Engrais: le Maroc, une alternative viable pour l’Europe
Flambée des prix des matières premières, suspension des exportations des engrais, en raison de la guerre russo-ukrainienne…autant de facteurs qui perturbent la disponibilité des engrais sur le marché mondial, contraignant ainsi l’Europe, l’un des principaux importateurs du gaz et des engrais russes, à se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement, notamment le Maroc, considéré comme une alternative viable.
L’enjeu est de taille pour l’Union européenne qui doit absolument combler son déficit en engrais en vue d’assurer sa sécurité alimentaire.
Dans ce sens, Jacob Hansen, directeur général de Fertilizers Europe, le réseau de la majorité des producteurs d’engrais en Europe a fait part, lors d’une sortie de presse tenue récemment, de ses inquiétudes quant à la sécurité alimentaire, notamment à l’approche de l’hiver.
“ Le gaz est une matière première importante pour la production de l’engrais, et l’Europe en importe près de quarante pour cent de Russie.” a-t-il déclaré. Ajoutant que « La guerre en Ukraine a conduit à la hausse des prix des engrais et sans eux nous ne pouvons pas assurer notre sécurité alimentaire. Les engrais minéraux sont utilisés dans cinquante pour cent de la production alimentaire et soixante pour cent des importations viennent de Russie et de Biélorussie », a-t-il précisé .
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L’OCP dans les radars de l’Europe
Si le contexte de crise pénalise le Maroc sur certaines denrées comme le blé, le pétrole…il le favorise, en revanche, sur d’autres. Notamment sur les engrais.
Compte tenu du contexte actuel et en vue d’assurer un approvisionnement durable en engrais, L’ Union Européenne s’est résolue à mettre en place une nouvelle stratégie qui vise à renforcer ses relations commerciales existantes.
C’est d’ailleurs ce qu’a annoncé Jacob Hansen, qui, par la même occasion,a retracé les contours de la nouvelle feuille du continent qui mise particulièrement sur le Maroc.
« La solution la plus évidente est d’acheter plus d’engrais en Afrique du Nord, en particulier au Maroc », a-t-il annoncé, lors d’une déclaration à Euractiv, soulignant que le royaume est ainsi encouragé à augmenter sa production pour combler le déficit.
Notant dans ce sens que, le Maroc représente déjà, , à travers l’office chérifien des phosphates (OCP), quarante pour cent des importations européennes de phosphate.
L’OCP a d’ailleurs déclaré, plus tôt en 2022, que le pays vise à augmenter la production d’engrais à environ onze millions de tonnes en 2022 contre dix millions de tonnes en 2021 et à ajouter trois millions de tonnes supplémentaires de capacité de production annuelle en 2023. Ainsi, une augmentation notable, dans les prochaines années, voire les mois à venir, sera attendue.
Rappelons que d’autres pays se sont tournés également vers le Maroc, comme le Brézil et le Japan.
A cet effet, le vice-ministre japonnais de l’Agriculture, Takebe Arata, a déclaré au média, lors de sa visite à Rabat, en mai dernier, que son pays cherche à importer davantage d’engrais et de phosphates du Maroc.
« Le Maroc est une puissance mondiale des phosphates. C’est la raison pour laquelle, mon pays s’est intéressé à importer une quantité considérable d’engrais. a-t-il précisé.