Energie: La France a accumulé en trente ans « un retard considérable »
La France a accumulé en trente ans « un retard considérable » dans sa capacité à couvrir ses besoins en énergie, notamment en électricité, selon une commission d’enquête de l’Assemblée nationale.
Dans un rapport présenté jeudi, la commission parlementaire visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de l’Hexagone fait le procès de ce qu’elle qualifie de « lente dérive » et de « divagation politique, souvent inconsciente et inconséquente » depuis le milieu des années 1990, rapportent les médias de l’Hexagone.
Fruit de 88 auditions aux allures de psychothérapie de groupe au cœur d’un hiver marqué par l’insuffisante production du parc nucléaire, le rapport souligne aussi que la France est face à « un mur énergétique inédit ».
Experts, scientifiques, dirigeants d’entreprises et d’organismes de régulation, hauts fonctionnaires, anciens ministres notamment ont été passés sur le grill depuis le 2 novembre, au fil de 150 heures d’auditions, d’après les médias locaux.
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Le document, qui formule trente recommandations, dont la plupart est largement à l’appui de la relance nucléaire annoncée par le gouvernement, y compris en soutien de la « réorganisation controversée » de la sûreté nucléaire, milite, en effet, en faveur de l’hydroélectricité et du développement des réseaux de chaleur.
Il s’en prend aussi aux « responsables publics qui ont mené un combat politique avant tout contre l’énergie nucléaire » taxés d' »hypocrisie » et attaqués pour leur action « contre les intérêts vitaux du pays ».
« Au fil des trente dernières années, notre mix énergétique a finalement peu évolué et ses fragilités se sont accrues », souligne le rapport, pointant des « dépendances multiples aux énergies fossiles importées qui se raréfient et s’épuiseront à l’horizon de quelques décennies ».
Et de critiquer le « très faible développement des moyens de maîtrise de la demande et des énergies thermiques renouvelables » comme le bois, la géothermie, les chauffe-eaux solaires, pompes à chaleur, pellets, biogaz, etc.
Dans les années 2012-2017, les prévisions de consommation électrique demandées à RTE, l’entreprise gestionnaire du réseau haute tension, ne couvraient que le court ou moyen terme, sans lien avec les objectifs climatiques pourtant bien connus, ni avec le temps long que requiert l’industrie du secteur énergétique, déplorent aussi les auteurs du rapport.
D’ailleurs, ils y voient un des facteurs qui ont conduit à « avoir sous-estimé nos besoins d’électricité », prônant donc, parmi leurs recommandations, « une loi de programmation énergie climat sur trente ans avec des objectifs climatiques, énergétiques et industriels ainsi que les moyens afférents, qui fera l’objet d’un suivi étroit et régulier par le Parlement et les institutions expertes ».
Avec MAP