Enseignement supérieur : les professeurs réclament la reconnaissance de leur ancienneté
Le secteur de l’enseignement supérieur au Maroc fait face à un regain de tensions. Des enseignants-chercheurs prévoient de relancer leurs protestations pour obtenir la reconnaissance de leur ancienneté dans la fonction publique. Malgré les promesses, le ministère tarde à répondre, aggravant ainsi un climat de mécontentement.
Les tensions au sein du secteur de l’enseignement supérieur au Maroc semblent de nouveau monter, annonçant un possible nouvel épisode de protestations dans les semaines à venir. En effet, des dizaines de professeurs d’université se préparent à reprendre leurs mouvements de contestation afin de faire entendre leur mécontentement face au silence du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation et à l’absence de progrès concernant leurs revendications. Une des principales demandes est la reconnaissance de l’ancienneté des enseignants-chercheurs ayant exercé dans d’autres ministères ou départements publics avant leur recrutement dans les universités.
Selon les médias, certains enseignants-chercheurs ont exprimé leur frustration vis-à-vis de la gestion de cette question par le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, l’accusant de ne pas avoir pris position de manière significative pour faire avancer ce dossier. Bien que la coordination des professeurs universitaires ait suspendu ses protestations il y a peu, la situation reste extrêmement tendue. Un professeur protestataire a déclaré : « Le secrétaire général du syndicat n’a pas pris part à cette question, car il ne fait pas partie des concernés ». Cela montre bien la distance entre certains leaders syndicaux et les préoccupations des enseignants-chercheurs, dont les attentes demeurent insatisfaites.
La crise trouve ses racines en 2018, lorsque le Syndicat national de l’enseignement supérieur a inscrit la reconnaissance de l’ancienneté dans la fonction publique comme l’une de ses priorités. Cependant, les négociations menées sous l’égide de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, n’ont pas porté leurs fruits. En effet, l’accord initial convenu entre le ministère et le syndicat a été annulé par ce dernier, qui a également pris la décision de mettre fin aux discussions. Cette situation a alimenté la frustration des enseignants et a accentué les tensions entre les différents acteurs concernés.
Face à cette impasse, les professeurs concernés ont décidé de reprendre les manifestations après les vacances de janvier. Selon les informations relayées par les médias, Boujemaa Ouali, un membre influent de la coordination, a appelé le Syndicat national de l’enseignement supérieur à intensifier la pression sur le ministère afin de parvenir à une résolution de ce dossier. Il a également exhorté le ministre actuel de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, à prendre en compte cette revendication pour éviter une aggravation de la crise.
Depuis plusieurs années, les enseignants-chercheurs revendiquent la reconnaissance de l’ancienneté des fonctionnaires issus d’autres ministères. La coordination estime que près de 9 000 professeurs sont concernés par cette demande, et elle a déjà commencé à mobiliser ses membres pour organiser une manifestation après les vacances de janvier. Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation se retrouve donc sous pression, notamment de la part de la coordination, qui cherche à garantir le succès de cette action en mobilisant un maximum d’enseignants.
En parallèle, le Syndicat national de l’enseignement supérieur tente de calmer les tensions au sein du secteur. Il a annoncé qu’il organiserait une série de dialogues avec les départements gouvernementaux compétents pour aborder cette question. Le syndicat mettra en avant, lors de ces discussions, la nécessité d’adopter un décret visant à corriger les injustices envers les enseignants-chercheurs titulaires de doctorats français, en ligne avec un précédent accord signé avec le ministère. En outre, le syndicat abordera également d’autres points restants de son cahier de revendications.
Ces points concernent notamment la prise en compte de la période de service civil dans la carrière des enseignants-chercheurs, la résolution des injustices dont ont souffert les enseignants recrutés sous le statut de « professeur conférencier » de 1975, ainsi que la reconnaissance des années d’ancienneté dans la fonction publique.