les grands chantiers d’infrastructure sont des leviers essentiels pour créer des emplois et renforcer la compétitivité du Maroc et de l’Afrique ».

L’Afrique, avec sa population jeune et dynamique, possède un potentiel unique pour devenir un moteur de croissance mondiale. Toutefois, pour que ce potentiel devienne une réalité économique tangible, il est impératif de relever plusieurs défis structurels, notamment en matière de formation, d’emploi et de productivité.

Lors de l’événement, M. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a insisté sur la nécessité de renforcer l’adéquation entre les formations et les nouveaux métiers émergents. « Les grands projets d’infrastructure, notamment ceux liés à la transition énergétique, tels que le dessalement de l’eau ou les investissements dans les énergies renouvelables, génèrent des milliers d’emplois et stimulent l’innovation technologique », a-t-il souligné. Il a également plaidé pour un renforcement des synergies public-privé afin d’aligner les formations aux besoins du marché : « Nous avons besoin d’ingénieurs et de professionnels qualifiés pour répondre aux défis environnementaux et technologiques de demain. Cela nécessite un investissement constant dans la formation et l’innovation ».

Un autre levier stratégique évoqué dans le rapport concerne les partenariats public-privé. Lamia Merzouki, directrice générale adjointe de Casablanca Finance City, a présenté le modèle de CFC comme un exemple de hub économique favorisant la mobilité des talents à l’échelle continentale. Les entreprises membres peuvent recruter librement des profils issus de plus de 70 nationalités, illustrant ainsi l’impact positif d’un écosystème ouvert et intégré.

Elle a également évoqué la création prochaine de l’Africa Finance and Sustainability Institute, un institut de formation destiné à offrir des certifications internationales dans les domaines de la finance et du développement durable. Ce type d’initiative pourrait jouer un rôle crucial pour améliorer la qualité des compétences disponibles sur le continent.

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Former autrement pour répondre aux réalités du marché

L’un des constats majeurs du rapport est la nécessité urgente d’améliorer l’adéquation entre les compétences acquises par les jeunes africains et les besoins réels du marché du travail. Dr. Arthur Minsat, économiste senior à l’OCDE et spécialiste des politiques économiques africaines, a souligné l’écart croissant entre les aspirations professionnelles des jeunes et les débouchés existants : « Environ 80 % des jeunes en Afrique souhaitent accéder à des emplois de qualité, mais une grande majorité se retrouve dans le secteur informel ou en situation de sous-emploi ».

Ce décalage est particulièrement marqué en Afrique du Nord, où, malgré une scolarisation relativement élevée, la qualité de l’apprentissage ne permet pas toujours de répondre aux exigences du monde professionnel. Le rapport plaide ainsi pour un renforcement de l’enseignement technique et professionnel, avec des formations davantage orientées vers les secteurs porteurs comme le numérique, les énergies renouvelables ou encore les métiers de l’eau.

Avec une population dont l’âge médian est de 19 ans et qui devrait doubler d’ici 2040, l’Afrique entre dans une phase démographique décisive. Ce dynamisme peut devenir un avantage comparatif majeur, à condition d’investir massivement dans l’éducation, la formation et l’intégration professionnelle des jeunes.

Cependant, comme l’a rappelé Dr. Minsat, la fuite des cerveaux reste une problématique critique. Les talents africains les plus qualifiés, notamment dans les domaines scientifiques ou techniques, partent souvent à l’étranger en raison du manque d’opportunités locales. Pour inverser cette tendance, il est essentiel de développer des industries compétitives capables de capter et retenir ces profils.

Le processus d’industrialisation est ainsi présenté comme une priorité stratégique : il permettrait non seulement de créer des emplois qualifiés, mais aussi de favoriser la transformation des ressources locales. Cela implique de renforcer l’innovation, la recherche appliquée, ainsi que les partenariats avec le secteur privé pour une meilleure insertion professionnelle.

Une inclusion encore incomplète

Le rapport met également en lumière les inégalités persistantes sur le marché du travail africain. Parmi elles figure la faible représentation des femmes dans les cursus techniques et professionnels. Seuls 22 pays africains atteignent une parité acceptable dans ces formations. Cette sous-représentation freine non seulement l’autonomisation des femmes, mais aussi le potentiel global de développement économique.

Par ailleurs, les disparités entre zones rurales et urbaines restent un frein majeur à l’accès équitable à l’éducation de qualité. Le manque d’infrastructures, d’enseignants qualifiés et de ressources pédagogiques dans les zones reculées limite les perspectives des jeunes issus de milieux défavorisés.

Pour combler ces écarts, le rapport recommande de s’appuyer sur des méthodes pédagogiques innovantes, une meilleure formation des enseignants et des politiques ciblées visant à réduire les inégalités sociales et territoriales.

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