En route pour un « mai 68 » mondial
Par Gabriel Banon
Donald Trump, par ses excès et ses ultimatums, ses outrances diplomatiques et ses « Ukases » économiques, est en train de mettre en place toutes les conditions d’un « ras-le-bol » mondial.
Les anciens se souviennent de l’explosion populaire un certain mai 1968, véritable coup de tonnerre dans un ciel bleu jusqu’alors.
Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, il assène, tout azimut, sa doctrine « America first ».
Si consommateurs et entrepreneurs américains applaudissent le trumpisme, le reste du monde fait la grise mine avec un sentiment d’impuissance, qui souvent précède la rébellion.
Depuis plus d’un an, Donald Trump conduit sa politique économique avec les mêmes sabots que sa diplomatie. Ce mélange de brutalité, d’entêtement et de déni des intérêts des autres, est en train de remettre en question les alliances, qui jusqu’à ce jour, ont permis aux Américains d’asseoir leur hégémonie.
On doit lui reconnaître la croissance vigoureuse des Etats-Unis, son chômage au plus bas frisant le plein emploi, et Wall Street aux anges, qui bat tous les records. Mais au prix d’une croissance en berne et de l’incertitude du lendemain chez les autres, particulièrement en Europe.
La guerre commerciale qui pointe son nez avec les décisions arbitraires d’augmentations des droits de douane sur des produits majeurs pour certains pays producteurs et l’exterritorialité des sanctions américaines à l’égard de l’Iran, mettent à mal les alliances et en premier chef le pacte de l’OTAN.
Le président-entrepreneur, au ton martial et au pragmatisme absolu, va-t-il enfin ouvrir des négociations avec, en premier lieu, ses alliés de l’OTAN ? Sa méthode belliqueuse n’est pas sans risques.
Washington n’a pas encore gagné son bras de fer contre l’Europe. L’Union européenne affiche, pour le moment, une unité de façade.
Elle vient de prévenir l’OMC qu’elle est prête à riposter. Avec le Mexique et le Canada, les négociations traînent, le Brésil a reculé sur l’acier, le pistolet sur la tempe, la Corée du Sud courbe l’échine et attend la fin de la tempête. Même l’allié inconditionnel, le Japon, menace, un peu tardivement certes, de riposter.
Ce jeu risqué que mène Donald Trump peut marcher à court terme, à long terme, il y aura des dommages et des traumatismes sur la scène nationale et internationale qui mettront longtemps à se cicatriser. En attendant, il crée de l’incertitude et les projets d’investissements sont reportés.
Dès lors, les gouvernements sont prudents dans leurs réactions à l’égard de Washington. Mais la société civile ne l’entend pas toujours de la même oreille. Elle a aujourd’hui des capacités de mobilisations qui n’existaient pas avant, internet, les réseaux sociaux, etc. Aujourd’hui, les peuples se mobilisent beaucoup plus vite que les corps intermédiaires. Tous les ingrédients sont réunis, particulièrement le sentiment d’impuissance, qui ouvre la voie aux manifestations populaires et au rejet de l’Amérique.
On sait toujours comment cela commence, on ne sait jamais comment cela peut finir.