Le secteur informel au Maroc représente 77,3% de la population active (BM)
Un rapport de la Banque mondiale analyse le secteur informel et ses conséquences sur la croissance inclusive dans la région MENA. Le Maroc, l’Égypte et la Tunisie sont les trois pays étudiés. Le rapport révèle que le secteur informel au Maroc est un obstacle majeur pour le développement économique et social du pays.
L’économie informelle concerne près de deux tiers des travailleurs dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Face à la remise en cause du rôle du secteur public et des subventions universelles, qui constituaient le fondement du contrat social, il est crucial de comprendre et de résoudre le problème de l’« informalité ». Selon la Banque mondiale, l’économie informelle pose plusieurs défis.
Dans son rapport, le Banque mondiale note que le Maroc représente 77,3% de la population active, sans couverture sociale ni assurance. Ce taux est nettement supérieur à celui de l’Égypte (62,5 %) et de la Tunisie (43,9 %), qui ont des caractéristiques et un potentiel comparable.
Le secteur informel affecte négativement la croissance économique, l’équité sociale et les finances publiques. Le secteur informel marocain dépasse également la moyenne régionale, avec près de deux travailleurs sur trois en situation d’informalité.
Le secteur informel limite aussi l’accès à la protection sociale et à l’assurance pour les familles, et diminue la productivité et la compétitivité de l’économie. De plus, le secteur informel révèle des problèmes structurels plus profonds, qui entraînent une croissance plus faible et moins inclusive.
Le rapport affirme que le secteur informel n’est pas une fatalité, mais qu’il résulte en grande partie de problèmes juridiques, organisationnels et institutionnels. Le rapport cite plusieurs facteurs favorisant l’informalité, comme la conception de l’assurance sociale, les systèmes et charges juridiques et fiscaux, l’application des lois et réglementations, les procédures d’enregistrement des entreprises, le règlement des différends commerciaux, l’accès au crédit, la corruption et la concurrence déloyale.
Le rapport met également en évidence deux points faibles institutionnels majeurs dans la région : les lacunes des systèmes de protection sociale et des systèmes fiscaux et d’exécution. Début 2021, le manque de contrôle a provoqué la mort d’au moins 28 personnes après l’inondation d’un atelier de couture souterrain clandestin en raison de fortes pluies et de mauvais systèmes de drainage.
Plus précisément, la Banque rappelle les véritables enjeux de la région :
Protection sociale limitée : Le manque d’accès à la couverture sociale pour une part importante des travailleurs et des ménages limite l’efficacité des systèmes de protection sociale et leur capacité à réduire les inégalités.
Obstacles à la productivité et à la croissance : L’emploi informel se concentre fortement dans les petites entreprises, ce qui peut constituer un obstacle aux économies d’échelle, à la productivité et à la croissance économique.
Contraintes budgétaires : Moins de recettes publiques sont collectées pour financer la fourniture de biens et de services publics.
Difficultés structurelles : Le poids du travail informel témoigne de problèmes structurels plus profonds au sein d’une économie, qui ralentissent la croissance et la rendent moins équitable.
Le rapport appelle à une meilleure compréhension et approche du problème de l’informalité, surtout que les gouvernements de la région s’écartent de la fourniture d’un soutien global au secteur public et à l’emploi, qui a toujours été la base du contrat social.