Enseignement supérieur : Va-t-on vers la fin de l’anglais ?

La réforme du système éducatif au Maroc comprend plusieurs mesures importantes. Parmi celles-ci, on trouve le lancement de la phase pilote dans le cycle primaire, l’initiative « PACTE ESRI 2030 » visant à moderniser l’enseignement supérieur, et la réforme de la formation professionnelle axée sur la valorisation du capital humain. Dans ce contexte, le français et l’anglais se disputent une place prépondérante au sein du système éducatif marocain.

Le Royaume s’engage à réformer en profondeur son système éducatif, en adoptant des approches innovantes pour atteindre des objectifs de qualité et d’équité. Cette réforme, qui se poursuivra jusqu’en 2026, s’inscrit dans la continuité de la vision stratégique 2015-2030.

Parmi les mesures adoptées, le lancement de la phase pilote d’un projet d’écoles pionnières dans le cycle primaire pour l’année scolaire 2023-2024 est particulièrement significatif. Ce projet concerne 626 établissements et touche 322 000 élèves, avec la participation volontaire de 10 700 enseignants, encadrés par 158 inspecteurs de l’éducation nationale. Les méthodes pédagogiques utilisées, basées sur les sciences cognitives, ont été testées avec succès dans plusieurs pays tels que l’Inde, la Corée du Sud et Singapour.

Concernant l’enseignement supérieur, un vaste chantier a été lancé pour transformer l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (PACTE ESRI 2030). Ce projet vise à moderniser et améliorer la qualité de l’enseignement supérieur. De plus, l’enseignement supérieur et l’éducation nationale vont connaître un processus de digitalisation. Plusieurs conventions de partenariat ont été signées avec des acteurs clés de la digitalisation pour offrir aux étudiants des compétences personnelles, transversales et digitales adaptées aux besoins du marché du travail.

Lire aussi : Vers une exonération de la TVA sur les fournitures scolaires

Quant à la formation professionnelle, l’OFPPT a lancé un programme ambitieux reposant sur la valorisation du capital humain, la digitalisation renforcée et le développement de partenariats stratégiques. L’OFPPT se concentre désormais sur la mobilité des talents, l’intégration économique des jeunes et la territorialisation de la formation. En 2025, le système national intégré d’autoévaluation (SINAV) mettra l’accent sur la qualité du système de formation professionnelle grâce à un partenariat public-privé et à la professionnalisation des jeunes issus de l’informel.

Bataille d’influence entre l’anglais et le français au Maroc

Dans ce contexte, une lutte d’influence entre le français et l’anglais se dessine dans le paysage éducatif marocain. Avec le récent réchauffement des relations diplomatiques entre le Maroc et la France, notamment grâce au soutien de la France au plan d’autonomie du Sahara marocain, on pourrait imaginer une relance de la langue française dans le Royaume. Cependant, l’anglais, qui est la lingua franca mondiale, n’est pas en reste. Ces dernières années, de nombreux étudiants marocains partent étudier dans des pays anglophones, ce qui pourrait menacer la prééminence du français.

Le Maroc maintient des liens économiques et culturels profonds avec la France, et le français reste la langue dominante après l’arabe. Bien que la situation puisse évoluer à long terme, à court terme, le français conserve une position privilégiée.

La langue française, outil d’intégration du Maroc avec le continent africain

Par le passé, la langue française était la langue de la diplomatie internationale. Elle reste encore aujourd’hui, sur le continent africain, un vecteur de consolidation des relations diplomatiques, culturelles et économiques entre le Royaume et les pays africains francophones. Chaque année, des milliers d’étudiants subsahariens poursuivent leurs études supérieures au Maroc, grâce à une langue commune : le français, enseigné dans l’enseignement supérieur national. Cela prouve l’attractivité des établissements marocains utilisant le français dans l’enseignement supérieur. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, sur un total de 23 411 étudiants étrangers inscrits au Maroc en 2021, 19 256 sont d’origine africaine, soit près de 83 %, privés et publics confondus. Ce pourcentage conséquent ne fait que renforcer les liens historiques entre le Maroc et les pays subsahariens et ancre davantage le Royaume dans le continent africain.

En affermissant ses liens avec les pays subsahariens, le Royaume veut devenir le fer de lance d’une nouvelle Afrique solidaire, prospère et ambitieuse.

La langue française est ainsi plus qu’une simple langue, mais un instrument important pour le Maroc. Cette langue historique est pleinement intégrée dans la sphère sociale marocaine ; elle reste une langue proéminente après la langue maternelle, l’arabe.

Le Royaume, en misant sur la langue française plutôt que sur l’anglais, fait un pari sur l’avenir. Premièrement, il affermit les liens diplomatiques entre le Maroc et les pays subsahariens. Deuxièmement, il maintient les bonnes relations diplomatiques, économiques et culturelles avec la France. Troisièmement, il construit une nation vectrice de valeurs d’intégration et de vivre-ensemble pour tous les Africains francophones qui souhaiteraient vivre au Maroc.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page